Histoire de Brodeck

Brodeck est un homme ayant eu une vie difficile. Venu de nulle part. Témoin dès l’âge de 4 ans, du chaos et de la folie des hommes, il a été trouvé dans les ruines d'une ville touchée par la guerre, recueilli et élevé par la vieille Fédorine. Recueillis tous deux dans un village « du bout du monde », Brodeck y sera en apparence accepté, et toléré. Outre le fait qu’il y est arrivé très jeune, il est quelqu’un d'intelligent, discret, serviable . Alors même si auprès de cette communauté paysanne extrêmement repliée sur elle-même, il restera toujours un fremder, un étranger, on le laissera vivre en paix… On lui financera même des études à la Capitale, études qui lui offriront l’occasion de rencontrer la belle Emélia qu’il épousera ; et qui lui permettront aussi par la suite d’occuper un emploi de "fonctionnaire d'état ", il s’agit pour lui de faire l’état des lieux « de la flore, des arbres, des saisons et du gibier, de la neige et des pluies », un travail sans grande importance pour son administration, mais qui lui convient bien et qui l’aide à penser à autre chose, à vivre… Et puis, il n’attend pas d’être reconnu… La vie lui a tant appris qu’il n’était rien de toute façon…

Brodeck est quelqu’un sans haine ni esprit de vengeance. Pourtant, sa vie ressemble à un drame perpétuel. Alors qu’il croyait avoir trouvé un refuge paisible au sein de ce petit village, Il fut le témoin et la victime lors de la seconde guerre mondiale de la lâcheté des villageois qui n’hésitèrent pas à le jeter entre les mains de l’occupant. Le village était terrifié par le souvenir de la décapitation de l’un d’entre eux, Cathor, ayant refusé de donner son vieux fusil de chasse. Il faut « purifier le village » leur a-t-on dit… Alors, deux noms leur sont venus à l’esprit… les deux seuls hommes du village venus d’ailleurs : un simple d’esprit, et lui, Brodeck, le Fremder, ils n'ont cependant pas donné les noms des deux femmes Fédorine et Emélia, façon de s'acheter une conscience. Déporté, il va devenir "chien Brodeck" et survivra à la malnutrition, aux mauvais traitements, aux humiliations et tortures psychologiques incessantes, soutenu par une seule idée rentrer et revoir Emélia.

Rentré au village, remis de ses blessures, il comprendra qu’Emélia n’est plus que l’ombre d’elle-même ; emprisonnée dans un monde de silence où elle s’est réfugiée pour oublier... Heureusement qu’il y a Poupchette, sa fille malgré tout, sa raison de vivre…

Alors, la vie aurait pu se poursuivre indéfiniment comme elle a repris à son retour des camps de la mort… mais, voilà, un an à peine après la fin de cette guerre, un nouvel étranger est arrivé au village, un étranger dont personne n’aura jamais su le nom, un étranger que l’on désigne simplement comme l’Anderer, l’Autre. Ce petit homme raffiné, sensible et si calme passe son temps à observer, prendre des notes et peindre ou dessiner. Peu loquace, il apparaît de plus en plus aux yeux des villageois comme suspect.

Pourquoi ne donne t-il jamais son nom ? Pourquoi sourit-il toujours ? Que peut-il bien noter ? Un jour pour remercier le village de l’avoir accueilli, l’Anderer décide d’organiser une petite fête à l’auberge où il loge, chez M. Schloss. Alors que la chaleur de l’été est à son paroxysme,

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