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Commentaire scène 1 acte 1 Andromaque

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Par   •  22 Mars 2021  •  Commentaire de texte  •  5 130 Mots (21 Pages)  •  5 658 Vues

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Clémentine COPPOLA

LS3

COMMENTAIRE COMPOSÉ

Andromaque, RACINE

              Cette scène de retrouvailles entre les deux amis : Pylade et Oreste, apparaît comme une entrée en matière : c’est la scène d’exposition. Si cette scène peut s’apparenter à un début heureux, c’est à partir de cet échange, que se dessinent les forces à l’œuvre dans cette tragédie mais aussi les enjeux. On comprend que la fatalité est d'ores et déjà présente dès le début avec le personnage d’Oreste et que l’amour, la haine et la politique se présentent comme les principaux thèmes du texte. La présence de trois registres principaux : tragique, lyrique et pathétique permet de mettre en lumière le poids de la fatalité qui pèse sur la plupart des personnages dès la première scène. Les personnages ont ici des fonctions dramatiques importantes car Oreste, par sa venue au palais de Pyrrhus apparaît comme moteur de l’intrigue. Il représente aussi le tragique. Quant à Pylade, il surpasse le rôle du confident et devient un outil pour le dramaturge et le public. On peut alors se demander en quoi cette première scène qui répond aux critères d’une scène d’exposition est déjà un avant-goût du drame à venir ? Nous étudierons la question en trois points : D’abord en montrant que c’est une scène de présentation et non seulement d’exposition, puis en mettant en avant la présentation du personnage tragique qu’est Oreste par l’intermédiaire de Pylade au service du dramaturge.

 

Dans le cadre de cette scène d’exposition, le dialogue entre les deux amis qui se retrouvent permet, selon le principe de la double énonciation, d’informer le spectateur du passé et des sentiments des protagonistes. On apprend donc qu’Hermione a toujours été insensible à l’amour d’Oreste, et que celui-ci est esclave de sa passion pour Hermione. « La scène est à Buthrot, ville d’Épire, dans une salle du palais de Pyrrhus », voilà comment commence le texte de Racine qui plonge le lecteur et le spectateur dans une tragédie certaine car le choix du lieu n’est pas anodin. Le palais est en effet le lieu par excellence du tragique. Dès la première scène on voit donc que l’arrivée d’Oreste en Épire pose un cadre spatio-temporel. On notera également que le fils d’Agamemnon arrive au palais le matin car Racine respecte l’unité de temps (la durée de l'action est d'une journée) : ainsi le matin que Pyrrhus déclare à Andromaque qu'elle a une journée pour se décider. Pendant tout le jour, Andromaque cherche en vain à sauver son fils sans épouser Pyrrhus. À la fin de la pièce, c'est le soir : Andromaque est Reine et Pyrrhus mort. Cette première scène présente également une situation. Puisqu’en effet, Oreste qui revient de son long voyage, ignore tout ce que Pylade va lui raconter, tout comme le spectateur. Ces événements sont racontés au présent de narration et participent ainsi aux informations nécessaires que doit donner la scène d’exposition : c’est ce qu’on retrouve dans la plupart des répliques de Pylade, sauf la dernière qui sert de conseil du moins de remontrance. La situation est donc déjà présente quand Oreste entre en scène, et les spectateurs apprennent ce qu’il y a à savoir en même temps que lui. De plus, Oreste narre un long récit dont les marques sont : le temps du passé simple : « Tu vis naître », « quand je me souvins » auquel s’ajoutent des passages au présent de narration : « J’entends de tous côtés », « J’apprends que... »  et une succession d’actions dont il est le héros : « J’y courus », « je brigue le suffrage ». Le personnage se déplace également dans différents lieux : « de mers en mers », « dans la Grèce », « en ces lieux ». Le récit rend compte d’événements qui se déroulent ou se sont déroulés hors scène. Il permet une échappée vers l’extérieur qui ne peut être représentée ici, en vertu de la règle d’unité de lieu. Ce début qu’on pourrait dire In medias res permet l’une des caractéristiques d’une scène d’exposition au théâtre : plaire au spectateur. Cette technique consiste à plonger le public au cœur d’une action en cours. En effet, dès la première scène, il est question du tragique comme nous allons le voir plus tard. On y rencontre des personnages qui jouent un rôle essentiel dans cette intrigue qui s’exprime sur des faits passés qui impactent toujours le présent comme la chute de Troie et la capture d’Andromaque : ce qui suscite la curiosité du lecteur ou du spectateur.  Cette scène repose donc sur le couple Placere, Docere qui donne une scène plaisante, remplie d’informations nécessaires. De plus, il est clair que ce début sert à la mise en route de l’intrigue de la pièce : après l’énoncé des circonstances par ce dialogue informateur, l’action va se jouer.

Le personnage qui est forcément le premier évoqué dans cette scène puisque Oreste est épris d’elle. La fille de Ménélas est omniprésente dans ce dialogue, où son nom est répété cinq fois et où parfois on la nomme par des adjectifs ou des périphrases : « la cruelle » par exemple. Elle est, dans un premier temps, présentée comme la fille de Ménélas de Sparte puis est très vite rattachée à Pyrrhus à qui elle est promise en mariage au plus grand regret d’Oreste. Un portrait double donc qui présente d’abord une Hermione pleine de « charme » qui est répété 4 fois et « d’attraits ». On comprend tout de même que cette description positive se limite peut-être au physique puisqu’elle va être qualifiée « d’ingrate » ou de « cruelle » dans la suite du texte. En effet, la figure héroïque que représente Hermione semble entachée par son amour pour Pyrrhus. Si elle méprise donc l’amour d’Oreste, elle paraît asservie de cet amour et Pylade complète en montrant « qu’elle pleure en secret le mépris de ses charmes ». C’est donc le personnage de Pyrrhus qui pèse sur Hermione. Ce dernier a d’ailleurs le droit à un portrait tout aussi nuancé : s’il est le fils du célèbre Achille, et roi d’Épire, il n’en reste pas moins que son image est défaite par l’amour qu’il porte à Andromaque, la Troyenne. La description du roi d’Épire se fait à travers des paroles rapportées : « on dit que », « j’entends que » explique Oreste. C’est un portrait qui se fait donc à travers les rumeurs et discussions du peuple. « On se plaint qu’oubliant son sang et sa promesse », montrent ainsi que l’amour aveugle le personnage de Pyrrhus qui oublie jusqu’à sa nation. Il est « peu sensible aux charmes d’Hermione », mais « on lui voit tout tenter pour fléchir sa captive ». En proie aux passions, il n’est plus qu’un « amant irrité » dont le cœur est en désordre : « un cœur si peu maître de lui ». Pyrrhus perd, tout comme Hermione, son héroïsme car il aime ce qui n’est pas convenu. Dès la première scène on comprend donc que Racine y développe sa philosophie et sa critique des passions amoureuses. Reste enfin à présenter Andromaque et Astyanax, les Troyens captifs des Grecs. On désigne la veuve d’Hector non par son physique ou son esprit mais par ses actes et sa condition de captive. C’est d’abord celle qui « trompa l’ingénieux Ulysse » en se sauvant de la cité avec son fils. Si elle est captive, elle n’en reste pas moins adorée par Pyrrhus. Et justement, c’est « une veuve inhumaine », qui reste insensible aux avances du fils d’Achille, qui pourtant menace la tête de son enfant (on peut y voir encore une caractéristique négative de Pyrrhus). Andromaque est celle qui repousse donc les avances d’un roi.

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