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Dissertation sur le théâtre classique

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Par   •  8 Mars 2021  •  Dissertation  •  1 926 Mots (8 Pages)  •  755 Vues

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Le XVIIème siècle est une période de changement et transition pour le théâtre français. Le théâtre humaniste qui reprend les codes théâtre antique, comme le coeur ou la règle des trois unités, est remis en question et délaissé pour que de nouveaux genres soient mis en lumière comme la tragi-comédie, avec le Le Cid notamment, écrite par Corneille et représenté en 1637, et une nouvelle forme de tragédie comme Bérénice de Racine, représentée en 1670. Ces nouvelles formes théâtrales sont remarquables car elles donnent plus de place à l’amour, on parle alors de texte lyrique dans ces deux pièces, tonalité et registre qui privilégie l’expression et l’exaltation des sentiments personnels et des passions. Nous pouvons nous demander quelle est alors l’importance donnée au lyrisme dans Le Cid et Bérénice, en montrant tout d’abord que l’aspect lyrique est montré et assumé comme au centre de ces deux pièces, puis nous montrerons que c’est un moteur de l’action dramatique par sa forte tendance tragique, et enfin nous montrerons tout de même que le poids du lyrisme dans ces pièces est nuancé par d’autres enjeux.

Ces deux pièces tendent à présenter une approche nouvelle du théâtre avec l’amour au centre et cela est assumé et revendiqué par Corneille et Racine.

Tout d’abord, dès le début des deux pièces, l’expression de l’amour est mise en avant. Les scènes d’exposition permettent au lecteur et spectateur de cerner l’enjeu et le point fort des pièces, ici elles montrent la primauté accordée à l’amour. En effet, chez Racine, le dialogue dans les premières scènes entre Anthiocus et son confident Arsace qui fait un bilan de la situation et permet donc de cerner l’enjeu principal de la pièce qui est celui de l’amour impossible car Anthiocus aime Bérénice, qui aime Titus qui l’aime en retour. Anthiocus veut s’entretenir avec Bérénice dans un cabinet, placé symboliquement entre les appartements de Titus et de celle-ci, lieu secret intime qui favorise l’expression des sentiments du couple. Ainsi, Anthiocus dans son monologue de la deuxième scène est présenté d’office comme un personnage amoureux incompris, et malheureux.

Dans la pièce du Cid, l’acte I sert également d’acte d’exposition de l’intrigue tournée autour de l’amour. La pièce commence avec une discussion entre le père de Chimène et sa suivante Elvire, à propos de son mariage avec Don Rodrigue. Mais dans les scènes qui suivent, on trouve comme chez Racine, l’évocation claire de l’obstacle à cet amour puisque le père de Chimène meurt, tué par son amant, compromettant ainsi leur mariage. La particularité de la tragi-comédie est que l’amour occupe la plus grande place au sein de l’oeuvre, ainsi, Corneille élabore également un dénouement matrimonial, où les passions des deux amants sont justifiées et se conclut autour d’un mariage heureux comme le montre la tirade de Don Sanche, où « amoureux » rime avec « heureux ». L’amour dépasse l’obstacle moral dans la pièce.

Le lyrisme est représenté tout au long des deux pièces puisqu’elles favorisent toutes les deux l’expression des sentiments, on retrouve de nombres tirades et monologues qui expriment le déchirement des personnages face à leur passion et leur amour. Comme le dit Boris Donné dans l’édition du Cid au programme: « placer le sentiment amoureux au coeur de l’action, c’est se donner occasion de rabattre vers l’écriture dramatique certains des prestiges de la poésie lyrique. » En effet, l’exaltation des sentiments donne lieu à des monologues importants qui vont jusqu’à se transformer en stance, notamment celle de Rodrigue à l’acte I scène sept, construite autour de 4 strophes. L’amour est rendu beau et important à travers ces tirades par le lyrisme, l’écriture poétique. Ce sentiment amoureux est la raison principale dans ces pièces de monologue poétiques, qui ravissent le spectateur. Dans Bérénice, Racine construit la pièce autour d’une longue plainte amoureuse, il y a peu d’action, tout est centré sur l’expression des personnages par rapport à leur amour. La tonalité élégiaque c’est à dire l’aspect plaintif et mélancolique employé permet l’expression des tourments de manière musicale, propre au lyrisme.

Les deux auteurs font donc dans leur pièce le choix d’exposer et d’assumer le thème de l’amour qui permet l’expression lyrique au centre de leur pièce. Celui-ci devient alors le moteur dramatique de l’action qui, par l’aspect de l’amour impossible dans les deux pièces, est fortement empreint de tragique.

Racine et Corneille construisent donc leur pièce autour du thème de l’amour impossible. Ainsi, les personnages font face à de véritables déchirements intérieurs et construisent alors des tirades lyriques plaintives, qui font d’eux des personnages tragiques à plaindre. En effet, dans les deux pièces les personnages sont torturés par leur déchirement intérieur et vont donc l’exprimer au travers de tirades, monologues et dialogues emplis d’émotions et à caractère plaintif. Bérénice, dans l’acte IV aux deux premières scènes fait figure d’héroïne tragique et fait face à la gradation de ses passions. Le registre qu’elle emploie est extrêmement élégiaque: « Mais que dis-je mes pleurs? Si ma perte certaine, si la mort toute prête enfin ne le ramène ». Le lyrisme de ses paroles montre ici le caractère fataliste et donc tragique de sa situation. Sa dignité héroïque est remise en question face au déchainement de ses passions, sa transition vers son caractère d’héroïne tragique est donc marqué par son langage. Ici, Bérénice, n’a pas vraiment le statu noble de la reine, elle est un personnage élégiaque, soumis à ses passions comme le souligne Gorges Forestier dans Pléiade: « (…) chez Racine, Bérénice n’est pas reine. Elle ne l’est qu’au regard de Rome qui la rejette, de Paulin qui la condamne, de l’empereur qui doit se séparer d’elle à cause de cela. (…) C’est délibérément que Racine fait céder cette règle (…) au profit du traitement élégiaque du personnage. Aussi (…) fait-elle pleurer (…). ». Bérénice est un personnage tragique car elle suscite

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