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L'opinion de Montesquieu sur l'état de France "Letrres Persanes"

Fiche de lecture : L'opinion de Montesquieu sur l'état de France "Letrres Persanes". Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Mars 2015  •  Fiche de lecture  •  3 613 Mots (15 Pages)  •  462 Vues

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COMMENTAIRE LITTERAIRE - modèle rédigé par le professeur, Bernard Mirgain -

Attention...le commentaire intègre des éclaircissements pédagogiques, des définitions, des conseils de méthode, ce qui explique son excessive longueur. Pour les E.A.F, il faudra aller à l'essentiel, bien sûr...

Introduction du commentaire

[entrée en matière]

En 1721 Montesquieu publie un roman épistolaire intitulé les « Lettres Persanes ». Le roman par lettres, genre à la mode sous la Régence (à la mort de Louis XIV en 1715, c'est Philippe d'Orléans qui va exercer le pouvoir jusqu'à la majorité de l'arrière petit-fils du Roi Soleil, Louis XV, en 1723) présente en effet l'avantage de laisser à l'auteur pleine liberté pour passer sans transition d'un sujet à un autre, exploiter le regard pluriel, multiplier les points de vue, relativiser les jugements émis par les personnages. La forme épistolaire est un cadre commode et souple qui permet à Montesquieu de nous révéler, par la plume de ses personnages venus de Perse, sa propre opinion sur l'état de la France.

[contenu de l'extrait]

Cette correspondance, datée de 1713, écrite depuis Paris, rend compte de l'état d'esprit de l'un des Persans concernant les affaires religieuses de son temps. Le rédacteur de la lettre raconte l'histoire d'un homme qui se confesse à Dieu en se plaignant des querelles, des disputes qui opposent les différentes Eglises ou les communautés confessionnelles. Il évoque les différences nombreuses entre les coutumes et rites religieux de l'époque. C'est l'imprécation adressée à son Dieu qui est restituée littéralement dans cette lettre XLVI.

[annonce du plan]

Roman par lettres ? Correspondance épistolaire ou apologue ? Cet extrait rend compte des interrogations sans fin d'un pèlerin tourmenté par des sectateurs prosélytes. De cette histoire racontée, le lecteur doit tirer un enseignement : le dogme religieux est relatif et la vertu morale est universelle.

I. Une correspondance épistolaire qui contient un apologue évoquant la diversité des pratiques religieuses

[sous-partie A : une argumentation indirecte, une correspondance épistolaire qui raconte une histoire qui se rapproche, par le genre, à l'apologue]

Les « Lettres persanes » forment ce qu'on appelle un roman épistolaire. Ce roman est constitué de lettres qui ne sont pas authentiques, car les personnages sont fictifs, ce sont des êtres de papier inventés par l'auteur. Le procédé consiste dans un subterfuge : l'auteur, Montesquieu, met en scène un personnage de fiction [l'épistolier, le rédacteur-scripteur de la lettre de voyage] et un destinataire fictif lui aussi [le récepteur]. On note l'absence d'une voix narrative (celle de l'auteur-narrateur omniscient du roman traditionnel) : le roman se ramène au seul échange épistolaire. L'expéditeur et le destinataire fictifs sont explicitement désignés. Usbek écrit une lettre depuis Paris, datée du « 8 de la lune de Chahban 1713 ». qu'il adresse à son ami Rhédi, domicilié à Venise. La formule d'adresse fait partie du paratexte (nom de l'épistolier, numérotation de la lettre). La lettre fait fonction d'un échange dialogique. Un dialogue entre deux personnages, qui ne sont pas des personnes réelles, mais un dialogue tronqué. On dit que la communication épistolaire s'opère in absentia : le temps et le lieu d'émission, ainsi que ceux de la réception sont distincts, contrairement au dialogue in praesentia. L'auteur (le romancier Montesquieu) écrit une œuvre littéraire (une fiction) pour un lecteur réel, qui est en quelque sorte le second destinataire (en chair et en os) des lettres. Nous, lecteurs indiscrets des « Lettres persanes », nous lisons (par fraude) une correspondance qui ne nous est pas destinée. Les lettres ont une double destination. Le genre épistolaire implique donc une double énonciation. Derrière l'étonnement naïf du Persan, Usbek, et par l'effet d'un exotisme à l'envers, se cache la voix de l'auteur, du philosophe des Lumières qui se tient à distance des événements (distanciation ironique). Cette distance (feinte) lui permet de faire la satire des mœurs religieuses. En outre, le rédacteur de la lettre, raconte une histoire, celle d'un homme s'adressant à son « Seigneur » : le pronom « je » ne correspond pas au rédacteur de la lettre, mais réfère au personnage dont il est question dans la narration d'une histoire. L'extrait de la lettre 46 nous propose un récit qui implique un tiers (le délocuté). La position du rédacteur (personnage Usbek) est donc en surplomb au regard de cet homme anonyme qui invoque un dieu. L'épistolier est un spectateur-narrateur d'une histoire qu'il relate, (un récit dans le récit, emboîté, d'une certaine manière). Une histoire courte, un récit qui résume brièvement et avec sobriété la prière d'un homme adressée à son Dieu. De ce court récit (que le lecteur peut tenir pour réel puisque rapporté par Usbek, ou allégorique, et donc imaginaire) se dégage, implicitement, une vérité morale, un enseignement philosophique. L'instruction déguisée faisant irruption dans une histoire peut faire penser à l'apologue moral. Le but est d'édifier, d'instruire le lecteur, de secouer la terre sous nos souliers. Le début de la lettre d'Usbeck nous annonce un dialogue : « Un homme faisait tous les jours à Dieu cette prière ». Le double point et les guillemets marquent les frontières de la partie dialogique. La narration proprement dite, qui rappelle ironiquement les formes du conte (la formule canonique « il était une fois » remplacée à l'entame de la narration par la forme fréquentative « tous les jours »], va céder la place à un dialogue. Une conversation avec un être divin, donc absent, s'engage : c'est une prosopopée. La rhétorique classique définit la prosopopée comme une figure par laquelle l'orateur ou l'écrivain fait parler et agir un être inanimé, une personne absente ou morte. Le style homélitique des aveux de cet homme désemparé rappelle celui du fondateur du christianisme occidental, saint Augustin (354-430), auteur des « Confessions », qui reposent sur une invocation de Dieu.

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