LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Eusebe histoire ecclésiastique

Commentaire de texte : Eusebe histoire ecclésiastique. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Juin 2018  •  Commentaire de texte  •  3 259 Mots (14 Pages)  •  428 Vues

Page 1 sur 14

Si l’Histoire Ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée s’ouvre sur l’énumération des principales matières qui vont y être traitées, le lecteur retiendra que l’identification des écritures n’y figure pas. Pourtant l’importance du sujet n’est pas à remettre en question, surtout à une époque où les hérésies ou les ouvrages illégitimes ont gagné leur place dans certaines communautés.

Notre source est un extrait de l’Histoire Ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée, située précisément au chapitre 25 du troisième livre. Elle tend à proposer une liste qui distingue les écrits testamentaires des écrits contestés, et ce non sans hésitations.

Bien que sa mise en page affiche clairement trois paragraphes, on peut segmenter le texte en au moins 4 parties, chacune correspondant à une catégorie d’écrits avec L1-6 les écrits dits « reçus universellement », L6-10 les écrits contestés, L10-18 les écrits présentés comme apocryphes » et L18-27 à propos des textes « absurdes et impies ».

Ce passage s’inscrit dans une œuvre qui tend à présenter les évènements historiques du monde chrétien de la mort de Jésus à Constantin.

Le troisième ouvrage dont est tiré notre extrait se concentre sur l’histoire des apôtres et précède le récit postapostolique qu’Eusèbe qualifie comme la « succession des saints-apôtres ».  Notre extrait trouve un intérêt particulier dans son contenu. En effet, il se détache de la thématique générale du livre III car traite des écrits testamentaires et de ceux à rejeter.

Concernant ’Histoire ecclésiastique, celle-ci fut surement publiée à plusieurs reprises, au moins dès 313-314 puis revue et rééditée dans les années suivantes. Elle constitue une des œuvres majeures d’Eusèbe de Césarée, à côté d’œuvres hagiographiques ou théologiques comme la Théologie ecclésiastique.

Époque d’Eusèbe est une époque de combats : en l’espace d’une décennie, l’Église sera tour à tour terrassée et victorieuse, du début de la Grande Persécution à l’« Édit de Milan ». Par ailleurs, le christianisme encore jeune doit se justifier face aux païens qui, comme Porphyre ou Hiéroclès, écrivent contre la nouvelle religion, ou face aux juifs, qui forment une communauté importante à Césarée. Dans son sein même, l’Église doit également lut- ter contre les hérésies. Eusèbe écrit contre ces 3 types d’adversaires 

L’auteur est né vraisemblablement vers 265 et es élève de Pamphile lui-même adorateur d’Origène. Vers 310 il devient évêque de Césarée en Palestine.

Toutes ces considérations nous amènent à réfléchir d’abord sur le travail d’Eusèbe, sur ses sources et sur sa part de subjectivité dans ce qu’il présente. innove t il  ou reprend-il le travail d’autres ecrivains ecclésiastiques ? aussi, quel est finalement l’intérêt de la rédaction de liste ?

On va voir dans un premier temps que la liste que constitue Eusèbe s’inscrit dans le cadre d’une démarche d’historien. Par la suite on s’intéressera aux objectifs du texte c’est-à-dire d’une part : distinguer les écrits testamentaires du reste et ensuite : donner une identité propre à l’Église orthodoxe.


I. La liste, un travail d’historien ?

Dans notre première partie, on va s’intéresser à la liste que dresse Eusèbe en s’interrogeant sur son degré d’innovation par rapport aux auteurs dont elle s’inspire. Aussi, on réfléchira sur ce texte comme point de départ de la formation du « canon ».

A. La liste d’Eusèbe, continuité ou innovation ?

Dans ce chapitre 25, Eusèbe est-il novateur ou continuateur ? autrement dit, cette liste est-elle une création nouvelle ou est-elle inspirée voir calquée sur d’autres textes déjà existants ?

Aux L12 et L13 on trouve les expressions suivantes : « car certains la rejettent mais d’autres la placent parmi les livres reçus ».  Un peu plus loin à la même ligne on peut aussi lire « quelques-uns ont encore placé ». Qui sont donc ces « quelques-uns » à qui l’auteur fait référence ?

Ici il apparait clair qu’Eusèbe fait allusion à des listes précédentes. Ces listes apparaissent au début du IIIème siècle mais sont présentes sous forme de liste complète au IVème, semble-t-il à un moment ou les incertitudes et discussions ne portent que sur un nombre réduit de texte.

Aussi, on sait que dès le milieu du IIème, plusieurs auteurs ont tenté de distinguer les écrits à utiliser de ceux à rejeter. C’est le cas de Marcion qui reprend Luc dans son Evangélion et Paul dans l’Apostolicon ou encore de Tatien qui compile et unifie quatre évangiles en une dans son Diatessaron. Autre exemple encore, le fragment de Muratori qui atteste de l’existence des 4 évangiles par exemple.

On voit bien qu’il existe de nombreuses sources dont Eusèbe a pu s’inspirer. Si certaines informations n’apparaissent que dans l’HE comme concernant les actes de Jean et d’André L22 ; il est incontestable qu’il reprend l’avis d’Irénée lorsqu’il parle des « la sainte tétrade des évangiles » L3 ou de de la première Épître de Jean à la L4. Pour la 2e et la 3e de Jean, évoquées L9, on retrouve la pensée d’Origène puisqu’Irénée attribuait la 2e à l’évangéliste et Eusèbe écrit « la deuxième, qu’elle soit de l’évangéliste ou d’un autre » L9.

Autre exemple, pour la première Épître de Pierre qu’Eusèbe place parmi les écrits testamentaires L4, on voit ici qu’il reprend la pensée d’auteurs comme Irénée, Polycarpe ou encore Origène puisque dans son Commentaire sur l’évangile de Jean, cité au livre VI de l’HE d’Eusèbe Origène explique : « Pierre a laissé une seule lettre reçue, et peut-être une seconde, car elle est controversée » (VI, 25, 8).

Finalement Eusèbe s’inscrit dans la continuité des auteurs ecclésiastiques qui ont écrit avant lui. Pourtant, son travail de compilation, de recherche est inédit. Et s’il n’est pas impossible que les considérations personnelles de l’auteur fussent entrées en jeu lors de la rédaction de la liste comme le pense certains auteurs, le chapitre se veut finalement comme le résultat d’une enquête personnelle d’après les témoignages d’auteurs ecclésiastiques.

...

Télécharger au format  txt (20.7 Kb)   pdf (235.4 Kb)   docx (19.3 Kb)  
Voir 13 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com