La Curée
Dissertation : La Curée. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar Leon • 22 Avril 2013 • 636 Mots (3 Pages) • 859 Vues
"Elle riait, elle l’attirait à elle, le baisait sur les lèvres,
lorsqu’un bruit leur fit tourner la tête. Saccard était
debout sur le seuil de la porte.
Un silence terrible se fit. Lentement, Renée détacha
ses bras du cou de Maxime ; et elle ne baissait pas le
front, elle continuait à regarder son mari de ses grands
yeux fixes de morte ; tandis que le jeune homme,
écrasé, terrifié, chancelait, la tête basse, maintenant
qu’il n’était plus soutenu par son étreinte. Saccard,
foudroyé par ce coup suprême qui faisait enfin crier en
lui l’époux et le père, n’avançait pas, livide, les brûlant
de loin du feu de ses regards. Dans l’air moite et
odorant de la pièce, les trois bougies flambaient très
haut, la flamme droite, avec l’immobilité d’une larme
ardente. Et, coupant seul le silence, le terrible silence,
par l’étroit escalier un souffle de musique montait ; la
valse, avec ses enroulements de couleuvre, se glissait,
se nouait, s’endormait sur le tapis de neige, au milieu
du maillot déchiré et des jupes tombées à terre.
Puis le mari avança. Un besoin de brutalité marbrait
sa face, il serrait les poings pour assommer les
coupables. La colère, dans ce petit homme remuant,
éclatait avec des bruits de coups de feu. Il eut un
ricanement étranglé, et, s’approchant toujours :
« Tu lui annonçais ton mariage, n’est-ce pas ? »
Maxime recula, s’adossa au mur :
« Écoute, balbutia-t-il, c’est elle... »
Il allait l’accuser lâchement, rejeter sur elle le crime,
dire qu’elle voulait l’enlever, se défendre avec
l’humilité et les frissons d’un enfant pris en faute. Mais
il n’eut pas la force, les mots se séchaient dans sa
gorge. Renée gardait sa roideur de statue, son défi muet.
Alors Saccard, sans doute pour trouver une arme, jeta
un coup d’œil rapide autour de lui. Et, sur le coin de la
table de toilette, au milieu des peignes et des brosses à
ongles, il aperçut l’acte de cession, dont le papier
timbré jaunissait le marbre. Il regarda l’acte, regarda les
coupables.
...