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Bakhtine

Dissertation : Bakhtine. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Avril 2022  •  Dissertation  •  4 067 Mots (17 Pages)  •  273 Vues

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Qui n’a jamais rêvé de vivre une autre vie juste le temps d’un instant ? Le carnaval nous offre cette possibilité à travers l’art du déguisement et de nombreuses autres caractéristiques qui lui sont propres. Historien et théoricien russe, Mikhaïl Bakhtine écrit dans son essai La Poétique de Dostoïevski : "Le carnaval est un spectacle sans la rampe et sans la séparation entre acteurs et spectateurs. Tous ses participants sont actifs, tous communient dans l'acte carnavalesque. On ne regarde pas le carnaval, pour être exact, on ne le joue même pas, on le vit, on se plie à ses lois aussi longtemps qu'elles ont cours, menant une existence de carnaval. Celle-ci pourtant se situe en dehors des ornières habituelles, c'est en quelque sorte "une vie à l'envers", un monde à l'envers." Paru en 1929 par les éditions Seuil après l’arrestation de l’auteur soupçonné d’activitées anti-soviétiques, cet essai post-formaliste russe a permis à Bakhtine de présenter deux conceptes clés, la polyphonie, qui est pluralité des voix et des idées, ainsi que le carnaval, type particulier de manifestation sociale. Bakhtine définit alors le carnaval comme un spectacle. D’après le dictionnaire Larousse, un spectacle est “l’ensemble de ce qui se présente au regard, à l’attention, et qui est capable d’éveiller un sentiment”, cela correspond donc bien au carnaval. Le mot carnaval tire son origine dans le latin “carnevale” qui signifie “retirer la viande”, il renvoie au carême, période durant laquelle tout aliments dit gras était supprimé des repas. Le carnavalesque caractérise donc tout ce qui a trait au carnaval et qui relève du grotesque. Comme l’explique Bakhtine dans la citation, l’existence du carnaval se situe hors des ornières habituelles, en dehors des sentiers battus, le carnaval permet de sortir du quotidien en renversant tout ce qu’on connaît.

Il sera question ici de se demander dans quelle mesure cette citation de Bakhtine donne-t-elle une définition du carnaval, et explique-t-elle le rôle et l’importance de celui-ci, qui est l’élément central des œuvres étudiées ? Pour répondre à la problématique, on s'appuiera donc sur les romans Balthazar de Lawrence Durrell et Le Concert Baroque d’Alejo Carpentier, ainsi que les films Molière d’Ariane Mnouchkine et Orfeu Negro de Marcel Camus. Il s’agira de voir dans un premier temps ce qu’est le carnaval, puis son importance et son rôle dans la littérature, et finalement le concept de “carnavalesque”.

Dans un premier temps, il est question d’étudier la définition de ce qu’est le carnaval selon Bakhtine dans sa citation, en s’appuyant sur nos quatre œuvres. D’une part, en exposant le carnaval comme un spectacle “sans la rampe”, d' autre part comme un spectacle qui vit. Enfin, il s’agira de voir le monde à l’envers qui peut être retrouver dans ce genre de fête.

Tout d’abord, il faut mettre en valeur le carnaval en tant que spectacle “sans la rampe”. En effet comme le dit très bien Bakhtine il n’y a pas de séparations entre les acteurs et les spectateurs. Le carnaval est présent dans nos quatre œuvres et il est alors possible d’observer ce phénomène. Les participants sont en même temps des acteurs puisqu’ils participent au carnaval mais aussi des spectateurs puisqu’ils peuvent contempler les costumes, maquillages et actes des autres participants. Ils ont ainsi deux rôles dans cet évènement. Si nous prenons le personnage de Jean-Baptiste Poquelin dans le film d’Ariane Mnouchkine qui participe à la fête du carnaval, nous remarquons que c’est un acteur de ce spectacle mais qu’il est également spectateur de toutes les autres personnes avec lui qui participent. Cela est pareil pour les personnages tels que Nessim, Orfeo ou alors le Maître créole qui prennent part également à cette fête dans les autres œuvres. En plus de la barrière entre acteurs et spectateurs, celle des différentes classes sociales est abolie. Effectivement, dans l'œuvre de Alejo Carpentier, le Maître créole participe à la fête de carnaval à Venise en compagnie de son valet Filomeno. Nous avons donc bien ici deux classes totalement opposées qui se mélangent. Par la suite, ces deux personnes se joignent à des musiciens tels que le Prêtre Roux (Vivaldi). Il y a alors une troisième classe qui se mélange aux deux autres. Cela permet également à des gens de certaines classes sociales élevées de faire ce qu’il souhaite. Par exemple dans Molière, le personnage principal vient d’une famille de tapissiers, qui n’est donc pas une classe basse de la société. Son père est contre son choix de faire du théâtre. Le carnaval va donc être l'événement qui lui donnera la force d’aller contre la volonté de son paternel et de travailler dans le monde du théâtre. Le carnaval lui permet d’aller à l’encontre de son statut social.

Ensuite, il convient de traiter la fête du carnaval en tant que spectacle vivant. Le carnaval a comme première particularité d’être une fête qui a pour but premier de défiler dans les rues. Evidemment, cela se remarque visuellement dans les films de Ariane Mnouchkine et Marcel Camus. Étant un art visuel, les films offrent des scènes de défilé claires à celui qui regarde le film. Dans les romans de Carpentier et Durrell, les lecteurs doivent imaginer les scènes. Le registre baroque permet de se plonger dans cette fête fictive. En effet, il offre une profusion de termes se référant par exemple à la musique. Cela transmet l’ambiance musicale du carnaval aux lecteurs sans pour autant utiliser d’éléments sonores. En addition aux termes musicaux s’ajoutent les éléments qui se réfèrent à la couleur. Le chapitre IV de Concert baroque offre un panel presque infini de description colorée. Les groupes nominales juxtaposés “en jaune orange et jaune mandarien, en jaune canari et en vert grenouille, en rouge grenat, rouge de rouge-gorge, rouge de coffres chinois, en costume à carreaux bleu indigo”, et plein d’autres encore, permettent la visualisation de tous les costumes colorés qui se trouvent au carnaval de Venise. Toutes ces fioritures engendrent la projection du lectorat dans la scène vivante du carnaval qui peut être visible dans la réalité. Les personnages vivent ce spectacle autant que possible. Ils se déguisent et même se camouflent pour cacher leurs identités. Cela est le cas dans Balthazar. Les personnages qui participent à la fête portent tous le même habit noir qui leur offre alors un anonymat pour profiter de l’évènement. Dans le film de Camus, les habitants des favelas défilent en groupe durant le carnaval. Ceci est la tradition des cordoes et chaque groupe représente un thème mis en avant par les costumes

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