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Ile des esclaves Marivaux

Commentaire d'oeuvre : Ile des esclaves Marivaux. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Février 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 318 Mots (10 Pages)  •  456 Vues

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Lectures cursives

La thématique maitre/valet au théâtre

L’ile des esclaves, Marivaux

1. Présenter l’auteur et son œuvre.

Marivaux, de son vrai nom Pierre Carlet, est un écrivain français du XVIIIe siècle. Venant d’une famille noble d’origine normande, cet homme nait à Paris. Il fut principalement connu en tant que dramaturge, mais écrivit aussi des articles.

Certaines de ses pièces remportèrent un franc succès, par exemple La surprise de l’amour en 1722, Les Fausses confidences en 1737 ou La Double inconstance en 1723. Ces ouvrages traitent souvent des questions d’amours légères. Son nom a alors donné naissance au verbe « marivauder » (échanger des propos galants pour séduire).

Cependant, il s'ajoute dans ses pièces une subtile critique des inégalités sociales, comme dans L'île des esclaves publiée en 1725, Marivaux étant un écrivain des Lumières.

Il finit par mourir de maladie en 1763.

L’île des esclaves de Marivaux est une comédie en un acte, de 11 scènes. Présentée pour la première fois le 5 mars 1725, cette brève pièce met en scène en un seul lieu et dans une durée limitée un double retournement : les esclaves deviennent maitres, et les maitres, esclaves. L’histoire se déroule en Grèce durant l’Antiquité et les esclaves de l’époque sont comparés aux domestiques du XVIIIe siècle. Marivaux souhaite montrer aux nobles l’impact de leur relation brutale avec leurs serviteurs. Le dramaturge utilise les ressources du comique, et fait appel à la sensibilité des spectateurs pour instaurer un message de paix.

2. Quel rapport les maitres et ses valets/domestiques entretiennent-ils dans la pièce ? Etudiez tous les aspects et sens des/de la relation(s).

Le duo du maitre et du valet est un couple inséparable de la comédie : le valet fait rire du maître, participe à l’action, parfois l’embrouille, et résout souvent les problèmes. Mais il implique aussi différents rapports, ce qui est justement le propos de la pièce de Marivaux.

Premièrement, il existe dans leur relation un rapport de domination. En effet, Iphicrate et Euphrosine domine Arlequin et Cléanthis. Le maitre insulte Arlequin sans interruption « le coquin », « Esclave insolent ! », « Misérable, tu ne mérites pas de vivre » (scène 1). La maitresse Euphrosine fait de même avec son esclave Cléanthis : « Sotte, Ridicule, Bête, Butorde, Imbécile » (scène 3). Ils sont brutaux et très injurieux avec leurs esclaves, les nobles ne respectent point leurs inférieurs. Par ailleurs, dans la scène 2, Iphicrate déclare : « qu’on m’apporte encore un bâton ». On peut en déduire qu’il ne faisait pas seulement preuve de violence verbale mais aussi de violence physique envers son esclave. Plus tard, ce rapport est inversé et Iphicrate et Euphrosine sont soumi à leurs anciens esclaves (approfondissement question 3)

Par ailleurs, il existe une relation de dépendance. L’esclave est entièrement dépendant de celui qu’il sert, et Marivaux met en évidence que la puissance des maitres n’existe que par le biais de leurs inférieurs. Arlequin dit à Iphicrate : « Doucement ; tes forces sont bien diminuées, car je ne t’obéis plus » (scène 1). Plus tard, Cléanthis proclame « Pouvons-nous être sans eux » (scène 6) en parlant de leurs « domestiques ».

D’autre part, une relation intime est installée, le couple maitre/esclave se connait depuis longtemps, discerne parfaitement les vices et vertus de l’un et l’autre. De plus, il ne se quitte jamais et s’accompagne dans tout ce qu’ils traversent. « Tu es né, tu as été élevé avec moi dans la maison de mon père » « je t’avais choisi par un sentiment d’amitié » (scène 9).

Enfin, on retrouve un rapport d’égal à égal à la fin de la pièce. Le dénouement est heureux, les deux couples se pardonnent et s’aiment. Cléanthis, encore dans son rôle de maitresse dit à Euphrosine « si vous m’avez fait tant souffrir, tant pis pour vous, je ne veux pas à avoir à me reprocher la même chose, je vous rends la liberté » (scène 10), et Euphrosine lui répond : « Ne parle plus de ton esclavage ». Elles se sont affranchies l’une et l’autre et se trouve sur le même pied d’égalité.

3. Comment le rapport de force est-il remis en cause dans la pièce ? Cette remise en cause est-elle pérenne ?

La scène d’exposition permet de comprendre la relation des personnages avant l’histoire de la pièce, qui relatait d’un fort rapport de domination entres maitres et esclaves. Cependant, dès leur arrivé dans l’île, le rapport de force s’inverse peu à peu.

A leur arrivée, en apprenant les coutumes de l’île qui tournent en faveur des domestiques, Arlequin adopte une attitude moqueuse envers son maitre. L’auteur utilise de nombreuses didascalies « siffle » « distrait, chante » « riant » « en badinant » dans la scène 1, qui montre que le personnage ne prend plus son maitre au sérieux. Donc la vérité de l’île fait qu’Arlequin se montre insoumis face à son maitre.

Par ailleurs, au début, Arlequin vouvoie Iphicrate et la parole de ce dernier domine. Mais quand la scène avance, d’une part le serviteur exprime une grande résistance aux ordres avec par exemple l’ironie de l’appellation « Monsieur Iphicrate ». D’autre part son « je » s’impose et ses répliques s’allongent.

Pour le couple féminin, l’attitude de Cléanthis est différente. Celle-ci éprouve beaucoup plus de rancune et colère envers sa maitresse et ne se cache pas de lui montrer. Elle aussi utilise l’ironie moqueuse dans ses formules « un peu de honte est bientôt passé » « j’achèverai, pourvu que cela ne vous ennuie pas » (scène 3), mais contrairement à Arlequin, ces utilisations dépassent l’amusement, on a l’impression qu’elle attendait désespérément d’avoir le pouvoir sur sa maitresse.

En outre, en inversant les statuts sociaux des personnages, les dominants deviennent dominés : « Soyez le seigneur Iphicrate à votre tour ; et vous, Iphicrate, appelez-vous Arlequin » (scène 2). « Nous ne nous vengeons plus de vous, nous vous corrigeons » (scène 2), d’origine ce sont les maitres qui corrigent leurs esclaves, en leur imposant de la torture ou des punitions. Cette démarche montre donc une inversion du rapport de force. Elle est notamment marquée par un échange de costume à partir de la scène 5.

Cette

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