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Corpus Entre Trois Textes

Note de Recherches : Corpus Entre Trois Textes. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Juin 2014  •  2 321 Mots (10 Pages)  •  944 Vues

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[Araminte met à l'épreuve son jeune intendant, Dorante, dont elle sait qu'il est amoureux d'elle et qui, suivant les conseils de son valet Dubois, ne lui a pas avoué son amour.]

ARAMINTE. — […] toute réflexion faite, je suis déterminée à épouser le Comte.

DORANTE, d'un ton ému. — Déterminée, Madame !

ARAMINTE. — Oui, tout à fait résolue. Le Comte croira que vous y avez contribué je le lui dirai même, et je vous garantis que vous resterez ici; je vous le promets. (A part.) Il change de couleur.

DORANTE. — Quelle différence pour moi, Madame !

ARAMINTE, d'un air délibéré. — Il n'y en aura aucune, ne vous embarrassez pas, et écrivez le billet que je vais vous dicter; il y a tout ce qu'il faut sur cette table.

DORANTE. — Eh ! pour qui, Madame ?

ARAMINTE. — Pour le Comte, qui est sorti d'ici extrêmement inquiet, et que je vais surprendre bien agréablement, par le petit mot que vous allez lui écrire en mon nom. (Dorante reste rêveur, et par distraction ne va point à la table.) Eh bien, vous n'allez pas à la table ? à quoi rêvez-vous ?

DORANTE, toujours distrait. — Oui, Madame.

ARAMINTE, à part, pendant qu'il se place. — Il ne sait ce qu'il fait. Voyons si cela continuera.

DORANTE à part, cherchant du papier. — Ah ! Dubois m'a trompé !

ARAMINTE poursuit. — Êtes-vous prêt à écrire ?

DORANTE. — Madame, je ne trouve point de papier.

ARAMINTE allant elle-même. — Vous n'en trouvez point ! En voilà devant vous.

DORANTE. — Il est vrai.

ARAMINTE. — Écrivez. "Hâtez-vous de venir, Monsieur; votre mariage est sûr..." Avez-vous écrit ? ...

DORANTE. — Comment, Madame ?

ARAMINTE. — Vous ne m'écoutez donc pas ? "Votre mariage est sûr; Madame veut que je vous l'écrive, et vous attend pour vous le dire." (A part.) Il souffre, mais il ne dit mot. Est-ce qu'il ne parlera pas ? "N'attribuez point cette résolution à la crainte que Madame pourrait avoir des suites d'un procès douteux."

DORANTE. — Je vous ai assuré que vous le gagneriez, Madame. Douteux ! il ne l'est point.

ARAMINTE. — N'importe, achevez. "Non, Monsieur, je suis chargé de sa part de vous assurer que la seule justice qu'elle rend à votre mérite la détermine."

DORANTE, à part.— Ciel ! je suis perdu. (Haut.) Mais, Madame, vous n'aviez aucune inclination pour lui.

ARAMINTE. — Achevez, vous dis-je... "Qu'elle rend à votre mérite la détermine..." Je crois que la main vous tremble ! Vous paraissez changé. Qu'est-ce que cela signifie ? Vous trouvez-vous mal ?

DORANTE. — Je ne me trouve pas bien, Madame.

ARAMINTE. — Quoi ! Si subitement ! Cela est singulier. Pliez la lettre, et mettez: "A Monsieur le comte de Dorimont." Vous direz à Dubois qu'il la lui porte. (A part.) Le cœur me bat ! (A Dorante.) Voilà qui est écrit tout de travers ! Cette adresse-là n'est presque pas lisible. (A part.) Il n'y a pas encore là de quoi le convaincre.

DORANTE, à part. — Ne serait-ce point aussi pour m'éprouver ? Dubois ne m'a averti de rien.

Texte B - Victor Hugo : Ruy Blas (1838), acte II, scène 2.

[La reine d'Espagne, dont le mari passe de longues journées à la chasse, est seule, inquiète de la haine que lui porte Don Salluste, un noble qu'elle a écarté de la Cour, et émue par les billets que lui dépose chaque soir un inconnu, Ruy Blas.]

LA REINE :

[…] Qui que tu sois, ô jeune homme inconnu

Toi qui, me voyant seule et loin de ce qui m'aime,

Sans rien me demander, sans rien espérer même,

Viens à moi, sans compter les périls où tu cours;

Toi qui verses ton sang, toi qui risques tes jours

Pour donner une fleur à la reine d'Espagne;

Qui que tu sois, ami dont l'ombre m'accompagne,

Puisque mon cœur subit une inflexible loi,

Sois aimé par ta mère et sois béni par moi !

(Vivement et portant la main à son cœur.)

– Oh ! Sa lettre me brûle !

Retombant dans sa rêverie.

Et l'autre ! L'implacable

Don Salluste ! Le sort me protège et m'accable.

En même temps qu'un ange, un spectre affreux me suit;

- Et, sans les voir, je sens s'agiter dans ma nuit,

Pour m'amener peut-être à quelque instant suprême,

Un homme qui me hait près d'un homme qui m'aime.

L'un me sauvera-t-il de l'autre ? Je ne sais.

Hélas ! Mon destin flotte à deux vents opposés.

Que c'est faible, une reine, et que c'est peu de chose !

Prions.

(Elle s'agenouille devant la madone.)

– Secourez-moi, madame ! Car je n'ose

Élever mon regard jusqu'à vous !

(Elle s'interrompt.)

– Ô mon Dieu !

La dentelle, la fleur, la lettre, c'est du feu !

(Elle met la main dans sa poitrine et en arrache une lettre froissée, un bouquet desséché de petites fleurs bleues et un morceau de dentelle taché de sang qu'elle jette sur la table; puis elle retombe à genoux.)

...

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