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L'aveu de Phèdre

Analyse sectorielle : L'aveu de Phèdre. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Novembre 2014  •  Analyse sectorielle  •  998 Mots (4 Pages)  •  804 Vues

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L’aveu de Phèdre n’est pas une libération pour elle, mais un moment où elle expose sa honte. Son amour est interdit, et doit rester secret parce qu’il est un crime ; la nature criminelle de ce sentiment justifie que Phèdre lui livre un combat.

A- L’amour comme crime

A aucun moment, Phèdre ne se réfère clairement aux liens familiaux qui l’unissent à Hippolyte, mais les v.294 à 296 insistent sur ce lien de parenté : Phèdre « affecte » l’attitude que pourrait adopter une « marâtre » ; or, sa relation n’est précisément pas celle d’une belle-mère envers son fils et le seul fait qu’elle doive « affecter » révèle en creux cette dénaturation des rapports familiaux. Le fait que le terme de « marâtre » finisse le vers, tout comme celui de « paternels » au vers 296, les deux époux encadrant, voire enserrant ainsi l’exil du fils insiste sur ce triangle amoureux et familial. De même, le vers 290, précédé de l’exclamation pathétique « ô comble de misère » insiste sur la ressemblance du père et du fils, et donc, sur le crime que commet Phèdre, ce qui annonce la scène de l’aveu à Hippolyte, acte II scène 5 dans laquelle elle se sert de Thésée pour avouer son amour à son bien-aimé.

Phèdre a conscience du caractère criminel de son acte ; elle confie : « J’ai conçu pour mon crime une juste terreur » v.307. Ce terme de « crime » renvoie à l’idée que son amour est un amour coupable et que sa révélation la fait souffrir ; le fait que la terreur qu’elle ressent soit qualifiée par l’adjectif « juste » oppose au caractère impie et illégal de son amour la justice de son châtiment moral.

Or, cette « terreur » dont elle parle, ce n’est pas seulement elle qui la ressent, mais aussi le spectateur de la pièce. La terreur est, rappelons-le, l’une des deux émotions que doit susciter la tragédie, avec la pitié. Ici, le fait que Phèdre souligne elle-même l’horreur de son sentiment éveille chez le lecteur ces deux émotions à la fois. Phèdre s’inspire à elle-même de l’« horreur » v.308. Au lieu de succomber à son amour, elle essaie de s’en défaire et le caractère dénaturé de son sentiment la pousse même à la rébellion contre elle-même : « Contre moi-même enfin, j’osai me révolter » v.291, la saturation des pronoms de la première personne, « moi-même », « j’ », « me », indique cette révolte de Phèdre contre elle-même. Le spectateur éprouve des sentiments contradictoires envers Phèdre qui recouvre deux personnalités : il y a deux Phèdre, celle qui aime et celle qui est horrifiée par son amour, et deux réactions aux deux facettes de ce personnage : la terreur et la pitié. Terreur face à un personnage aux sentiments monstrueux, et pitié pour celle qui souffre et tente de se dégager de sa faute.

Et, en effet, Phèdre n’est pas passive face à son amour mais tente de s’en libérer, l’amour étant alors assimilé à une lutte.

B- L’amour comme combat

Trois fois, Hippolyte est désigné par l’expression « mon ennemi » et dans tout le texte, l’amour est présenté comme une bataille livrée contre celui qu’aime

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