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L'avare

Discours : L'avare. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Mars 2015  •  Discours  •  1 093 Mots (5 Pages)  •  442 Vues

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VALÈRE, ÉLISE.

VALÈRE.- Hé quoi, charmante Élise, vous devenez mélancolique, après les obligeantes assurances que vous avez eu la bonté de me donner de votre foi ? Je vous vois soupirer, hélas, au milieu de ma joie ! Est-ce du regret, dites-moi, de m’avoir fait heureux ? et vous repentez-vous de cet engagement où mes feux ont pu vous contraindre [1] ?

ÉLISE.- Non, Valère, je ne puis pas me repentir de tout ce que je fais pour vous. Je m’y sens entraîner par une trop douce puissance, et je n’ai pas même la force de souhaiter que les choses ne fussent pas. Mais, à vous dire vrai, le succès [2] me donne de l’inquiétude ; et je crains fort de vous aimer un peu plus que je ne devrais.

VALÈRE.- Hé que pouvez-vous craindre, Élise, dans les bontés que vous avez pour moi ?

ÉLISE.- Hélas ! cent choses à la fois : l’emportement d’un père ; les reproches d’une famille ; les censures du monde ; mais plus que tout, Valère, le changement de votre cœur ; et cette froideur criminelle dont ceux de votre sexe payent le plus souvent les témoignages trop ardents d’une innocente amour.

VALÈRE.- Ah ! ne me faites pas ce tort, de juger de moi par les autres. Soupçonnez-moi de tout, Élise, plutôt que de manquer à ce que je vous dois. Je vous aime trop pour cela ; et mon amour pour vous, durera autant que ma vie.

ÉLISE.- Ah ! Valère, chacun tient les mêmes discours. Tous les hommes sont semblables par les paroles ; et ce n’est que les actions, qui les découvrent [3] différents.

VALÈRE.- Puisque les seules actions font connaître ce que nous sommes ; attendez donc au moins à juger de mon cœur par elles, et ne me cherchez point des crimes dans les injustes craintes d’une fâcheuse prévoyance. Ne m’assassinez point, je vous prie, par les sensibles coups d’un soupçon outrageux ; et donnez-moi le temps de vous convaincre, par mille et mille preuves, de l’honnêteté de mes feux.

ÉLISE.- Hélas ! qu’avec facilité on se laisse persuader par les personnes que l’on aime ! Oui, Valère, je tiens votre cœur incapable de m’abuser. Je crois que vous m’aimez d’un véritable amour, et que vous me serez fidèle ; je n’en veux point du tout douter, et je retranche mon chagrin [4] aux appréhensions du blâme qu’on pourra me donner.

VALÈRE.- Mais pourquoi cette inquiétude ?

ÉLISE.- Je n’aurais rien à craindre, si tout le monde vous voyait des yeux dont je vous vois ; et je trouve en votre personne de quoi avoir raison aux choses [5] que je fais pour vous. Mon cœur, pour sa défense, a tout votre mérite, appuyé du secours d’une reconnaissance où le Ciel m’engage envers vous. Je me représente à toute heure ce péril étonnant, qui commença de nous offrir aux regards l’un de l’autre ; cette générosité surprenante, qui vous fit risquer votre vie, pour dérober la mienne à la fureur des ondes ; ces soins pleins de tendresse, que vous me fîtes éclater après m’avoir tirée de l’eau ; et les hommages assidus de cet ardent amour, que ni le temps, ni les difficultés, n’ont rebuté, et qui vous faisant négliger et parents et patrie, arrête vos pas en ces lieux, y tient en ma faveur votre fortune déguisée, et vous

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