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DM Littérature: étude du roman Madame Bovary de Flaubert

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Par   •  8 Mai 2015  •  TD  •  1 952 Mots (8 Pages)  •  851 Vues

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DM Littérature Madame Bovary n°1

Question 1 : Comment interpréter l'usage de la première personne du pluriel dans l'incipit de Madame Bovary ?

Question 2 : Commentez et discutez cette affirmation de FLAUBERT : « Madame Bovary, c'est moi, d'après moi ».

Madame Bovary, dont la rédaction prit 5 ans entre le 19 septembre 1851 et avril 1856, reçu un accueil très controversé. Dès sa publication, le roman était qualifié d'immorale, d'incitation à l'adultère. En effet, l'histoire d'Emma Bovary, jeune femme de campagne, rêveuse à l'esprit romanesque, a fait couler beaucoup d'encre. Notamment, à part les adultères, l'immoralité et les vices du roman, l'incipit faisait parler de lui. Justement, l'utilisation douteuse de la première personne du pluriel était sujet à discorde. Ce « nous », excluant un personnage premier et important, Charles Bovary.

Alors que désigne ce « nous » ? Et comment interpréter son usage de l'incipit ? Notre plan est basé sur deux caractéristiques essentielles de l'écriture flaubertienne : premièrement, le principe de réalité, et secondement, l'ironie et la satire.

L'incipit commence par « Nous étions à l'étude, quand le Proviseur entra ». La première personne du pluriel, alliée avec « Proviseur » et « étude » renvoient directement aux élèves. La majuscule de « Proviseur » montre le respect obligatoire envers un supérieur hiérarchique et adulte. Ce « nous » exclu dès lors Charles. C'est alors un narrateur-témoin dont l'identité est masquée, fondue avec celle des autres « camarades » de Charles. Ce « nous » peut également renvoyer à l'auteur, prenant la place d'un élève voyant un nouveau débarquer dans sa classe. L'exclusion du personnage, le point de vue externe et ce « nous » pourrait laisser deviner un certain aspect autobiographique.

Cette narration vise l'illusion du réel. En effet, FLAUBERT présente les faits comme s'ils s'étaient déroulés devant lui, en détaillant, par exemple, excellemment bien l'accoutrement de Charles, qui ressemble vraisemblablement à un clown « son habit veste de drap vert à boutons noirs[...] poignets rouges[...] en bas bleu, sortaient d'un pantalon jaunâtre[...] de souliers forts, mal cirés, garnis de clous ». Ses couleurs bariolées et ses gros souliers sont l'accoutrement parfait du clown. Hormis ces détails, FLAUBERT s'est inspiré de l'affaire DELAMARE, et ce fameux docteur DELAMARE était un disciple de FLAUBERT. Se pourrait-il qu'il raconte la vie d'un de ses condisciples de Rouen ? Et de plus, ce roman est dédié à Marie Antoine Jules SENARD, ancienne ministre de l'Intérieur, mais surtout à Louis BOUILHET, un ami rencontré au collège royal de Rouen, en classe de cinquième, tout comme Charles Bovary. Tout ces faits réels ancrent profondément le roman dans une réalité sensible et palpable. C'est le principe de réalité. Et ce dernier est très puissant, car ce « nous » inclus également le lecteur. Cela nous donne l'impression de voir ce jeune Charles entrer dans la pièce, et nous avons de même le sentiment de l'épier. Par la suite, ce « nous » disparaîtra dans la suite de l'incipit, pour raconter la vie des parents de Charles, et nous, les lecteurs, sommes écartés de la narration et des faits qui s'y déroulent. « Nous » est donc les camarades de Charles, nous le lecteur et également narrateur. Nous chahutons, nous l'intimidons, et nous le critiquons.

Charles dorénavant perçu comme différent, et ses persécuteurs sont bien visibles et réels. Ce n'est pas un narrateur omniscient qui viendrait frappé de sa foudre Charles, non, ici ce sont bien ses camarades, nous, qui l'entraînons dans ce malaise. Il est donc moqué par des petits bourgeois rouennais, amusé de voir ce clown multicolore et sa casquette neuve aussi bariolée et extravagante que lui. Ce « gars de la campagne » est un clown, habillé par sa mère pauvre et soucieuse de son apparence. Le nouveau écrit en italique, souligne bien cette décadence du campagnard, et il n'est pas du tout à sa place, car comme le dit le « Proviseur », « il passera dans es grands, où l'appelle son âge. » Étant vêtu d'habits clownesques, étant maladroit, trop grand et trop bien mal à l'aise, il est une cible facile pour les moqueries de garnements sans gênes. Son nouveau professeur tente de ramener le calme et l'ordre, appuie justement la gêne du garçon en renforçant le comique de répétition de la casquette « Débarrassez-vous donc de votre casquette », il le punit même au début « Cinq cent vers à toute la classe ! […] vous me copierez vingt fois le verbe ridiculus sum » qui signifie littéralement en latin « je suis bizarre ». Et tout cela accentue alors les différences de classes et catégories sociales, qui est le fil rouge du roman, et ce que FLAUBERT veut dénoncer. Charles est moqué car il est un campagnard voulant bien paraître face à des bourgeois insolents.

Finalement, FLAUBERT cherche toujours l'impersonnalité, et le seul moyen de ne pas adopter le point de vue omniscient dans l'incipit était de se fondre dans les « camarades » de classe de Charles. Il se place donc à travers les yeux du groupe d'élèves, pouvant ainsi critiquer sans que nous soyons obligés de connaître qui nous sommes. Ce « nous » est en réalité le regard cruel de la société de l'époque, injuste et intolérant, et FLAUBERT est désireux de cette satire de la société qu'il déteste. Il veut donc choquer ce conformisme social qui ne régale que les faux et les riches, et ne satisfait que les égoïstes et les hypocrites. Toute forme de sensibilité, de faiblesse, de sentiment est balayée et banni, à l'instar de Charles.

Cet incipit original porte donc la première personne du pluriel uniquement sur quelques paragraphes, et s'interrompt pour laisser place à une narration externe jusqu'à la fin du premier chapitre. Ce « nous » place dès lors Charles dans une position qui, certes, ne lui sied pas, mais l'expose à la lumière du roman, comme si Charles était le premier personnage principal à l'origine de l’œuvre. D'ailleurs, c'est Charles qui ouvre et clôt le roman, et non Emma...

« Madame

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