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L'acculturation Dans Sous L'orage

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Par   •  25 Mai 2015  •  5 407 Mots (22 Pages)  •  1 847 Vues

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Esthétique des genres : la poésie

Par Cheikh Tidiane KANE, Professeur de français – Lycée LPA unité 13

I. Comment définir la poésie ?

La poésie, telle que le définit Le Robert, est un art du langage qui se caractérise par la mise en jeu de toutes les ressources de la langue (lexicales, syntaxiques, mais aussi sonores et rythmiques) afin de créer pour le lecteur ou l'auditeur un plaisir à la fois intellectuel et sensible.

Hic et nunc (ici et maintenant), nous pouvons affirmer avec Paul Valéry l’ambivalence profonde de la poésie : « J’estime de l’essence de la poésie qu’elle soit, selon les diverses natures des esprits, ou de valeur nulle ou d’importance infinie ce qui l’assimile à Dieu même ». La poésie ne peut se définir par la finalité qu’on lui attribue, elle échappe ainsi à toute définition. Elle ne se trouve pas au bout d’une fabrication, mais de l’inspiration, de l’imagination que Charles Baudelaire considère comme «la reine des facultés». En tout cas, la poésie se reconnaît au plaisir qu’elle procure, à l’illumination qu’elle produit. Comme le disait Paul Claudel (1868 – 1955) : « Par le moyen de ce chant sans musique et de cette parole sans voix, nous sommes accordés à la mélodie de ce monde. Tu n’expliques rien, ô poète, mais toutes choses par toi nous deviennent explicables.»

II. Trois fonctions essentielles de la poésie

A. Fonction lyrique de la poésie

Depuis la poésie romantique, on associe le lyrisme à l'expression de la subjectivité doublée de l'idée de souffrance qui caractérisait l'élection et la marginalité du poète. Le lyrisme romantique se définit comme le canal utilisé par les poètes pour pousser un cri : « Je n'imitais plus personne, je m'exprimais pour moi-même, ce n'était pas un art, c'était un soulagement de mon propre cœur, qui se berçait de ses propres sanglots. Je ne pensais à personne en écrivant ces vers si ce n'est à une ombre et à Dieu ». (In Préface aux Méditations poétiques – 1820 - Alphonse de Lamartine)

La poésie est ainsi le produit de l’épanchement sentimental, le poète trouvant l’inspiration dans la douleur, la mélancolie, le mal de vire ou l’angoisse existentielle, bref ce qu’on a dénommé le « Mal du siècle » et que Baudelaire appelle « Spleen ». Le poète incarne alors la métaphore du pin des Landes :

« Le poète est ainsi dans les Landes du monde ;

Lorsqu’il est sans blessure, il garde son trésor.

Il faut qu’il ait au cœur une entaille profonde

Pour épancher ses vers, divines larmes d’or ! » Théophile Gautier (1811-1872), « Le pin des Landes » - España

L’extériorisation des sentiments est alors un moyen de dépasser la douleur, la poésie devenant une thérapie contre la souffrance :

« Je ne chante, Magny, je pleure mes ennuis,

Ou, pour le dire mieux, en pleurant je les chante;

Si bien qu'en les chantant, souvent je les enchante :

Voilà pourquoi, Magny, je chante jours et nuits. » Joachim DU BELLAY, Les Regrets

B. Fonction poétique ou esthétique de la poésie

Le lyrisme est, selon l'expression de Baudelaire, «l'aspiration humaine vers une beauté supérieure » Théophile Gautier publie en1857 "L'Art", poème manifeste dans lequel il affirme sa rupture avec le Romantisme et une option nouvelle qui serait la "religion" du Parnasse : l'art pout l'art. Leur recherche est celle de la virtuosité plastique, de la pure gratuité et de l'impersonnalité.

Dans la poésie parnassienne, le primat est accordé à la forme sur toute idée, confidence ou message. Le travail de la forme jusqu'à la perfection a été qualifié de formalisme. Il est assez simple de voir que les principales convictions du Parnasse sont autant d'attaques en creux adressées au Romantisme : aux excès du moi, répond l'impersonnalité parnassienne; à la contingence et à la liberté du sujet qui veut que tout soit poésie, s'oppose le culte de la Beauté; contre la "facilité" et la liberté d'expression, les parnassiens revendiquent le travail, la ciselure du texte; enfin, l'engagement politique et social des Romantiques est jugé dans toute sa vanité et le Parnasse lui oppose la distance. L'émotion doit donc se soumettre aux lois de la forme et aux exigences du Beau.

Pour Paul Valéry (1871-1945), « la poésie est l’ambition d’un discours qui soit chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter. » ( Variétés I et II )

Voilà pourquoi Paul Verlaine, dans son poème « Art poétique » - Jadis et naguère – ajoute à la « beauté plastique du poème » (Théophile Gautier), la musicalité que peuvent produire la rime, les assonances, les allitérations, les éléments rythmiques (rejet, contre-rejet, enjambement, coupe, césure, accents, …), de même que les vers dits impairs (3, 5, 7, 9 syllabes). Verlaine suggère dans son poème « Art poétique » - Jadis et naguère - :

« De la musique avant toute chose,

Et pour cela préfère l’Impair

Plus vague et plus soluble dans l’air

Sans rien en lui qui pèse ou qui pose. »

Pour - Octavio Paz (1914-1998), L’Arc et la Lyre (1956), « la création poétique est d’abord une violence faite au langage. Son premier acte est de déraciner les mots. Le poète les soustrait à leurs connexions et à leurs emplois habituels. » Mais pour Nicolas Boileau, l’éloquence et la rhétorique (art de bien parler) sont des compétences essentiels aux poètes :

« Surtout, qu’en vos écrits la langue révérée

Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.

(…) Sans la

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