Commentaire Linéaire, extrait de l'Œuvre de Zola

                                                         Écrire et penser la fiction III

                                                               “Décrire l’œuvre d’art”

Commentaire Linéaire:

Émile Zola est un écrivain et journaliste français, né à Paris le 2 avril 1840 et mort dans la même ville le 29 septembre 1902.

Considéré comme le chef de file du naturalisme, mouvement littéraire en prolongement du réalisme et qui s'attache à peindre la réalité en s'appuyant sur un travail minutieux d’observation et de documentation. Il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart, fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire.

Cette saga met en scène la trajectoire de la famille des Rougon-Macquart, à travers ces différentes générations et dont chacun des représentants d'une époque et d'une génération particulière fait l'objet d'un roman.

L'Œuvre, publiée en 1886, est le quatorzième volume de cette série. L’ouvrage nous entraîne dans le monde de l’art et des artistes, à travers le portrait d’un peintre maudit, Claude Lantier, dont le personnage évoque Paul Cézanne, grand ami de Zola.

Dans le chapitre 4, Claude est dans son atelier et reçoit la visite de Christine, alors qu’ il n'espérait plus la revoir, elle prend l'habitude de lui rendre visite régulièrement.

Peu à peu, ils se connaissent, parlent beaucoup ensemble et leurs rencontres se finissent par de longues promenades dans Paris. Mué d’un nouvel élan de tendresse pour la jeune femme, Claude pose son regard sur les paysages citadins qu’il parcourt avec Christine et nous en donne une fresque impressionniste.

Nous nous demanderons alors, quels sont les procédés littéraires utilisés pour peindre le portrait de Paris dans cet extrait ?

Nous pourrons distinguer trois axes au cours de notre commentaire, nous permettant de répondre à ce questionnement. Le premier portera sur la métaphore d’un Paris débordant de vie sous le regard de Claude, à l’image du peintre mué d’un amour nouveau, puis de sa mise en valeur par le crépuscule du soleil, puis nous terminerons par le sublime et le chaos que crée le temps sur cette lumière naturelle qu’il contemple.

Alors que Claude raccompagne Christine chez elle à la tombée du jour, l’auteur pose le regard du peintre sur la ville qui l’entoure et débute l’extrait par une exclamation, “Ah! Que de beaux couchers de soleils”, une affirmation subjective qui accompagnera l’ensemble de l’extrait .

En effet, la Focalisation du point de vue est interne au personnage de Claude et les premières lignes de texte nous rendent compte de l'itinéraire qu’il poursuit avec Christine, le lecteur voit ce que voit le personnage, “Des quais”, “des boutiques”, “la Seine” et ainsi de suite.

À travers son regard, nous voyons le crépuscule du soleil et toutes les féeries qui s’en découlent sur la ville. La lumière se reflète dans l’eau du fleuve tout le long de la promenade pour finalement retourner dans le ciel, où le soleil illumine les façades des maisons et donne des effets de projections sur les immeubles du bord de l’eau, “La danse des reflets au fils du courant". C’est la lumière qui crée cet effet de mélanges entre les éléments de la ville et de la nature. Zola cherche à imiter la peinture impressionniste à travers le regard de Claude et adopte un style qui lui permet de traduire les mots en taches de couleurs.

Le lecteur peut alors se visualiser la scène comme tout droit sortie d’un tableau de Manet.

De plus, il est intéressant de noter l’utilisation de qualificatifs comme chaud, assourdissant et coloré pour décrire la ville en elle-même, parlant “d'éternelle jeunesse” et faisant ressortir l’image d’un Paris comparable à un enfant bruyant, mais débordant de vie. Nous pouvons peut-être y voir ici une métaphore de Claude, un jeune homme tentant de percer dans les milieux artistiques parisiens, mais à cet instant, débordant de vie car illuminé par un soleil ardent.

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