Horace de Pierre Corneille

Pierre Corneille est l’un des dramaturges français les plus connus. Célèbre pour ses tragédies, il écrit en 1640 la pièce Horace. De même que Racine, Corneille prend son inspiration pour Horace dans l’Antiquité. Écrite en réponse aux opposants du Cid, elle s’inspire du combat entre les Horaces et les Curiaces.

L’extrait que nous allons étudier se situe dans la scène 5 de l’acte 4, il montre l’affrontement entre Horace et sa sœur Camille. En quoi peut-on dire que cette scène est caractéristique d’une tragédie classique ? Nous répondrons à cette question en nous intéressant à l’affrontement tragique entre Camille et Horace, puis au déchaînement des passions.

Dans cet extrait de Horace, le conflit est placé au cœur de l’action dramatique.

Tout d’abord, on note dès le début de la scène une opposition entre les sentiments de Camille et ceux d'Horace. En effet, tandis que le personnage de Camille se laisse guidé par son intérêt personnel, le personnage d’Horace quant à lui sert l’intérêt général en sacrifiant ses passions à sa raison. Cette opposition de sentiments est illustré par exemple avec une antithèse qui oppose « souvenir d’un homme » (v.24) et « intérêts de Rome » (v.25). Ce procédé littéraire permet de mettre en évidence le conflit. On notera également que le lexique de la gloire ainsi que celui de l’amour permettent de distinguer les sentiments de chacun et d’insister sur cet affrontement.

D’autre part, Horace est présenté comme un guerrier sanguinaire par sa sœur. Alors que son frère est censé être le sauveur de Rome, Camille le présente plutôt comme un monstre. On peut par exemple relever une métaphore où Camille nomme son frère de « Tigre altéré de sang » (v.11) ainsi que l’utilisation d’un lexique autour du thème de la mort ou encore le champ lexical de la violence : « brutalité », « barbare » qui ont pour effet d’accentuer le côté cruel d’Horace.

D’ailleurs, cet affrontement fraternel montre bien le choix de la raison de Horace quant à ce dilemme. En effet, l’insensibilité d’Horace, « Quiconque ose pleurer un ennemi romain » (v.63), ainsi que les didascalies indiquant le meurtre pour respecter les règles de bienséance : « blessée », « main à l’épée », « derrière le théâtre » affirment que la raison doit primer sur les sentiments.

Nous avons vu que dans cet extrait on retrouve bien les caractéristiques de la tragédie classique : le conflit est moteur de l’action dramatique et se finalise par la mort de Camille tout en respectant les règles de bienséance. Mais est-ce là les seules caractéristiques en lien avec la tragédie classique ?

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