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L'amitié Chez Les écrivains

Mémoire : L'amitié Chez Les écrivains. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Juin 2014  •  2 549 Mots (11 Pages)  •  739 Vues

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L’amitié chez les écrivains

La littérature a exploité cette thématique de l’amitié pour nous montrer sa richesse de sens.Si elle concerne directement les intéressés, elle interpelle tout le corps social. Cette double dimension, l’une intime et personnelle, l’autre sociétale et politique, se conjuguent et se nourrisent mutuellement. Le bien vivre ensemble dans la concorde ne s’affirme-t-il pas avec notre devise républicaine: Liberté, Egalité, Fraternité. Constitutif de ce tryptique l’amitié est devenue un des piliers fondamental de notre trinité révolutionnaire. Cependant il a fallu un long mûrissement de cette notion car de la simple vertu qui rassemble les êtres elle est devenue une valeur universelle. Nous allons essayer de suivre le cheminement de cette thématique en soulignant d’abord qu’elle ne possède pas une seule forme d’expression et qu’ensuite plusieurs manières d’ exprimer sa nature complexe sont opérantes. En effet c’est par l’ étude de trois textes représentatifs issus du XVI ième au XVIIIième que nous engagerons notre réflexion. En effet si Montaigne la définit dans ses «Essais» comme une occasion inouie de l’existence Jean de la Fontaine nous délivre une morale de la prévention vis-à-vis de la personne aimée dans sa fable «Les deux amis». Voltaire, quant à lui dans son conte philosophique «Jeannot et Colin» la pense comme une fidélité à toute épreuve. C’est à la lumière de ces trois textes que nous éclairerons les différents styles littéraires convoqués pour entendre sa nature et ses effets.

Etre avec l’autre quotidiennement ne constitue pas sérieusement ce qu’est l’amitié. Montaigne se confiant d’abord à lui même dans les Essais nous révèle qu’elle exige des qualités relationnelles exceptionnelles. Dans son chapitre sur l’amitié il la distingue fortement des associations fortuites ou des intérêts ponctuels mis en commun.

Pour ce faire, il se réfère à l’amitié qui le liait à La Boétie. Celui-ci, trop tôt disparu manquait terriblement à Montaigne. Cette absence incitait notre auteur à écrire sur elle. Peut-être était- ce un artifice pour rendre présent une perte irréparable?

D’une part, l’unité des éléments de langage utilisés par l’écrivain peut nous laisser entrevoir ce qu’il ressentait. D’autre part, en nous rapportant aux amitiés que nous vivons ou avons vécu nous pouvons souffrir avec l’essayiste car nous nous identifions à sa peine.

Ainsi, tel un alchimiste il la définit comme «un mélange d’âmes». Aussi, si l’âme survit à la corruption des corps, l’amitié qui en est sa profonde émanation doit suivre le même chemin. Autrement dit si la racine est commune, l’arbre et les fruits seront issus de la même souche.

Poursuivant avec l’esprit de son souvenir il rend compte de l’harmonie de cette affection et met en avant l’adéquation mystérieuse, quasi divine qui les unit.

Insistant sur le miracle de ce sentiment réciproque il ne peut nommer la cause finale de cette union. Il affirme simplement: «Parce que c’était lui parce que c’était moi». Seule «une force inexplicable» a été à l’oeuvre.

Dieu n’est pas nommé explicitement comme la cause évidente de cette rencontre comme si dans un dernier effort Montaigne tentait encore de rendre un visage humain à ce chagrin qui le tourmente. Il veut s’approprier singulièrement l’unicité de cette amitié.

Sans explication probante l’auteur se tourne vers «l’ordonnance du ciel» vers la figure tutélaire de cette aventure. Il se pourrait qu’il y ressente la marque incompréhensible du destin ou de la providence. C’est sa seule explication pour justifier les conditions favorables de cette rencontre bouleversante.

Cependant en tant qu’écrivain il lui faut nommer les choses. Aussi considérant que le plus petit commun dénominateur d’un gentilhomme reste son nom et non ses différentes qualités accidentelles, il découvre par la dénomination la source profonde de ce «mélange d’âmes». De même, attentif à montrer l’exceptionnelle singularité de cette affection il n’utilise pas un langage généraliste.

C’est par une détermination spécifique du temps qu’il nous donne à voir ce quasi miracle, cette parenthèse enchantée. En effet, il raconte ce premier contact avec La Boétie en la décrivant comme une liaison immédiate voire fulgurante.

De même, l’espace social s’est vidé de son contenu car les deux amis semblent seuls au monde.

On pourrait croire qu’il s’agit là d’une rencontre amoureuse. Certes des commentateurs ont pu l’écrire mais rien ne prouve que c’est le cas. Il est clair cependant que cette amitié naissante posséde des traits communs avec l’amour. D’ailleurs celà surprend aussi La Boétie, qui écrit sur le sujet. Il insiste sur l’aspect rare et précieux de ce dialogue d’initiés. Il le distingue des préventions sociales superficielles et alambiquées. Il renforce l’idée que de ce trouble est né des discussions franches et directes. Il montre que l’amitié est née immédiatement avec leur rencontre et transcenda sur le champ leurs rapports. Etait-ce un coup de foudre?

Ensuite Montaigne détermine cette amitié comme une liberté nouvelle , une sorte d’autonomie essentielle. C’est une fusion réciproque des volontés fondée sur l’appetit ou le désir de partager, de se partager. C’est parce qu’ils se reconnaissent l’un dans l’autre qu’il n’y a pas de confusion.

On dirait ici que de ces deux âmes est née une troisième personne. Est-ce-là l’universel? Est- ce-là son idée du divin? Montaigne nous fait comprendre ici la situation exceptionnelle que constitue l’amitié pour son existence. C’est là un affect puissant qui transcende son quotidien.

Ce monologue a pour but de lui faire prendre conscience du caractère tragique de la disparition de son ami mais aussi de cette possibilité ténue de le rendre encore vivant à travers l’écriture impossible de ses sentiments. Pour nous lecteurs cet essai constitue une référence qui tend à magnifier la vie.

Cet attachement noble résiste au temps et évoque le souci de l’autre jusqu’après la mort.

Mais, La Fontaine dans sa fable «les deux amis» (1678) nous montre que parfois cette prévention sincère peut-être à la fois excessive, comique et louable.

Il situe sa fable dans un pays imaginaire le Monomotapa. Il se pourrait que cette contrée nomme les Amériques. Cependant, ce signifiant, sous forme d’onomatopée nous rappelle une situation primitive

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