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Commentaire sur la scène 7 de la pièce de théâtre L'atelier de Grumberg

Mémoire : Commentaire sur la scène 7 de la pièce de théâtre L'atelier de Grumberg. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Mai 2014  •  1 610 Mots (7 Pages)  •  6 664 Vues

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Commentaire littéraire : scène 7 de L'atelier de Grumberg.

Jean-Claude Grumberg est un écrivain et dramaturge français du XX ème siècle, de parents juifs. La seconde guerre mondiale va lui arracher son père qui sera gazé, c'est pour cela que Grumberg arrive difficilement à pardonner cette « défloraison de l'âme » comme le disait un ancien combattant. L'histoire de la Shoah a marqué son histoire personnelle.

Le dramaturge ne fait pas un théâtre à thèse mais il crée des émotions, des préjugés, des conflits moraux dans des personnages complexes et changeants en devenir. L'Atelier est une œuvre qui se veut à la fois historique et autobiographique. L'auteur puise une grande partie de son inspiration dans des moments de sa vie. Cette pièce est plus qu'une leçon d'histoire, elle retrace les vies de personnages pendant dix scénettes qui pourraient être jouées séparément. L'atelier fait partie d'une trilogie avec Zone libre et Dreyfus. Cette oeuvre raconte l'histoire de treize personnages durant sept années (de 1945 à 1952) travaillant dans un atelier de confection. C'est par le récit de ces treize protagonistes que l'auteur va parler de la Shoah et de la guerre. Le passage étudié est un extrait de la scène sept de L'atelier. Il y a quatre personnages sur scène, Léon, le patron de l'atelier, sa femme Hélène, Simone, une employée et Jean, le presseur. Dans ce passage, Simone reçoit et donne à lire à Hélène l'acte de décès de son mari qu'elle attendait depuis le tout début de la pièce.

Nous nous poserons la question suivante : Doit-on accepter la banalisation de la mort et l'horreur de l'histoire ?

Dans cet extrait, nous verrons qu'il y a un affrontement verbal. Ensuite, que plane un malaise physique avec une colère face à l'oubli d'Hélène. Enfin, nous étudierons les deux visions différentes sur le devoir de mémoire et sur la conception de la vie après la guerre.

En premier lieu, nous allons étudi[***]er la joute verbale entre Hélène et Léon qui s'affrontent devant le presseur et Simone, à cause de l'acte de décès.

En effet, il y a dialogue assez violent entre Léon et sa femme comme nous le montre la didascalie « criant » (l-61). D'abord révoltée à cause de ce papier, Hélène use beaucoup de la ponctuation expressive dans ses propos : « Mort à Drancy ! Mort à Drancy ! » (l-61) ; ensuite « Lis jusqu'au bout ! » (l-53) ; enfin les points de suspension dans la réplique « Pourquoi ?... » (l-78) vont trahir les sentiments d'Hélène qui est désespérée et alarmée. Elle insulte grâce à l'oxymore « Pauvre idiot » (l-64) son mari qui n'a pas l'air de la comprendre.

Néanmoins, cette extrait montre une sorte de pseudo-dialogue où les personnages ne se comprennent pas bien. Le passage est jonché de questions oratoires comme l'expression de Léon : « Tu crois que c'est la première fois que je vois un acte de décès ? » (l-57-58). Ici Léon utilise un ton assez ironique et méprisant pour montrer une sorte de supériorité et pour dire qu'il a certainement plus de « vécu » que sa femme. La didascalie : « il ricane et hoche la tête » (l-59) traduit encore une fois le ton de celui-ci. On sait cependant que les personnages viennent d'univers assez antithétiques : Hélène s'est réfugiée en zone libre alors que son mari, lui s'est caché et terré, sous l'occupation. Ensuite, on remarque à la ligne 70, un système hypothétique : « s'ils sont simplement morts à Drancy, ou à Compiègne, ou à Pithivier, qui se souviendra d'eux ? ». Hélène émet une hypothèse, mais ne parle pas de ce qui est, de la réalité, mais de ce qui pourrait être. Cependant, les personnages utilisent un langage familier comme le suggère les expressions : « Pauvre idiot » (l-64), ou « Ya rien qui te choque ? » (l-56). Nous remarquons aussi qu'il y a une parataxe : « c'est un atelier ici, on est là pour travailler » (l-100) qui montre que c'est une scène oralisée par manque de liens logiques.

Cet extrait relate cependant la colère d'Hélène face à l'oubli et à l'inexplicable. Elle est hantée par l'idée que ce passage dans l'histoire de l'humanité puisse tomber dans l'oubli.

Tout d'abord, Hélène élève un malaise moral, en effet, elle reproche à l'Etat de mentir à ses sujets : il y a une ellipse (l-67) qui insiste sur l'aspect « officiel » de la situation, « -tribunal de la Seine... Greffier... Juge... enregistré le... certifié le... ». L'anaphore de « pourquoi » (l-76) suppose qu'elle est tourmentée et affectée par les paroles de l'Etat. Ensuite l'adverbe « simplement » est particulièrement mis en valeur par un rythme décroissant (l-70). Nous relevons encore un aspect anaphorique : « Alors personne

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