Dissertation récit plaisant

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« Placere, emovere, docere » était la devise de Phèdre, pionnier des apologues car selon lui un apologue l’est réellement que s’il remplit ces trois conditions (plaire, émouvoir, instruire). C’est donc depuis l’antiquité que nous avons ce type de récit.  « De nombreux apologues sont écrits sur un ton plaisant et cherchent à faire rire ou sourire le lecteur. Comment s’explique selon vous, la gaieté de la fable ou du conte philosophique ? » A quoi sert la gaieté dans les apologues ?

Nous verrons tout d’abord en quoi la gaieté rend le récit plaisant puis en second lieu, comment à travers celle-ci l’apologue peut instruire et enfin dans une troisième partie de quelle manière le rire permet à l’auteur de traiter des sujets graves.

Dans les apologues, nous pouvons trouver des personnages plus surprenants les uns que les autre grâce à des traits de caractère très particuliers. Dans les fables de La Fontaine, les personnages sont généralement des animaux, par exemple le corbeau et le renard ou la tortue et les deux canards. Nous avons donc des comiques de situation car il est peu commun, surprenant et amusant de voir des animaux de différentes espèces que tout oppose discuter entre eux. Il est aussi très comique de voir des personnages comme  l’Ingénu de Voltaire, très différent de nous, être perdu dans notre société complexe. Nous aimons donc rire sde situations absurdes avec des personnages originaux.

        Les récits peuvent aussi avoir lieu dans des mondes lointains, imaginaires. Par exemple, Le Petit Prince, conte philosophique écrit par Antoine de Saint-Exupéry met en scène un petit prince voyageant entre les planètes et les étoiles, ou Zadig de Voltaire se déroulant dans un monde oriental. Dans ces deux cas, les lieux ne sont pas précis et permettent ainsi au lecteur de se projeter dans l’histoire, de développer son imagination et d’une certaine façon de voyager. Cette méthode rend ces récits plaisants. Ils permettent au lecteur de s’évader et de retrouver son âme d’enfance.

        De plus, les apologues peuvent être écrits sous différentes formes, en prose ou en vers. Les fables de La Fontaine sont écrites en vers et présentent de nombreux procédés stylistiques qui permettent d’amuser le lecteur. Le Petit Prince  lui alterne récits et dessins, tout cela aide le lecteur à lire de façon plus ludique et donc lire en s’amusant.

Les apologues plaisent car ils sont courts et ont des formes originales qui permettent au lecteur de lire plus facilement et par conséquent facilitent l’accès à un plus large public. De plus, ils permettent aux lecteurs de s’évader d’oublier pendant un moment les problèmes de leur société et de rire des défauts des personnages.

Les apologues sont aussi des récits plaisants qui ont pour but d’instruire. Il existe différentes façons d’arriver à ce résultat. Dans certains cas, les problèmes sont clairement énoncés avec le jugement et la parole des personnages comme par exemple Le Petit Prince qui porte son jugement sur certains personnages en disant « Peut être bien que cet homme est absurde. Cependant il est moins absurde que le roi, que le vaniteux, que le businessman et que le buveur. Au moins son travail a-t-il un sens. […] C’est véritablement utile puisque c’est joli ».  Suite à la réflexion du personnage, le lecteur peut être convaincu qu’il y a un problème et se demander par exemple quels métiers ont un sens ou même si le sien en a un. Ou comme dans les contes, par exemple les douze frères de Grimm, où la jeune sœur doit se « sacrifier » et faire de nombreux effort pour réparer son erreur comme le lui dit une vieille dame ; « Ma pauvre enfant qu’à tu fais là ! Pourquoi as-tu cueilli ces belles fleurs blanches au lieu de les laisser pousser ? Car ces lis étaient tes frères, et maintenant, ils sont changés en corbeaux, pour le reste de leurs jours. [….] Il faudrait pour cela que tu restes muette pendant sept ans, sans jamais dire un mot, ni même un rire ; et si jamais tu prononcerais ne serait-ce qu’un mot […] tes frères en mourraient aussitôt ». Les contes persuadent donc le lecteur (plus souvent des enfant) que chaque acte a des conséquences et qu’il est presque impossible de les rectifier.

Le récit peut aussi instruire à l’aide d’une morale. Par exemple les deux consolés de Voltaire propose une morale explicite, « à celui qui console ». Voltaire persuade qu’il faut aider les autres et qu’ainsi on vous aidera en retour. Nous en trouvons aussi une dans Les animaux malades de la peste écrit par La fontaine, la morale est explicite « Rien que la mort n’était pas capable d’expier son forfait : on le lui fit bien voir. Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir », cette morale sous-entend donc que la justice est hypocrite lorsqu’elle est entre les mains des puissants qui la mettrons de leur côté, à leur avantage. Nous avons donc une remise en question de la société qui est proposée au lecteur via de nombreux arguments, donc La Fontaine convainc le lecteur.

Cependant les leçons des apologues ne sont pas toujours explicites. Par exemple dans Le loup et le chien de Jean de La Fontaine, il n’y a pas de morale a proprement dite, cependant la fable se finit par l’action du loup : « s’enfuit, et court encor. », cela sous-entend la morale car le loup a choisi la liberté et ses désagréments face à l’esclavage et la vie plus facile qui s’offre au chien. Nous pouvons donc nous demander dans quelles situations nous nous trouvons et qui le loup représente dans la société, qui est libre et qui ne l’est pas. L’auteur a donc en quelque sorte persuadé le lecteur que la liberté n’avait pas de prix.

Tous ces récits nous proposent des leçons, qui font appel à la raison ou aux sentiments et ces leçons peuvent varier selon nos interprétations. Cependant ces enseignements ne sont pas toujours compréhensibles car des personnes n’interprètent que l’évasion des apologues et ne comprennent pas les sens cachés qui demandent une certaine réflexion et maturité. Cela est montré avec Le Petit Prince, pour les plus jeunes lecteurs, c’est l’histoire d’un explorateur qui rencontre un prince de petite taille, pour un adolescent, c’est un récit qui nous met face à l’absurdité du monde et pour des adultes les métaphores du conte seront plus poussées car la rose peut représenter la femme, les personnages sur les planètes : les sociétés…

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