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Commentaire Composé de l'oeuvre Incendies

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Par   •  4 Mars 2015  •  1 754 Mots (8 Pages)  •  1 979 Vues

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Commentaire

Introduction

Incendies est le second volet d’une trilogie, qui comprend deux autres pièces Littoral et Forêts, trois textes centrés autour de la recherche d’identité et la quête des origines. Au début de la pièce, Nawal Marwan vient de mourir, et dans son testament elle demande à ses deux enfants, deux jumeaux, Simon et Jeanne, d’aller à la recherche de leurs origines, de quitter le Canada dont ils croient être orignaires pour retourner au Liban, où se trouvent encore un frère et un père qu’ils m’ont jamais connus. Ainsi la pièce va s’organiser autour du voyage entrepris par les deux jeunes gens , mais aussi avec des flask-back permettant aux spectateurs de connaître la vie de Nawal tout au long du temps. La scène ici nous la présente à l’âge adulte, en compagnie de son amie Sawda, alors qu’elles se retrouvent toutes deux confrontées à la violence de la guerre civile qui déchire le Liban, et qu’elles s’interrogent sur ce qu’il faut faire. De quelle manière le récit de Sawda s’intègre-t-il ici dans une réflexion plus générale sur la violence et la vengeance ?

I Organisation du récit : Le déchaînement d’une violence terrible

Le récit de Sawda raconte les violences perpétrées par les miliciens contre des réfugiés, et renvoie à des événements historiques, c’est-à-dire les massacres de Sabra et de Chatila, en septembre 1982, lorsque les phalanges chrétiennes ont attaqué ces deux camps de réfugiés palestiniens.

La violence est exposée en deux temps :

D’abord une violence générale, qui se caractérise par la rapidité et la totalité : les miliciens sont comparés à des «fous furieux », le terme de fureur revenant à la ligne suivante « on a entendu la fureur des miliciens » (allitérations en f qui soulignent cette brutalité).

Cette violence rapide et totale est exposée en une seule phrase qui décrit toutes leurs actions « Ils ont commencé par lancer les enfants contre le mur, puis ils ont tué tous les hommes qu’ils ont pu trouver » : l’adverbe rapidement de la phrase précédente est ici appuyé par la distinction « ils ont commencé…/puis… » qui témoigne du caractère méthodique d’une opération qui ne vise qu’à tuer. Les cris, et les hurlements encadrent cette action : « Les premiers cris ont réveillé les autres » / « Les cris montaient des gorges et s’éteignaient et c’était une vie en moins ». Le premier cri est un cri d’alerte et le deuxième est un cri de mort.

Après cette unique phrase, qui décrit les actes des miliciens, on a l’impression que tout est terminé. Le texte nous présente ensuite les résultats de cette violence dans un tableau du carnage : une phrase nominale : « Les garçons égorgés, les jeunes filles brûlées », un rythme ternaire : « Tout brûlait autour, Nawal, tout brûlait, tout cramait » (l’emploi du terme plus familier « cramer » accentue l’horreur), et une image : « Il y avait des vagues de sang qui coulaient des ruelles » (la métaphore ici employée n’est pas une hyperbole, mais la transcription de la réalité).

Mais Sawda poursuit son discours, avec le récit d’une violence particulière, exemplaire même de l’atrocité de la guerre civile : elle raconte une violence totalement préparée, précise, ciblée, et joue ici sur une dilatation du temps, à l’inverse du début de la tirade. Elle alterne en effet les moments de description caractérisés par l’imparfait (« Je voyais le tremblement de leurs jambes », « Et elle…tournait la tête à droite et à gauche et regardait chacun de ses trois fils », « Je la voyais entre le tremblement des jambes de ses fils » « Et tout son corps hurlait ») et les moments d’action avec le passé composé : « « l’un d’eux lui a hurlé », « elle l’a regardé et elle lui a dit », « elle a dit un nom, elle a dit « Nidal ».

Cette dilatation du temps accroît la tension en passant par des descriptions précises : le regard, les tremblements. Wadji Mouawad joue avec la reprise d’expression comme « et » et « alors » qui vont dans le même sens.. L’emploi du style direct dans les paroles du milicien et un pseudo dialogue entre la mère et le milicien rend la scène plus vivante : on se retrouve dans le procédé de l’hypotypose.

« Description telle qu’elle permet au lecteur de se représenter un objet, un être, un paysage ou une scène, comme s’il les voyait; l’actualité de ce qui est décrit devient celle du lecteur; ce qui est posé a soudain le relief du présent »

http://lettresexperts.net/index.php?option=com_glossary&letter=H&id=61&Itemid=241

C’est une scène de violence physique et psychologique.

Nawal et Sawda (m.e.s de Wadji Mouawad, 2009 Avignon)

II Un récit symbolique

Le récit de Sawda insiste sur un certain nombre d’éléments qui accentue l’horreur de la guerre civile (c’est-à-dire entre les citoyens d’un même pays).

D’abord, les victimes sont avant tout des civils, et plus encore des enfants ou des adolescents : « ils ont commencé par lancer les enfants contre

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