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La Littérature Fait De La Politique En Tant Que Littérature

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Par   •  18 Janvier 2013  •  2 908 Mots (12 Pages)  •  1 424 Vues

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Littérature

« La littérature fait de la politique en tant que littérature »

Dans Politique de la Littérature, Jacques Rancière s’interroge sur la relation des termes en présence, à savoir « politique » et « littérature », moins pour déceler dans le textes –ou les textes d’ailleurs- des références à un contexte politique particulier, donné, que pour envisager la manière dont « la littérature fait de la politique en tant que littérature ». Le titre de l’ouvrage de Rancière fait bien le lien entre les deux termes. Cela étant, il semblerait que le mot « politique » soit placé en position dominante, bien qu’il apparaisse clairement que la « littérature » vient obligatoirement infléchir son sens de manière particulière et spécifique. Néanmoins, si le titre de l’ouvrage pouvait nous faire hésiter sur l’importance des deux termes, le sujet quant à lui insiste sur la prééminence de la littérature, en envisageant ses capacités à faire de la politique. On voit ici que Rancière scelle ainsi les deux domaines, dont la cohabitation paraissait pourtant fort peu aisée de prime abord. Il peut sembler, en outre, difficile de définir clairement les deux termes en présence. Qu’entendre par « littérature », et par « politique » ? Il semblerait, si l’on s’en fie à ce qu’il déclara lors d’une interview, que Rancière pense ici la politique au sens de « chose politique », phénomène sociopolitique que la réflexion et la représentation littéraire vont chercher à comprendre et à fixer. Cela étant dit, qu’entendre par « littérature » ? Notion vaste s’il en est et en fut jamais, la littérature est un concept artificiellement créé au 18ème siècle, par commodité, pour des raisons pédagogiques, et il est quasiment impossible de lui donner une définition pure et simple, ne souffrant aucune nuance, aucune contradiction. À ce propos, Barthes dit par exemple que « la littérature c’est ce qu’on enseigne comme littérature ». La susdite tautologie souligne à quel point il est peu aisé de définir une telle notion, eu égard ne serait-ce qu’à son caractère vague. Pour des raisons pratiques, on pourra oser, ici, considérer la littérature comme « toutes les œuvres écrites ». Pour tenter d’analyser le présent sujet, nous nous intéresserons en premier lieu à l’idée même d’une « politique de la littérature ». Afin d’analyser la présente citation, nous nous pencherons en premier lieu sur la conception particulière que nous offre Rancière de la littérature et de la politique ; à la suite de quoi nous nous pencherons sur les moyens de cette littérature ; avant de conclure avec une étude de l’idée même d’une « politique de la littérature ».

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C’est assurément une vision particulière de la littérature que nous propose Rancière ici. La littérature semble ici ne pas être restreinte à la simple littérature politique, mais semble au contraire devoir absorber la politique, ainsi que la vie politique, dans ce que l’on pourrait nommer un « champ littéraire ». On est alors en présence d’une manière très particulière de faire de la politique, « en tant que littérature ». On peut ici avoir l’idée d’une manière qu’à chaque auteur de faire de la littérature, une politique de la littérature. La littérature étant, on l’a vu, un art d’écrire, on pourrait penser que tout écrivain, en choisissant son art d’écrire, choisit une politique de la littérature. On peut ici penser à Gerard de Nerval, et à son style opaque, parfois déroutant, lié à sa consommation fréquente d’opiacés et autres substances psychotropes et hallucinogènes, mais qui a permis la réalisation de ses plus grands sonnets. Dans un tout autre registre, comment ne pas penser à Marcel Proust, et à l’esthétique de son style, de ses longues phrases, constituées de plusieurs propositions rattachées les unes aux autres par des points virgules, chacune constituant une sorte de digression au regard de la précédente.

Si l’on suit le propos de Rancière, la littérature, par son pouvoir de représentation, pourrait donner une vision de la vie en société. Citons ici Le Paysan Parvenu, de Marivaux, dont une lecture peut être celle de la peinture de la société d’une époque particulière. En effet, Marivaux ne dépeint-il pas dans son œuvre la société opportuniste et superficielle –en cela qu’elle accorde beaucoup d’importance au paraître et à la « bonne » naissance- qui est la sienne ? On peut bien entendu répondre par l’affirmative. Cela étant, en proposant une représentation de la vie en société sous une forme qui lui est propre, il est possible que la littérature ne soit pas qu’une simple copie de la réalité, mais qu’elle donne d’autres pistes sur et pour la vie commune. À l’extrême, on trouverait ici les romans de science-fiction, qui donnent une vision politique et sociale du monde, pas nécessairement aussi étrangères qu’on pourrait le croire, mais pour rester avec Marivaux, on peut penser ici à l’article de Démoris, « inquiétante étrangeté », qui traite du caractère inquiétant de Jacob, qui semble éliminer tout le monde sur sa route, dans une optique claire : parvenir. Le roman donnerait donc, en cela, à réfléchir, sur le fonctionnement de la société, sur ses structures, sur le comportement de ceux et celles qui la composent…

Si l’on suit la piste que proposent les intellectuels des années 1960, on en arrivera à la conclusion selon laquelle « tout est politique ». Néanmoins, il est bon de souligner qu’ici, Rancière semble aller à contre courant de ce totalitarisme. Asserter que la littérature a le pouvoir de représenter une ou des visions politiques peut certes être interprété comme un « tout est politique », mais ce n’est en aucun cas le point de vue de Jacques Rancière qui, précisément, s’inscrit en faux et en marge du marxisme et tente d’instaurer une autre forme de rapport entre les deux termes. En effet, on peut ici souligner la double occurrence du mot « littérature » dans le mot de Rancière dont il s’agit ici. De fait, cette double occurrence induit tout d’abord l’idée d’une distanciation du « tout est politique », on vient de le voir, mais aussi l’idée selon laquelle la littérature reviendrait constamment à elle-même, en une sorte de cercle intemporel et infini, quel que soit le sujet qu’elle tend à aborder et exprimer.

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Après

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