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La dramaturgie de Nicomède

Commentaire d'oeuvre : La dramaturgie de Nicomède. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Décembre 2021  •  Commentaire d'oeuvre  •  8 381 Mots (34 Pages)  •  211 Vues

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L’art de raconter est cruciale pour l’humanité parce que les histoires ont permis aux hommes d’apprendre, de croire ou de tout simplement se distraire. Aristote fut l’un des premiers dans sa célèbre poétique à livrer les secrets d’une bonne histoire. Aristote a beaucoup disserté sur les tragédies, et il a eu un tel impact que les théoriciens du XVIIe siècle se posait encore la question, si oui ou non, il fallait encore respecter ses règles.  

C’est de cela que nous allons parler aujourd’hui, puisque nous nous intéressons à la dramaturgie dans Nicomède.

Dramaturgie vient de l’association des mots en grec ancien « action » et « faire » dans le sens de fabriquer, ainsi la dramaturgie étymologiquement, c’est la bonne manière de fabriquer une action dramatique. Alors attention, on parle de dramaturgie, mais il faut savoir que le mot « dramaturgie » est anachronique à l’époque de Corneille, puisqu’à cette époque on parlait plus de poésie dramatique ou poème dramatique.  Le mot  « Dramaturgie » est  en fait apparu qu’au XVIIIe en Allemagne, dans la dramaturgie de Hambourg avec Gotthold Ephraïm Lessing.

La dramaturgie de Hambourg, c’est un journal régulier de ses découverte sur le fonctionnement du théâtre au quotidien. Lessing réfléchit à la règle des compositions des pièces à la suite d’Aristote, mais aussi à l’impact du spectacle sur le publique. C’est à ce moment là que la dramaturgie est née et connait une fonction qui n’est pas seulement l’écriture, ni seulement la mise en scène mais qui veille à ce que le spectacle puisse atteindre son public. Cette fonction va connaître son essor, à nouveau  Allemagne, dans l’Allemagne de l’après-guerre, sous l’influence de Bertolt Brecht, qui exige que le théâtre joue un rôle critique dans la société. En fait, pour Brecht, il ne s’agit plus de jouer les pièces juste comme elles sont écrites, mais de veiller à leur portée politique et sociale.

En fait en dramaturgie, il y a un avant Brecht et un après Brecht. Désormais la dramaturgie c’est le spectacle qui s’intègre à un discours avec une visée précise. Avec Brecht le théâtre pense et critique. En fait, pour vulgariser, la dramaturgie c’est la médiation entre le texte, les artiste et le public. Il y aura une analyse Brechtienne de la dramaturgie dans notre analyse.

La définition du dictionnaire de Littré emploie le mot «  dramaturgie » comme « l’art de la composition des pièces de théâtre » et donc se rapporte aux techniques des auteurs dramatiques pour composer leur pièces. On va aussi repérer ses techniques dans Nicomède.

Ainsi à quoi voit-on à la structure de la pièce de Nicomède ce qui compose le style de Corneille et transparait un contexte social et politique historique  ?

Nous verrons à travers  une analyse de la structure interne de la pièce (I) et de la structure externe de la pièce ( II ) comment cette pièce est adaptée à un public du XVIIe (III).

I La structure Interne de la pièce

  1. Les personnages

  1. Nicomède ou le pathétisme d’admiration

Le héros de Nicomède est généreux, intrépide, chevaleresque et absolument impeccable et par conséquent ne répond point du tout au canon d’Aristote qui veut que le héros ne soit ni tout bon ni tout méchant.

Après on ne peut ne pas être d’accord avec cette idée, car pour le ramener à l’idéal d’Aristote, sa perfection lui fait le défaut de l’arrogance et même de la condescendance. Après c’est à voir avec les yeux du lecteur actuelle, parce que l’arrogance est subjective et relative à la période où l’on vit, car au XVIIe Nicomède incarne l’idéale chevaleresque et seigneurial.

Au contraire de la poétique d’Aristote , le personnage principal n’évolue pas, il reste le même du début jusqu’à la fin. En revanche c’est son rival qui évolue. C’est aussi son rival qui fait le noeud et le dénouement de l’action. Attale qui admire les romains en vient à admirer Nicomède. Cette contagion de la vertu et de la générosité par l’effet d’admiration à la fois d’Attale et du spectatur est en soi très intéressante et constitue, sinon une évolution de caractère, du moins un changement d’état d’âme très curieux et très naturel  qui forme le ressort de l’action et fait le succès de la pièce.

C’est à propos de Nicomède, qu’ Emilie Faguet dans « en lisant Corneille » définit ce que l’on peut considérer comme la formule de sa dramaturgie : Le pathétique d’Admiration.

Dans l’Examen de Nicomède, Corneille exprime : «  Dans l’admiration qu’on a pour la vertu, je trouve une manière de purger les passions dont n’a point parlé Aristote et qui est peut-être plus sûre que celle qu’il a prescrit à la tragédie par le moyen de pitié et de la terreur ».

Corneille est ici frappé par purgation ou plutôt épuration des passions que l’admiration pour Nicomède produit dans le coeur d’Attale et qui par répercussion, se produisait aussi chez le spectateur.

Emilie Farguet dans « en lisant Corneille » exprime le fait qu’on verse des larmes d’admiration. Un personnage avec tant de noblesse, qui reste stoïque face à l’adversité, qu’on aspire à sa vertu.  En revanche il reste intéressant de connaître l’avis de Voltaire :

«  Ce n’est ni la terreur, ni la pitié de la vrai tragédie, ce sont des aventures extraordinaires, des bravades, des sentiments généreux et une intrigue dont le dénouement heureux ne coûte ni de sang aux personnages, ni de larmes aux spectateurs… Ce genre est non seulement le moins théâtrale de tous, mais le plus difficile à traiter… Ce genre de tragédie ne se soutenant point par un sujet pathétique, par de grands tableaux, par les fureurs des passions, l’auteur ne peut exciter qu’un sentiment d’admiration pour le héros de la pièce. L’admiration n’émeut guère l’âme, ne la trouble point. C’est de tous les sentiments celui qui se refroidit le plus tôt. Le caractère de Nicomède avec une intrigue terrible, telle que celle de Rodogune, eût été un chef d’oeuvre. »

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