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FRA2210

Dissertation : FRA2210. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Janvier 2021  •  Dissertation  •  1 823 Mots (8 Pages)  •  236 Vues

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Après une courte introduction qui présente les grandes lignes de l’intrigue et les principaux enjeux du roman, mettez en relation, pour les comparer, les attitudes respectives qu’ont les personnages de Derville et de la comtesse Ferraud/femme de Chabert, vis-à-vis du récit du colonel et de son retour « à la vie ».

Pour ce faire, expliquez en quoi les deux réactions font intervenir la question de la « reconnaissance ». Commentez l’importance qu’y prend, dans un cas, le modèle de la fiction littéraire, dans l’autre le corps comme porteur des marques d’une sensibilité et d’une vérité́ qui excèdent la loi, et donc l’épineuse question de la justice et de son administration.

Le livre qui sera à l’étude est le Colonel Chabert d’Honoré Balzac présentant un personnage qui revient du combat d’Eylau sous le nom de Hyacinthe Chabert. Ce livre raconte le récit d’un homme qui a été laissé pour mort dans une fosse après cette bataille et qui revient du monde des morts pour rejoindre le monde des vivants. L’ancien combattant veut se faire reconnaître et c’est pour cette raison qu’il fait appel à l’avoué de la comtesse Ferraud.  Il est primordial de comprendre que l’ancien soldat revenu du combat d’Eylau est incapable de prouver son identité auprès de son avoué Derville et de son ex-femme à cause de son corps qui aurait perdu de sa valeur lors de sa défaite au combat. C’est ainsi qu’il devient difficile pour cet homme d’avoir des paroles légitimes. En prenant contact avec Derville le but de Chabert est de retrouver son identité, son nom, sa personne, son corps, mais plus également son ex-femme, la comtesse Ferraud, qui s’est maintenant remariée avec le comte Ferraud et qui a eu 2 enfants. Dans le paragraphe qui suit, je me propose à décrire les réactions de Derville ainsi que celles de la comtesse Ferraud aux prises avec la reconnaissance du comte Chabert. Il faut également noter que les réactions des deux personnages susmentionnés à l’égard de cet ancien soldat constituent un aspect à traiter pour mieux comprendre de quelle façon de telles réactions ont pu les amener à la reconnaissance du colonel Chabert.  

Comme on l’a déjà vu, le comte est inconnu par les lois et la justice, mais son passé au combat d’Eylau lui donne une certaine crédibilité parce qu’il défendu la nation, le peuple. La reconnaissance commence à se faire lorsque Chabert raconte son récit. Maître Derville était plutôt surpris de voir le colonel, mais il voulait déployer de grands efforts en vue de résoudre ce mystère qu’est le colonel Chabert : « Vous êtes, dit le colonel d’un air mélancolique, la seule personne qui m’ait si patiemment écouté. Aucun autre homme de loi n’a voulu m’avancer dix napoléons afin de faire venir d’Allemagne les pièces nécessaires pour commencer mon procès[1]… » (Balzac, 1994, p.91). Dans ce passage du livre, on remarque que le colonel manifeste de la gratitude à son avoué, qui s’intéresse à son dossier, malgré le doute qui l’habite. L’ancien soldat semble, un moment, entretenir l’espoir de retrouver son identité aux yeux de son avoué. En reconnaissant Chabert comme des paroles existantes, c’est son récit, son histoire qui est reconnue comme une existence et non le corps lui-même. Ce corps est méconnaissable, défiguré et c’est ce qui rend difficile pour Chabert de donner des paroles viables à son avoué.  « Le vieux soldat était sec et maigre [2]» (Balzac, 1994, p.80). À vrai dire, Derville prend le soin de s’occuper du dossier du comte, mais il s’aventure « in terra incognita », c’est un risque qu’il prend en se fiant à la parole d’un homme dont l’identité, celui qui ne peut pas s’identifier, est banni de la société qui le rejette comme étant dangereux et le considère comme « persona non grata ». Le colonel Chabert est tantôt comparé à un soldat tantôt il est un vieux Carrick.  « Vieux Carrick » est le l’ancien soldat qui revient de la mort. « Le récit effectue un pont entre le passé et le présent, reliant le colonel décoré, vainqueur d’Eylau, au vieux Carrick, c’est surtout que la parole n’appartient qu’aux vivants, tandis que le nom, Chabert ne le sait que trop bien, peut-être celui d’un mort[3] » (Déruelle, 2007, p.68). Ainsi, les morts, étant sans vie, ont perdu, pour ainsi dire, le droit à la parole.

J’aimerais maintenant commenter l’analogie établie par Derville entre le colonel et la littérature lorsqu’il le compare à un poème ou à un drame. Pour mettre en contexte, Godeschal est allé rendre visite à son prédécesseur Derville et il a vu le comte Chabert. Son premier réflexe après avoir vu le colonel Chabert était de dire : « […] voyez donc ce vieux. Ne ressemble-t-il pas à ces grotesques qui nous viennent d’Allemagne[4]! » (1994, p.159). Par la suite, Derville a répondu : « ce vieux-là, mon cher, est tout un poème, ou, comme disent les romantiques, un drame [5]» (1994, p.159). Un drame est une histoire et l’histoire de Chabert est celle d’un corps et d’un nom contre la justice qui est de retrouver l’identité du comte. Derville compare Chabert à de la littérature dramatique ou plus distinctement, de la littérature poétique. Un poème est un texte imaginaire et je pense que Derville considère le colonel comme une fiction, car il est impossible de revenir à la vie après la mort, mais il préfère ne pas trop montrer son point de vue, alors il amadoue le comte en l’avertissant du danger qu’il prend en se rendant en justice. « Vous êtes le comte Chabert, je le veux bien, mais il s’agit de le prouver judiciairement à des gens qui vont avoir intérêt à nier votre existence » (Balzac, 1994, p.112). Il y a une ressemblance entre la littérature et Chabert, puisque la littérature peut être vraie et fausse dépendamment de ce qu’elle raconte comme fiction ou comme œuvre artistique. Cette ressemblance relate de la réalité et de la normalité ayant des exceptions. Chabert est présenté de deux manières, vivant par ses paroles et mort en regard de la loi et la justice. Vers la fin du livre, il est dit que le supposé colonel Chabert est un usurpateur et on croit que c’est pour cette raison que Derville affirme que le soldat d’Eylau est un poème : « Madame la comtesse Ferraud me charge de vous prévenir que votre client avait complètement abusé de votre confiance, et que l’individu qui disait être le comte Chabert a reconnu avoir indûment pris de fausses qualités[6] » (Balzac, 1994, p.154). En apprenant toute la vérité au sujet de cet imposteur, il est juste de dire que cette histoire ressemble à un drame puisque c’était un mensonge depuis le début. Le colonel disait être telle personne, alors qu’en fin de compte, il se décrit comme étant un numéro sur une liste : « - Pas Chabert! Pas Chabert! Je me nomme Hyacinthe, répondit le vieillard. Je ne suis plus homme, je suis le numéro 64[7] […] » (p.160). L’imposteur a su se décrire comme de la littérature dramatique, puisqu’il a été capable d’inventer une histoire et se faire passer pour quelqu’un d’autre.

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