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L'amour dans le roman Le Père Goriot de Balzac

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Par   •  17 Février 2013  •  2 612 Mots (11 Pages)  •  2 891 Vues

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L’Amour dans Le Père Goriot d’Honoré de Balzac

Introduction

Les sentiments gouvernent le monde, ce n’est un secret pour personne. Et l’amour sur quoi repose toute relation est l’un des plus présents et des plus importants. Le père Goriot en offre une exploitation intéressante, étant donné que c’est la problématique de l’histoire qui s’y déroule. Remarquons que le mot et ses dérivés est présent 214 fois, dont le verbe « aimer » conjugué 140 fois. « L'amour à Paris ne ressemble en rien aux autres amours », dit Eugène de Rastignac. Cette affirmation suffit pour montrer l’importance de ce thème dans le roman, et la nécessité de l’étudier pour comprendre le roman. Le travail d’exploitation que nous proposons s’intéressera dès lors aux types d’amours qui se manifestent dans le roman, au rôle qu’il joue, à la conception de l’amour au 19ème de l’auteur et à l’écriture de ce thème.

I. Les types d’amour

1. L’amour filial

Il s’agira surtout de cet amour que se vouent les personnages ayant des liens de parenté. L’amour est fondement de la famille, nul ne peut en douter, et cela justement en partie le fait que le père Goriot a toujours ce mot « amour » au bout des lèvres. En effet, l’amour de Goriot pour ses filles est légendaire, car il ne vit que pour et par cet amour. Cet amour paternel est même, à la limite, bizarre, puisque les personnages de la pension sont allés jusqu’à croire que ses filles étaient ses copines. Encore qu’on peut même soupçonner le père Goriot d’inceste « refoulé ». Aussi le narrateur peut-il dire que « Le dévouement irréfléchi, l'amour ombrageux et délicat que portait Goriot à ses filles était si connu ». Et aussi « Il avait donné, pendant vingt ans, ses entrailles, son amour ». Cet amour est permissif, il pardonne tout, aussi occasionne-t-il l’exploitation, la ruse, la tricherie et la trahison. L’amour qu’il portait à sa fille est ainsi la cause de ruine, et pire le père n’a jamais eu en retour l’amour qu’il avait offert.

Eugène a de la chance, en sera-t-il de même pour ses sœurs ? En tout cas, elles ont de l’amour, sincère pour leur frère, car elle sacrifie leur argent pour lui, pour son bonheur, pour lui sauver la vie. Elles lui témoignent donc leur amour par le geste mais également par la parole. Dans la lettre de Laure de Rastignac, on peut en juger : « Adieu, cher frère, jamais lettre n'a porté tant de voeux faits pour ton bonheur, ni tant d'amour satisfait » et « Ta soeur qui t'aime », lui dit sa sœur. Au passage, on notera que autant l’amour que se portent mutuellement les sœurs d’Eugène, Laure et Agathe, est constructif et harmonieux, autant celui qui lie Anastasie de Restaud et sa sœur Delphine de Nucingen est empreint de rivalité, d’animosité. La raison, elle est résumée dans ce passage : « Restaud a de la naissance, sa femme a été adoptée, elle a été présentée ; mais sa soeur, sa riche soeur, la belle madame Delphine de Nucingen, femme d'un homme d'argent, meurt de chagrin ; la jalousie la dévore, elle est à cent lieues de sa soeur ; sa soeur n'est plus sa soeur ; ces deux femmes se renient entre elles comme elles renient leur père. Aussi, madame de Nucingen laperait−elle toute la boue qu'il y a entre la rue Saint−Lazare et la rue de Grenelle pour entrer dans mon salon. »

Le prix que l’être qui vous aime vous donne apparaît dans le mot « cher » qui accompagne le nom de la personne aimée. Ainsi se mesure souvent la sincérité du sentiment. Laure dira « cher frère » et dans la lettre de sa mère les expressions suivantes structurent le texte : « Mon cher enfant », « Mon cher fils », « cher enfant », « Adieu, cher enfant ». Et à sa cousine la Vicomtesse de Beauséant, Eugène retrouve l’assistance d’une parente, et sa reconnaissance n’a pas tardé : « Ma chère cousine, dit Eugène, vous m'avez déjà bien protégé ».

Madame de Couture marque aussi ainsi l’amour qu’elle porte à sa nièce Victorine Taillefer. Elle lui dit dans un élan de protection : « − Remontons, ma chère petite, dit madame Couture, ces affaires−là ne nous regardent pas »

Cette astuce est utilisée par Vautrin et par le père Goriot à l’endroit de Rastignac pour tisser une relation équivoque d’amour paternel. Vautrin lui prodiguant ses conseils dit : « La vertu, mon cher étudiant, ne se scinde pas ».

Au total, on peut constater que cet amour là est surtout protecteur et constructif. Qu’en est-il de l’amour charnel ?

2. L’amour charnel

Cet amour est le fondement de l’œuvre, du moment qu’il lie des personnages qui n’ont aucun lien de parenté. Cet amour-là qui débouche sur une satisfaction d’un désir charnel, sensuel. Cet amour est trop fort du moment qu’il a comme but un plaisir et surtout un désir satisfaire. Et souvent une fois le désir satisfait, cet amour a tendance à mourir causant ainsi les pires désagréments, et les pires désespoirs, si ce n’est la mort. Dans Paris, le désir est suscité par la coquetterie des femmes et non par l’amour. Le jeune provincial va donc entrer dans le monde de la passion et, d’emblée juge la première beauté de Anastasie ainsi : « Mais pour Rastignac, madame Anastasie de Restaud fut la femme désirable » et la description qu’il en fait est digne des femmes du conte des Mille et une nuits et montre déjà qu’il succombe sous le charme de la parisienne : « Eugène sentit donc la fraîcheur épanouie des mains de cette femme sans avoir besoin d'y toucher. Il voyait, à travers le cachemire, les teintes rosées du corsage que le peignoir, légèrement entrouvert, laissait parfois à nu, et sur lequel son regard s'étalait. Les ressources du busc étaient inutiles à la comtesse, la ceinture marquait seule sa taille flexible, son cou invitait à l'amour, ses pieds étaient jolis dans les pantoufles. »

Sur ce plan, Eugène n’est pas très différent de Goriot, qu’il a eu ses moments d’amour charnel, et « Sa femme (…) fut pour lui l'objet d'une admiration religieuse, d'un amour sans bornes. Goriot avait admiré en elle une nature frêle et forte, sensible et jolie, qui contrastait vigoureusement avec la sienne »

Et Eugène en a saisi l’essentiel, par ce qu’il vient de découvrir c’est-à-dire qu’ « En possédant cette femme, Eugène s'aperçut que jusqu'alors il ne l'avait que désirée, il ne l'aima qu'au lendemain du bonheur : l'amour

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