LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

En quoi peut-on dire que la retraite de Mme de Clèves à la fin du roman est une victoire ou un échec ?

Dissertation : En quoi peut-on dire que la retraite de Mme de Clèves à la fin du roman est une victoire ou un échec ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Novembre 2022  •  Dissertation  •  1 741 Mots (7 Pages)  •  210 Vues

Page 1 sur 7

                        DISSERTATION SUR LA PRINCESSE DE CLEVES

En quoi peut-on dire que la retraite de Mme de Clèves à la fin du roman est une victoire ou un échec ?

« En amour, la seule victoire, c’est la fuite. »

C’est par ces propos que Napoléon Bonaparte évoquait la meilleure stratégie possible à propos du sentiment amoureux. Des propos forcément clivants sur lesquels des intellectuels, artistes ou théoriciens ont largement débattu du moyen-âge jusqu’à nos jours. L’amour, doit-il effectivement se combattre, se vivre pleinement ou bien se canaliser ? Faut-il le vivre en étant en règles selon les époques, les individus, la morale et la société ou bien au contraire le condamner ?

Autant de questions nous permettant de soulever la problématique suivante : en quoi peut-on dire que la retraite de Mme de Clèves à la fin du roman est une victoire ou un échec ?

Pour y répondre, nous verrons dans une première partie que la stratégie de l’héroïne du roman de Mme de Lafayette relève d’un certain succès, tout à la fois personnel et global… pour mieux voir, dans une deuxième partie, que ces comportement peuvent aussi se comprendre comme une forme d’échec. Dans une troisième et dernière partie, enfin, nous verrons que les agissements de ce personnage principal sont plus complexes ; ni positifs, ni négatifs. C’est précisément leur ambiguïté qui donne à cette œuvre, encore aujourd’hui une réflexion sur l’amour riche et universelle.

  1. Une victoire

  1. Une victoire sur l’honneur

La retraite de Mme de Clèves, loin d’être un acte lâche, peut se comprendre comme une victoire de la raison. Selon l’héroïne, la mémoire de son mari est plus forte que ses passions et simples pulsions. Comme elle le dit très bien à Monsieur de Nemours peu après la mort de son mari : « Ce que je crois devoir à la mémoire de M. de Clèves serait faible s’il n’était soutenu par l’intérêt de mon repos ; et les raisons de mon repos ont besoin d’être soutenues de celles de mon devoir. » Le mot « devoir est répété deux fois et le mot « repos », ici synonyme du mot « sagesse » ou bien « tranquillité de l’âme », participe largement à un petit champ lexical qu’on pourrait raisonnablement associé à celui de la sérénité et de la paix de l’esprit. Le registre épique serait donc à l’honneur pour louer la vertu d’un personnage qui a beaucoup souffert. La princesse de Clèves, à travers cette lecture, serait donc un grand roman sur la sagesse, une sagesse plus forte que les petites agitations du cœur et largement soutenu par la morale religieuse de l’époque.

  1. Une victoire spirituelle et religieuse

Nourri par la culture classique, ce roman laisse aussi la part belle à la dimension religieuse. A l’instar des grands symboles catholiques, la princesse peut aussi se voir comme une grande figure sacrificielle (comparable à Phèdre ou autres célèbres héroïnes classiques). Madame de Clèves, comme Jésus, sacrifie en effet son bonheur personnel au nom d’une valeur plus grande que ses passions ou de son ego. Ses valeurs pourraient être celles du renoncement ou bien celles, plus simplement de la vertu… pour mieux tranquilliser le regard de cette société, toujours prompte à critiquer ou bien à se moquer. Est-ce le regard des autres ou bien la peur d’une instance supérieure qui la pousse à agir ainsi ? La deuxième hypothèse pourrait être la bonne. Ne dit-elle pas, lorsqu’elle voit le duc pour la dernière fois : « pourquoi la destinée nous sépare-t-elle par un obstacle si invincible » ? Le mot « destinée », dans cet extrait, serait ainsi perçu comme une entité divine, quelque chose de plus fort, de plus grand qui l’oblige à accomplir son devoir moral jusqu’au bout, quoi qu’il lui en coûte.

Ne peut-on cependant pas voir ces images du Destin comme une excuse un peu facile ? La princesse, remplit-elle vraiment un devoir moral… ou bien se sert-elle de la religion pour ne pas agir… trop peureuse de vivre devant tout le monde un amour coupable… un amour que n’approuverait ni la morale et encore moins la société ?

II) un échec

  1.  L’échec de l’épanouissement, l’éloge de la peur ?

Comme le soulignait déjà très justement Marie-Jeanne Durry : « Je crois que Madame de La Fayette approuve Mme de Clèves et qu'elle admire l'héroïsme de son refus. Pour moi dans cette décision héroïque la peur a trop de part » Sous couvert d’héroïsme, la princesse pourrait donc se voir comme un personnage poltron et peu courageux… qui n’oserait simplement pas vivre une belle histoire par peur de la morale, des individus ou du « qu’en dira-t-on ». Ce « murmure de louanges » qu’on entend lors de la scène du bal, ne montre-t-il déjà pas une princesse maladroite et manipulable, prête à faire ce qu’on lui demande (ici se jeter dans les bras d’un inconnu) pour ne pas brusquer l’opinion publique ? Ne ment-elle pas à la dauphine en personne en faisant croire qu’elle ne connait pas ce Nemours, juste à côté d’elle, pour ne pas être perçue comme une femme facile ? Contrairement à une première impression, la princesse ne serait peut-être pas aussi valeureuse qu’elle voudrait bien le croire, trop facilement influencée par le regard d’une société qui juge très vite et trop vite conditionnée par la morale d’un monde vieillissant, figée dans des certitudes poussiéreuses et dépassées.

...

Télécharger au format  txt (10.6 Kb)   pdf (82.6 Kb)   docx (12 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com