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Extrait du Chapitre 17 du roman Thérèse Raquin d'Emile Zola

Mémoire : Extrait du Chapitre 17 du roman Thérèse Raquin d'Emile Zola. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Mars 2014  •  413 Mots (2 Pages)  •  1 476 Vues

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Ses pensées se déroulaient devant lui en spectacles réels. Les yeux fixés sur l’ombre, il voyait. Lorsqu'au bout de sa course dans les rues, après être entré dans le passage et avoir gravi le petit escalier, il crut apercevoir Thérèse, ardente et pâle, il sauta vivement de son lit, en murmurant : « Il faut que j’y aille, elle m’attend. » Le brusque mouvement qu’il venait de faire chassa l’hallucination : il sentit le froid du carreau, il eut peur. Il resta un instant immobile, les pieds nus, écoutant. Il lui semblait entendre du bruit sur le carré. S’il allait chez Thérèse, il lui faudrait passer de nouveau devant la porte de la cave, en bas ; cette pensée lui fit courir un grand frisson froid dans le dos. L’épouvante le reprit, une épouvante bête et écrasante. Il regarda avec défiance dans sa chambre, il y vit traîner des lambeaux blanchâtres de clarté ; alors, doucement, avec des précautions pleines d’une hâte anxieuse, il remonta sur son lit, et, là, se pelotonna, se cacha, comme pour se dérober à une arme, à un couteau qui l’aurait menacé.

Le sang s’était porté violemment à son cou, et son cou le brûlait. Il y porta la main, il sentit sous ses doigts la cicatrice de la morsure de Camille. Il avait presque oublié cette morsure. Il fut terrifié en la retrouvant sur sa peau, il crut qu’elle lui mangeait la chair. Il avait vivement retiré la main pour ne plus la sentir, et il la sentait toujours, dévorante, trouant son cou. Alors, il voulut la gratter délicatement, du bout de l’ongle ; la terrible cuisson redoubla. Pour ne pas s’arracher la peau, il serra les deux mains entre ses genoux repliés. Roidi, irrité, il resta là, le cou rongé, les dents claquant de peur.

Maintenant ses idées s’attachaient à Camille, avec une fixité effrayante. Jusque-là, le noyé n’avait pas troublé les nuits de Laurent. Et voilà que la pensée de Thérèse amenait le spectre de son mari. Le meurtrier n’osait plus ouvrir les yeux ; il craignait d’apercevoir sa victime dans un coin de la chambre. À un moment, il lui sembla que sa couche était étrangement secouée ; il s’imagina que Camille se trouvait caché sous le lit, et que c’était lui qui le remuait ainsi, pour le faire tomber et le mordre. Hagard, les cheveux dressés sur la tête, il se cramponna à son matelas, croyant que les secousses devenaient de plus en plus violentes.

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