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Commentaire du procès de l’Etranger d'Albert Camus :

Commentaire de texte : Commentaire du procès de l’Etranger d'Albert Camus :. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Mai 2018  •  Commentaire de texte  •  1 784 Mots (8 Pages)  •  1 868 Vues

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commentaire le procès de l’étranger Albert Camus :

Introduction :

Le texte soumis à notre étude est un extrait de la seconde partie de L’étranger d’Albert Camus célèbre philosophe existentialiste de l’absurde, cet extrait se déroule principalement au tribunal : c'est le procès de Meursault qui a assassiné un homme plus précisément un arabe sur la plage en lui tirant dessus. C'est le moment de la confrontation du personnage avec la société. Dans le contexte difficile de la colonisation, le meurtre d'un Algérien par un Français est une situation plus politique que judiciaire. Mais l'enjeu du procès, tel qu'il est défini par les juges et les avocats, est de savoir si Meursault a prémédité son crime, ce qui lui vaudrait la peine de mort, encore en vigueur en France. Se suivent à la barre, témoins, amis, connaissances de Meursault. Puis vient la plaidoirie de l'avocat. Nous nous demanderons alors comment le plaidoyer de son avocat provoque-t-il le détachement de Meursault ?

Après avoir vu dans une première partie une justice qui est ici ridiculisée nous pourrons constater le détachement de Meursault à l’égard de son propre procès

I) Une justice ridiculisée :

A) Les caractéristiques du plaidoyer :

Tout d’abord l’auteur cherche à atténuer la responsabilité de Meursault en parlant de

« provocation » de la part de l’Arabe, ce qui contredit l’idée de préméditation défendue par le procureur. De plus ,la majeure partie du plaidoyer s’intéresse en réalité au caractère de Meursault, à la question de sa moralité (répétition successives du mot «âme»), en réponse au réquisitoire du procureur : il fait un portrait élogieux de Meursault ( « régulier » « infatigable » « fidèle » « aimé » ) en évoquant ses rapports au travail ( « aimé de tous » ), puis ceux avec sa mère (termes mélioratifs « fils modèle » ), ce qui montre qu’il remet en cause la « monstruosité » de son client ; il ne parle pas de l’enterrement, sans qu’on sache pourquoi. Il conclut sa prestation par l’évocation du caractère non prémédité du crime

 (« une minute d’égarement »), ce qui l’a mené à demander que la vie de Meursault soit épargnée. Il met en évidence le « remords éternel » de ce dernier comme entant déjà un

« châtiment » suffisant. Il essaie d’attirer la compassion, la bienveillance des jures, de rendre Meursault humain. Mais son discours est maladroit et stéréotypé.

B) Le ridicule de ce plaidoyer :

En effet, la conversation entre Meursault et un gendarme (discours direct et indirect) révèle que le discours de son avocat n’est en rien original, mais qu’il est stéréotypé, donc pas très convaincant. Ensuite, l’avocat se montre arrogant : il déclare qu’il peut lire dans l’âme de Meursault « à livre ouvert » (métaphore), alors qu’il ne fait pas de doute aux jures et au lecteur que Meursault demeure un personnage mystérieux, difficile à comprendre. Son discours est marqué par de nombreuses prétentions : « je me suis penché » et il a une position de supériorité comme si Meursault était un simple objet à analyser.

Son discours est ponctué d’hyperboles (« infatigable », « aimé de tous », « fils modèle », ; « dont je traînais déjà, comme le plus sûr des châtiments, le remords éternel ») qui le rendent caricatural : il n’est pas adapté à la personnalité de Meursault. L’avocat dit des choses qui manquent de justesse sur Meursault, pour le faire rentrer dans une norme acceptable par la société. Or Meursault refuse de s’y soumettre (il n’a jamais manifesté de remords envers son crime, et affirme d’ailleurs ne pas le regretter).

Enfin les verbes de perception et d'opinion nous montrent que le point de vue est interne : les paroles de l'avocat sont entrecoupées par les pensées de Camus montre que Meursault ne se reconnaît pas dans ces propos : il insiste sur le fait que c’est l’opinion de son avocat « pour lui ». Il signale alors lui- même la médiocrité de son avocat (« ridicule »), et le dévalorise par rapport au procureur (comparaison). Enfin, il signale les oublis de la plaidoirie : « j’ai senti que cela manquait dans sa plaidoirie ».

C) Une grande mise en scène :

On a l’impression que le procès n’est qu’une une mise en scène vidée de sens :
L'attitude des jures est mécanique avec leurs éventails : Camus semble souligner ironiquement cet aspect mécanique, à l’aide d’une antithèse (« grands ventilateurs » / « petits éventails »). « L'après-midi, les grands ventilateurs brassaient toujours l'air épais de la salle, et les petits éventails multicolores des jures s'agitaient tous dans le même sens. » : cette phrase dévalorise la scène : les jures sont rapprochés ironiquement avec les ventilateurs. L’expression « brasser l’air » peut évoquer le caractère superficiel du procès : on a l'impression que tout cela est superficiel et que c'est un peu du vent, que c'est une comédie. D’ailleurs, les jures agitent leurs éventails dans le même sens, ce qui pourrait laisser entendre qu’ils incarnent la société qui condamne de manière homogène un individu comme Meursault qu’elle ne parvient pas à comprendre.
Les félicitations finales des autres avocats sont rapportées au discours direct : l'attitude des collègues de son avocat à la fin de sa plaidoirie donne une impression d'automatisme : c'est dans leur habitude de venir féliciter l'avocat de l'accusé à la fin d'une longue plaidoirie, ils répondent à un rituel et disent des paroles convenues qui virent dans la caricature. Et celà a quelque chose de cruel pour Meursault que de lui demander son impression sur le discours de son avocat : on s'adresse à lui sans retenue comme s’il n'était pas concerné par le jugement (« Hein ? »).
C’est cette impression d’absurdité qui explique la réaction de Meursault et l’évolution de ses sentiments au fil du texte.

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