Etude de l'Acte 1 Scène 1 Lorenzaccio.

Cette scène est extraite de Lorenzaccio, pièce de théâtre écrite en 1834 par Alfred de Musset. Cette pièce (longtemps controversée pour sa particularité d’être destinée à la lecture uniquement) appartient au genre romantique. Elle présente les mœurs florentines au XVIème siècle, alors que la famille Médicis régnait en maître sur Florence. Cet extrait de l’acte I scène 1, constitue la scène d’exposition de l’œuvre. Nous nous demanderons donc dans quelles mesures cette scène d’exposition est efficace pour présenter les enjeux de la pièce. Nous verrons que des informations essentielles sur le déroulement et le genre de l’action nous sont présentées. D’autre part, les personnages et thèmes principaux de l’œuvre nous sont également exposés. Enfin, la présence de personnages secondaires donne lieu à la présentation subtile de l’opposition entre moralité et immoralité sur laquelle est basée l’œuvre de Musset.

Dans cette scène, la didascalie initiale informe le lecteur du lieu et du temps, ainsi que de l’action. Ici, l’action se déroule au « clair de lune », donc la nuit, dans un jardin. L’atmosphère laisse donc entrevoir une scène amoureuse intime voire secrète. D’autre part, dans cette même didascalie, l’évocation de trois personnages « le duc », « Lorenzo » et « Giomo » (qui tient une lanterne à la main) peut donner une impression d’intimité entre les deux premiers, la lanterne de Giomo pouvant être assimilée à la chandelle amoureuse. Cependant, des indices nous laissent vite deviner qu’il ne s’agit en fait pas d’une scène amoureuse. En effet, nous pouvons voir un décalage entre le lieu présentant une scène amoureuse, et les paroles du duc et de Lorenzo, présentant une scène de débauche. Ce dernier évoque d’ailleurs directement la débauche, « la débauche à la mamelle ». De plus, le duc apparaît comme un homme impatient de voir arriver la jeune femme qu’il attend, « elle devait sortir de chez sa mère à minuit », « qu’elle se fasse attendre encore un quart d’heure et je m’en vais »…etc. Ce décalage entre lieu et paroles forme une transgression vers le drame romantique.

Ici, le langage des personnages est choquant aux yeux du lecteur. Le duc n’a de cesse de jurer « de tous les diables », « sacrebleu »… Mais encore, le plus choquant est qu’il apparaît comme blasphématoire comme le prouve le juron « entrailles du pape », or on dit le duc fils du pape Clément VII. D’autre part, la scène est composée de nombreux personnages : Giomo, Maffio, le duc, Lorenzo, sans oublier Gabrielle, simplement évoquée. On devine facilement que ces quelques personnages ne sont que le début d’une longue liste. Le nombre élevé de personnages constitue une rupture avec les règles classiques puisque ces derniers sortent et entrent parfois au beau milieu d’une scène, et non à la fin comme le veulent les règles classiques. Enfin, les didascalies laissent penser à une scène violente « il tire son épée », « saute sur lui et le désarme ». La violence de la scène d’exposition fait de celle-ci une scène qui enfreint la règle de bienséance. Il nous est d’ailleurs facile d’imaginer que, là aussi, la scène n’est que le début d’une longue liste de scènes « outrageantes » aux yeux des lecteurs. Le non-respect des règles classiques, la présence de nombreux personnages dans cette scène présagent une pièce de théâtre appartenant

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