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L'art Dans "Lorenzaccio"

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Par   •  24 Février 2014  •  2 775 Mots (12 Pages)  •  1 031 Vues

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Alfred de Musset fréquente, très tôt, le milieu romantique et entretien des relations avec Victor Hugo (1802-1855). Lorenzaccio est un drame romantique constitué de cinq actes. Pour écrire cette œuvre il s’est inspiré du manuscrit « Une conspiration en 1537 » écrit par sa compagne George Sand (1804-1876). Lorenzo de Médicis (cousin du duc Alexandre de Médicis) est un des deux protagonistes de ce drame romantique. Tebaldeo, jeune artiste, est également un personnage important dans l’œuvre. En effet, Tebaldeo « incarne avec éclat la passion exclusive de l’art, l’idéalisme généreux ». Il est le porte parole de Musset sur l’art (« Musset n’est pas loin de voir l’unique port où l’on soit à l’abris des remous et des périls de haute mer. »). Tebaldeo a une vision très idéaliste de Florence, et cette vision le rapproche de Lorenzo. Cependant, en quoi le personnage de Tebaldeo, qui est dit proche de Lorenzo, illustre t-il la place de l’artiste dans la société ?

Cela est sur cette question que portera notre analyse. Dans un premier temps nous analyserons la relation entre Lorenzo et Tebaldeo et, dans un second temps, nous analyserons la conception de l’art de Tebaldeo.

Dans les œuvres de Musset, nous trouvons souvent un héros en deux personnages (ex : Octave et Coelio dans « Les caprices de Marianne ») ou dédoublé (le héros a une sorte de spectre de lui-même, comme dans « La Nuit de décembre »). Lorenzo est dédoublé à sa mère Marie (elle dit « Le Lorenzino d’autrefois », acte I scène 6). Elle donne au lecteur l’image privée de Lorenzo. Dans son enfance il était calme, vertueux, il avait des rêves, des ambitions et maintenant il apparait plus comme un débauché. Il est traité par le peuple de « Fils de catin ! » (Acte I scène 4), de « traître à la patrie et assassin de son maître » (Acte V scène 2). Ces accusations donnent l’image publique de Lorenzo qui a finalement deux facettes. La première facette (l’image maternelle donnée par Marie) contraste avec les idées et les ambitions de Tebaldeo, un jeune peintre idéaliste, qui aime sa « mère » Florence. Tebaldeo représente en quelques sortes le double sublime et pur de Lorenzo, rappelant à ce dernier son enfance et sa pureté perdue. Cette idée est clairement soutenue par Bernard Masson dans « Le Théâtre intérieur » quand il dit « le jeune peintre raphaélique incarne avec éclat la passion exclusive de l’art ». Lorenzo et Tebaldeo semblent former un couple. Tebaldeo représente ce que Lorenzo aurait aimé être (pur, doué, vertueux,…). Lorenzo est sous le charme de la conception idéaliste de Tebaldeo (acte II scène 2 : Lorenzo dit « Par la mort du diable ! tu me plais »). Le jeune peintre représente l’artiste qui resterait innocent (il fréquente des églises, refuse de peindre une courtisane, ne se mêle pas à l’humanité corrompue,..). Lorenzo est assez agressif vis-à-vis de Tebaldeo car il voit en lui son innocence passée et il sait que Tebaldeo ne pourra pas continuer ainsi. Tebaldeo n’est pas soumis à la ville. Il s’attriste de voir la décadence de Florence mais il aime sa ville (« ma mère » Acte II scène 2). Tebaldeo est un artiste solitaire (il est peintre et s’inspire beaucoup de son maître Raphaël) tout comme Lorenzo (il joue de la guitare dans l’Acte II scène 6 et il utilise l’art de la ruse (il manipule le duc)). Lorenzo et Tebaldeo sont tous les deux des éléments essentiels dans le vol de la cotte de mailles (Acte II scène 6 : Tebaldeo demande au duc de retirer sa cotte de maille pour tisser son portrait et Lorenzo en profite pour jeter cette cotte de maille dans un puits, ce qui crée une complicité entre les deux et cette complicité existe dans les couples). Les deux pensent que la solitude permet d’accepter l’Humanité et de se tenir loin du mal. Ils sont cependant obligés de se compromettre au pouvoir du duc. S’ils ripostent ils savent que le duc les tuera ou il les enverra hors de la ville (sort connu par les bannis). Le fait que Lorenzo pose autant de questions à Tebaldeo peut être interprété comme une volonté de Lorenzo de savoir si Tebaldeo (qui représente son enfance) serait capable de tuer le duc et donc de mélanger vertu et désir de tuer. Dans cet aspect là ils forment bien un couple : l’un conseille l’autre. Cependant Tebaldeo et Lorenzo ne semblent pas former un couple comme les autres.

Tebaldeo et Lorenzo ne sont pas vraiment un couple comme nous pourrions l’imaginer. Ils ont des liens de proximité (Lorenzo revoit en Tebaldeo son enfance vertueuse) mais leurs vision de la ville et du pouvoir est différente. Lorenzo voit Florence comme « un mauvais lieu » ; « une catin » (Acte II scène 2) tandis que Tebaldeo est triste de voir la décadence de la ville mais il l’aime quand même. Il a espoir que la république s’imposera à Florence. Il affirme « qu’un peuple malheureux fait les grands artistes » (acte II scène 2). Lorenzo ne semble plus trop avoir cet espoir. Lorenzo hésite entre acte (tuer le duc) et pensée (ne pas se mélanger à l’humanité corrompue) tandis que Tebaldeo a clairement choisi la pensée. Tebaldeo conserve ses idéaux, Lorenzo les a perdu depuis longtemps. Tebaldeo idéalise Florence et emploie un langage imagé et poétique (Acte II scène 2 : « Leur imagination était un arbre plein de sève »). Il traite Lorenzo avec grand respect («Pourquoi, Monseigneur ? »). Dans l’acte II scène 2, quand Tebaldeo expose ses idées à Lorenzo, ce dernier lui dit qu’il est fou de vivre à Florence avec ses idées de liberté. Encore une fois Lorenzo exprime clairement qu’il n’a plus vraiment espoir en Florence et qu’il est contraint de vivre dans cette tyrannie. Tebaldeo est un artiste à part entière. Il s’écarte de la société (il est tout le temps dans son atelier et il ne sort que le dimanche pour aller chanter à l’église ou le soir pour aller voir sa maîtresse. Il est inconnu des Florentins («acte II scène 2 : « Personne ne me connaît, et je ne connais personne »). Lorenzo, lui, est connu de tous. Un artiste ne se mélange pas au peuple et est, à l’image de Tebaldeo, inconnu de tous. Lorenzo ne peut donc pas prétendre être un artiste comme Tebaldeo et donc former un couple d’artistes avec Tebaldeo. Un artiste a des idées bien fermes tandis que Lorenzo doute terriblement (même quand il prend une décision (tuer le duc dans l’acte IV) il s’est demandé si cette décision était correcte). Nous pouvons également supposer que Tebaldeo est peut être ce que Lorenzo ne veut pas être (Anne Ubersfeld affirme cela). En effet Lorenzo était, dans sa jeunesse, comme Tebaldeo : pure, vertueux, … mais le fait qu’il ne le soit plus peut signifier qu’il a évolué. Il a compris que cette virtuosité,

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