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L'éloquence

Commentaire d'oeuvre : L'éloquence. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Mai 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  433 Mots (2 Pages)  •  666 Vues

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Reggiani pose alors les termes de sa réflexion : le roman moderne et contemporain n’est pas rhétorique, mais éloquent. Si le roman se montre de plus en plus rétif à la dimension purement technique de la rhétorique, il assimile toutefois l’éloquence, comprise comme la capacité persuasive du discours. L’exemple d’Hugo est sans doute le mieux choisi, puisque, s’il déclare, dans « Réponse à un acte d’accusation », « la guerre à la rhétorique », et s’il raille la rhétorique judiciaire dans les Misérables, il ne se fait pas moins le héraut de l’éloquence : « [la] valeur [de ses écrits] procède d’une définition judiciaire du texte littéraire, alors porteur d’une éloquence vraie dépassant la rhétorique des discours rapportés » (p. 38). On pense également à l’exemple de Vallès, qui s’efforce de « donner forme à une éloquence sans rhétorique ». Aussi tout l’art du romancier, en cette fin de siècle, consiste-t-il à conjoindre « une posture antirhétorique virulente et le déploiement d’une indéniable éloquence » . L’éloquence constitue donc une forme de rémanence, de toujours déjà-là du roman du xixe siècle. On retrouve là le rêve d’éloquence romanesque que faisait Mme de Staël : l’extinction de la rhétorique délibérative cède la place à l’éloquence de la pensée et de la littérature.

8Ainsi, si la rhétorique se retrouve dans le roman du xixe siècle de manière rémanente, Reggiani postule que sa présence dans les romans de la seconde moitié du xxe siècle ressortit à une démarche plus volontaire, en ce que le lieu, habituellement conçu comme un moyen pour l’orateur de convaincre, devient pour le roman une finalité. Une belle réflexion sur les romans de Perec en apporte l’illustration . Chr. Reggiani montre, en effet, comment Perec reprend et redéfinit la mémoire rhétorique : une grande partie de son œuvre se définit, selon l’auteur, « par la recherche d’un art de mémoire » et travaille les locus memoriae, comme moyen de raviver la mémoire. À la différence de la rhétorique antique, pour qui le lieu est avant tout un moyen mnémotechnique, il devient chez Perec une fin en soi, puisqu’il rend à l’écrivain la mémoire qu’il avait perdue. C’est à ce titre que Chr. Reggiani parle de « mémoire volontaire », puisque l’entreprise littéraire concourt justement à retrouver ce temps perdu : aux réminiscences proustiennes, Perec oppose la remémoration. Il n’est qu’alors à se représenter, comme le suggère judicieusement l’auteur, l’immeuble de la Vie mode d’emploi comme une reprise des bâtiments de mémoire que proposait la tradition rhétorique et notamment Quintilien. Le travail de mémoire est une démarche active, dont le résultat n’est pas assuré.

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