Enjamber le cercueil

Vénérable Maitre et vous tous mes Frères Maitres

Le sujet de mon travail symbolique est donc "enjamber le cercueil".

Avant d’en arriver à trouver les symboles que j’ai trouvés concernant ces pas, je pense qu’il est bon de se remémorer en quoi consiste la marche du Maitre.

Elle comporte :

        •        à l’ordre du premier degré, les trois pas de l’Apprenti (on ne parle pas encore de marche) qui s’enchaînent dans un Salut de reconnaissance assorti du Signe pénal au Premier et Second surveillant,

        •        à l’ordre du deuxième degré, la marche du Compagnon formée de deux pas supplémentaires,

        •        à l’ordre de Maître, trois nouveaux pas dont les deux derniers auront à enjamber le volume figuré du cercueil d'Hiram.

Ainsi chaque Grade a sa déambulation telle que je viens de l’évoquer, comme chaque degré a son rite de Réception : l’Initiation de l’Apprenti, le Passage du Compagnon, l’Elévation du Maître.

Revenons à l’enjambement du cercueil :

Placé en tête du cercueil, où est placée l’équerre entre les deux piliers à l’Occident, le Maitre fait un pas à droite, emportant le pied droit obliquement en avant et à droite, ramène le pied gauche contre le droit à l’équerre. Il poursuit son trajet d’un pas à gauche décrivant un arc de cercle lui permettant de franchir ce volume, puis le pied droit se repositionne à l’équerre contre le pied gauche. Ensuite, il se dirige à nouveau sur la ligne médiane, portant obliquement en avant et à droite, d’abord le pied droit et après le pied gauche et finit par les réunir à l’équerre, une fois parvenu au pied du cercueil proche de l’Orient, où est placé le compas.

Voyons maintenant quand le Maitre doit réaliser ces pas :

Une première fois, en tant que compagnon, lors de la cérémonie de son élévation à la Maitrise. Il y est question de prouver que le candidat a, je cite : "les mains pures et la conscience tranquille". Cette déambulation se fait aidée par le Frère Expert et le Frère Maitre des Cérémonies. Elle correspond à une mise à l’épreuve de Vérité, le Compagnon qui souhaite accéder à la Maitrise prouve ainsi sa pureté d’intention.

Une seconde fois, lors de la transmission des Secrets du Grade le nouveau Maitre réalise les mêmes pas, seul cette fois-ci. Et cette marche n’a plus la même signification. Elle est une preuve de courage. Elle prouve que, au moins symboliquement, le Maitre est capable d’affronter la mort, de l’accepter, mais pas de s’y résigner ni de vivre sa vie en ne pensant qu’à sa fin inéluctable. C’est bien au contraire, un hymne à la vie, une preuve d’Amour de la Vie.

Je fais là une rapide digression : j’ai vécu dans ma vie de jeune Franc-Maçon le passage à l’Orient Eternel de plusieurs Frères, dont deux suite, comme on dit pudiquement à une longue maladie, et j’ai le souvenir intact que les deux ont eu une dignité extraordinaire face à leurs derniers instants. Ils ont eu après un vrai savoir-vivre, ce que j’appellerai un savoir-mourir exemplaire. Laissez moi penser que leur parcours Maçonnique les y a aidés.

Les pas de chaque degré permettent une exploration plus profonde : L’Apprenti en reste à l’introspection figurée par les pas glissés en ligne droite, le Compagnon est invité à devenir actif, à voyager et à créer en faisant un pas qui s’écarte.

Le Maître que je suis, en ajoutant deux arcs de cercle, explore les trois dimensions : la ligne, le plan et le volume. Je m’élève donc au dessus de la Terre par deux pas qui dessinent un compas, puis je me replace à nouveau sur la ligne par un troisième pas, face à l’Orient.

Ceci démontre ainsi les progrès que j’ai fait pour me rapprocher de la Lumière, de la Connaissance. Je réalise ainsi symboliquement le passage de l’équerre au compas, du tangible au monde des idées.

En enjambant le cercueil, je prends la place d’Hiram pour poursuivre son œuvre, sans souci des pièges mortels que tendront sous mes pas ceux mêmes qui l’ont assassiné.

La dimension supplémentaire rajoutée aux deux autres est fondamentale car elle m’arrache de la pure matérialité et me permet de voir autre chose que le contexte horizontal dans lequel j’évolue au quotidien dans le monde profane.

Je me projette ainsi dans le domaine de l’esprit, Je fais mes premiers pas dans la troisième dimension, celle de la hauteur, celle qui me fait voir les choses autrement, dans la dimension de la spiritualité, celle qui me rapproche du Grand Architecte de l’Univers.

On peut se demander pourquoi cette marche se termine dans l’axe initial ? Tout simplement pour mettre en évidence que le Maître doit toujours aller de l’avant et progresser dans sa recherche et sa connaissance  de la spiritualité et ceci vers l’orient, là où se lève la lumière.

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