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Extrait de la pièce de théâtre Dom Juan de Molière

Commentaire de texte : Extrait de la pièce de théâtre Dom Juan de Molière. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Avril 2013  •  Commentaire de texte  •  455 Mots (2 Pages)  •  862 Vues

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DOM JUAN.— Quoi? tu veux qu'on se lie à demeurer au premier objet18 qui nous prend, qu'on

renonce au monde pour lui, et qu'on n'ait plus d'yeux pour personne? La belle chose de vouloir

se piquer d'un faux honneur d'être fidèle, de s'ensevelir pour toujours dans une passion, et d'être

mort dès sa jeunesse, à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux: non, non,

la constance n'est bonne que pour des ridicules, toutes les belles ont droit de nous charmer, et

l'avantage d'être rencontrée la première, ne doit point dérober aux autres les justes prétentions

qu'elles ont toutes sur nos cœurs. Pour moi, la beauté me ravit partout, où je la trouve; et je

cède facilement à cette douce violence, dont elle nous entraîne; j'ai beau être engagé, l'amour

que j'ai pour une belle, n'engage point mon âme à faire injustice aux autres; je conserve des

yeux pour voir le mérite de toutes, et rends à chacune les hommages, et les tributs où la nature

nous oblige. Quoi qu'il en soit, je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d'aimable, et

dès qu'un beau visage me le demande, si j'en avais dix mille, je les donnerais tous. Les

inclinations naissantes après tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l'amour est

dans le changement. On goûte une douceur extrême à réduire par cent hommages le cœur

d'une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu'on y fait; à combattre par des

transports, par des larmes, et des soupirs, l'innocente pudeur d'une âme, qui a peine à rendre

les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu'elle nous oppose, à vaincre les

scrupules, dont elle se fait un honneur, et la mener doucement, où nous avons envie de la faire

venir. Mais lorsqu'on en est maître une fois, il n'y a plus rien à dire, ni rien à souhaiter, tout le

beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d'un tel amour; si

quelque objet nouveau ne vient réveiller nos désirs, et présenter à notre cœur les charmes

attrayants d'une conquête à faire. Enfin, il n'est rien de si doux, que de triompher de la

résistance d'une belle personne; et j'ai sur ce sujet l'ambition des conquérants, qui volent

perpétuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits. Il

n'est rien qui puisse arrêter l'impétuosité

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