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Commentaire De Texte Sur L'Education Sentimentale, Partie III Chapitre 5, de Flaubert

Note de Recherches : Commentaire De Texte Sur L'Education Sentimentale, Partie III Chapitre 5, de Flaubert. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Mai 2012  •  1 311 Mots (6 Pages)  •  2 808 Vues

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Baudelaire, le moderne

La modernité, c'est le sujet pris dans l'histoire. L'homme qui naît, qui souffre et qui meurt. Avec ses affections, ses vices, tribu payé au temps et à autrui. Les avatars singuliers d'une disparition, rien de plus. A chacun, comme le souhaitait Henri Michaux, de s'en tenir à "son transitoire". Sur la terre, l'homme est en transit. Aussi lui appartient-il d'assurer quantité de transitions, d'être un lieu de passage autant qu'un passager, et parfois de se consoler un peu de sa finitude en permettant au fini de transiter sur le papier vers une apparence d'infini.

Comme le sujet même qui l'arpente, la modernité est mobile et discontinue. Le "rôdeur parisien" s'inscrit dans une économie aléatoire de relations horizontales, de visages à visages, celle-là même que suppose la grande ville, en lieu et place de l'idéale économie romantique des relations verticales, qui privilégiaient le "pâtre-promontoire" et son mouvement inspiré vers quelque transcendance. Quand se retrouve, chez Baudelaire, ce mouvement d'élévation, c'est par excellence ou par défaut dans la solitude de la chambre, "à une heure du matin", lorsque l'artiste retranché loin de ses semblables endormis appelle à lui la grâce de quelques beaux vers. Le reste du temps, la verticalité est barrée, étouffée d'un "couvercle", ou tout juste entrouverte par le parfum d'une chevelure dans laquelle s'enfouit le visage.

Ce n'est pas par hasard que se répète dans la poésie de la seconde moitié du XIXe siècle, avec Baudelaire puis Mallarmé, l'image de la fenêtre et de son vertical écran transparent, lieu de voyance et d'aspiration, mais aussi bien écran de séparation que l'on ne saurait franchir. La fenêtre figure elle aussi le transitoire, ou l'impossible transition : on ne peut que donner sur, donner sur autrui, donner sur le monde, donner sur l'Azur. L'accès transparent est fermé. La transparence même fait écran. Celui qui troue "dans le mur de toile une fenêtre" ne sera que "pitre châtié", ayant trahi la loi de l'Art qui ne saurait être autre chose qu'un simulacre, un effet de miroir. Au lieu de permettre au sujet de s'échapper vers le céleste ou vers le monde, la fenêtre poétique -qui est aussi bien la page blanche peu à peu noircie- lui renvoie indéfiniment sa propre image. Elle devient ce ténébreux lieu de voyance où le "je" vit et souffre "dans d'autres que lui-même". Elle participe à la dépersonnalisation et à la pluralisation du "moi" qui ne peut plus s'identifier que dans une kyrielle de "je suis" : "Je suis un cimetière", "je suis un vieux boudoir". "Je" est le lieu où se recueillent les dépouilles de la vie d'autrui. Poème et poète sont un même sépulcre.

La fugacité fiévreuse du "Peintre de la vie moderne" anime le premier Petit Poème en Prose du Spleen de Paris, texte rapide, allègre, mobile où l'on questionne l'étranger, homme de passage et sans attaches, sur ce qu'il aime le mieux. Après avoir écarté la famille, les amis, la patrie, la beauté ou la richesse, il affirme: "J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... les merveilleux nuages!". Amour du fugace et de l'insaisissable, autant dire amour de rien d'autre que du mouvement même et de ses plus légères concrétions; amour, dans le présent, de ce qui s'en échappe, amour d'une aspiration indéfinie, merveilleuse en ce qu'elle allège, élève, et dégage des "miasmes morbides" pour emporter dans les "espaces limpides". Ce que le poème "Élévation" des Fleurs du mal formule comme un programme mystique, avec une certaine grandiloquence, "L'Étranger" le répète sur le mode mineur, d'une manière plus moderne, en inventant la forme volatile de la légèreté et la fugacité qu'il évoque.

Ces nuages circulent au-dessus de la ville qui est, chez Baudelaire, le paysage moral de cette indéfinie transitivité. "Avec son absence de végétation, sa laideur, son asphalte, sa lumière artificielle, ses effondrements de pierres, ses péchés, sa solitude dans les tourbillons

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