Cette scène de la nuit tragique est-elle traitée de la même manière par Tavernier et Madame De Lafayette ?

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Sujet : Cette scène de la nuit tragique est-elle traitée de la même manière par Tavernier et Madame De Lafayette ?

Les auteurs à tendance moraliste entreprennent très souvent d'incorporer dans leurs œuvres des scènes tragiques. C'est notamment le cas de Madame de Lafayette dans son ouvrage La Princesse de Montpensier avec la scène de la nuit tragique qui marque l’apogée de son récit. Cette scène est tout aussi prépondérante dans l'adaptation cinématographique de l'ouvrage par Tavernier. Toutefois, cette scène subit-elle le même traitement chez les deux auteurs ? Nous allons expliciter cela en étudiant d’une part les différents traitements dans la forme de ces deux scènes et d'une autre part le traitement des enjeux qui en découlent chez chacun des auteurs.

Dans la forme, les approches des deux auteurs sont subtilement nuancées. En effet, chez Madame de Lafayette, nous pouvons remarquer une théâtralité permanente. Cela se manifeste entre autre par une insertion du discours direct. Les dialogues sont brefs et très expressifs. On remarque la présence d'onomatopées comme « Ah » et des phrases à l’impératif « Ôtez-moi la vie vous-même » . Cette expressivité renforce la théâtralité. À cela s'ajoute la notation des mouvements des personnages et la mise en exergue de leurs passions. Par exemple, le trajet du Duc de Guise et du Comte de Chabannes y est décrit avec précision. Cette théâtralité semble être plus absente chez Tavernier. En effet, la scène dans la chambre est courte et les 3 protagonistes qui y sont présents (la Princesse de Montpensier, le Prince de Montpensier et le Comte de Chabannes) sont très statiques. Le discours direct est moins prononcé. Toutefois, Tavernier dramatise cette scène notamment avec l'entrevue entre le Comte de Chabannes et le Duc de Guise. On y voit ce dernier menacé le comte avec une dague. Tavernier dramatise également l’arrivée de Guise jusqu’à la chambre avec un jeu de clair-obscur dans un espace labyrinthique et surtout avec un montage alterné entre l’attente de Marie et les soupçons de Montpensier.

L'approche des enjeux diffère. En effet, Madame de Lafayette a fait de cette nuit une pure scène de tragédie qui précède la fin de son récit. En effet, cette scène est à l'origine de la chute de la Princesse de Montpensier. Chabannes y est répudié, le prince est doublement trahi et l'exprime en disant : « Que vois-je, lui dit-il ? Est-ce une illusion ou une vérité ? Est-il possible qu’un homme que j’ai aimé si chèrement choisisse ma femme entre toutes les autres femmes, pour la séduire ? Et vous, madame, dit-il à la princesse, en se tournant de son côté, n’était-ce point assez de m’ôter votre cœur et mon honneur, sans m’ôter le seul homme qui me pouvait consoler de ces malheurs ? ». On constate également des effets tragiques typiques avec l’évanouissement de la Princesse et l'omniprésence du lexique de la souffrance. Tavernier, même en conservant l'aspect dramatique, en fait surtout une scène romantique. En effet, c’est surtout la découverte de l'amour par la Princesse de Montpensier. Avec un plan en plongé qui fait référence à la préparation du mariage, on voit

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