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Dissertation "favoriser l'écoute par les yeux"

Dissertation : Dissertation "favoriser l'écoute par les yeux". Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Mai 2018  •  Dissertation  •  1 828 Mots (8 Pages)  •  420 Vues

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Le directeur du Théâtre national de Strasbourg, Stéphane Braunschweig, définit la scénographie comme la tentative de favoriser « l’écoute par les yeux ». Cette citation évoque le fait que la représentation théâtrale se distingue d’une lecture simple d’une pièce de théâtre. Le théâtre dispose en effet d’une ressource supplémentaire favorisant la lisibilité ainsi que la compréhension du texte et qui en fait un art tout à fait singulier : le théâtre est un « spectacle vivant ». Le théâtre est le lieu où l’on regarde (du grec Théa : action de regarder), il est un art du visuel. La représentation d’une pièce de théâtre, la scénographie font donc entendre le texte mais encore plus : elles en offrent sa vision au public.

Un personnage peut véritablement incarner un personnage. Incarner signifie « mettre sa chair dans », l’acteur devient alors le personnage. L’incarnation du personnage confère au texte une puissance singulière. C’est pourquoi il est possible de redécouvrir et d’apprécier une représentation d’un texte qui n’avait pas plu à la lecture. De plus, le metteur en scène dispose de nombreux outils pour lier intimement le texte à la représentation. Les éléments matériels du décor, dans leur fonction symbolique ou bien réaliste, produisent une atmosphère permettant de mieux comprendre le texte. C’est le cas des miroirs dans la représentation du « Menteur » de Julia Vidit qui donnent à voir une représentation multiple des personnages en dévoilant différents aspects de leur personnalité selon leur orientation, leur place sur la scène. La mise en scène explicite la duplicité des personnages. Dans cette même représentation, les miroirs dévoilent les problématiques posées par la pièce, ici l’importance de l’apparence : le narcissisme du personnage principal, Dorante, apparaît alors comme évident. Les personnages s’expriment parfois en faisant face aux miroirs ce qui permet à la metteure en scène, Julia Vidit, d’inciter le public à réfléchir sur le rapport complexe entre la vérité et le mensonge. La taille, les postures, les déplacements, les gestes ainsi que les mimiques d’un personnage participent également à favoriser « l’écoute par les yeux » : Sganarelle, incarné par Christian Hecq dans la mise en scène de « Dom Juan » par Daniel Mesguich, concentre presque intégralement la vis comica de la pièce, et c’est notamment grâce à un irrésistible comique de gestes que le public le perçoit. La mise en scène permet en effet de mettre en relief tous les jeux relevant de la farce qui deviennent chez Molière un moyen d’expression à part entière, extrêmement efficace dans la peinture des caractères et des traits obsessionnels. Les émotions du public sont d’ailleurs amplifiées par la proximité avec les acteurs. De plus, le metteur en scène peut décider de briser le quatrième mur en demandant aux comédiens de s’exprimer au public ou bien même en faisant évoluer les personnages parmi le public comme dans la scène d’exposition de « Dom Juan » mise en scène par Daniel Mesguich où Sganarelle débute son très fameux éloge du tabac au milieu du public, ou bien encore dans la pièce de Clara le Picard « De l’Imagination » où les personnages évoluent souvent parmi le public. « De l’Imagination » ressemble à une comédie musicale et est inspirée de l’un des contes les plus cruels du répertoire : « La Barbe bleue ». Clara le Picard joue alors sur des chorégraphies qui sont habilement intégrées au texte. Par ailleurs, les costumes jouent également un rôle prédominant pour favoriser « l’écoute par les yeux ». Il est possible de contextualiser une pièce ou bien de faire rire le public grâce aux costumes. Le costume peut en effet être un important vecteur de comique : dans la mise en scène de « l’Avare » de la compagnie Roumanoff, Harpagon porte un costume ridicule ce qui provoque bien évidemment le rire dans la salle. Les costumes peuvent également renseigner sur la classe sociale de celui qui le porte comme c’est le cas dans la mise en scène de « Dom Juan » de Daniel Mesguich : les deux valets, Sganarelle et Maître Gusman sont vêtus similairement ce qui mène alors à un comique de gestes ainsi qu’à un comique de situation. Le costume a enfin une fonction esthétique avec pour but : séduire et plaire le public. Les metteurs en scène actuels jouent avec tous ces outils cependant, il faut être présent dans la salle pour en saisir l’importance. Des éléments immatériels tels que la bande-son ou les jeux de lumières participent à favoriser « l’écoute par les yeux ». Pour certains spectateurs, l’éclairage est présent pour que l’on voit le comédien jouer son rôle, et c’est tout.

Or la lumière est d’une importance majeure. La lumière est là pour permettre au spectateur de voir ce que le metteur en scène et le comédien veulent lui montrer. La lumière des projecteurs peut en effet permettre de mettre en relief un lieu, une action ou bien un personnage lors d’une tirade. La mise en scène de « Dom Juan » donne à voir le tombeau du Commandeur éclairé par une lumière, ce qui participe à créer une atmosphère mystique presque fantastique et qui englobe le public. Dans la mise en scène de « Horace » de Renault Marie le Blanc, une image est projetée sur le fond de la scène : ce sont des yeux, des yeux qui observent les protagonistes et le public. Parfois, une bouche apparaît pour prononcer une partie des paroles d’un

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