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Apologue satirique dénonçant la première guerre mondiale

Mémoire : Apologue satirique dénonçant la première guerre mondiale. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Mai 2022  •  Mémoire  •  890 Mots (4 Pages)  •  368 Vues

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Pièce de théâtre

Les personnages :

Grosjean

Champmathieu

De la Haye

GROSJEAN est assis, un calepin à la main, écrivant. CHAMPMATHIEU est à ses côtés, les yeux perdus dans le vide. DE LA HAYE reste dans les coulisses.

C : Qu’est-ce que tu écris encore, Grosjean ? (moqueur) Tu sais, elle doit être déçue, ta dulcinée, à recevoir des billets doux tous les quatre matins. Elle ne peut même pas folâtrer avec les garçons du village sans se dire « Dire que lui, sous la mitraille, il continue de m’aimer. »

G (indifférent) : Avec qui veux-tu diable qu’elle s’amuse? Au vu de la mobilisation générale, il ne doit plus rester grand monde à part des lycéens et encore…

C : Alors qu’est-ce que tu écris ? Des poèmes sur l’importance des petits oiseaux, des beaux vergers bien cloîtrés ? Des ballades sur des ombres de femmes devant lesquelles tout grand romantique doit se prosterner ? Des sonnets sur ta belle vallée natale, avec son ruisseau vif et frais, ses maisons coquettes et ses vaches à lait ? Ne me dis pas que tu écris un poème sur ton joyeux coin paumé d’enfance !

G : J’ai beau ne pas venir d’une grande ville, je ne suis pas né dans un « coin paumé ». Quant au reste, non : j’écris sur la guerre.

C : La guerre ! La belle affaire ! Je vois bien le genre, en effet. Tu t’es lancé dans un vibrant plaidoyer pacifiste, dans lequel tu décris ton champ de bataille, ses horreurs, ses cadavres. Tu racontes ton quotidien de soldat, tu insistes sur le caractère indescriptible de l’affaire. Tu accuses tes officiers d’être des ogres, tes généraux d’être des crétins et tes ennemis d’être des humains comme nous deux, parfaitement normaux, non ?

G (lève enfin les yeux de son calepin) : Que veux-tu que je te réponde ? Ça peut te sembler commun mais ceux qui ne la vivent pas, cette guerre, ceux qui naîtront dans les prochaines années ? Il faut leur léguer quelque chose, non ? Tant pis s’ils n’y voient pas d’originalité, dans mon pauvre carnet, tant pis s’ils le trouvent redondant. Je n’entends presque plus rien, à cause des obus je veux dire, et je maudis le destin de ne pas me faire sourd sur le champ, de sorte que je dorme un peu la nuit. Je me regarde, je me vois à plaindre, et je pense à ceux obligés de s’abreuver dans les chiottes, dans les forts à Verdun ! (il s’est mis à hurler)

H (venant d’apparaître, une liasse de papiers à la main, coupant G dans son élan) : Bonjour vous deux. Je viens livrer le bulletin de nouvelles du jour. (il tourne la tête, regarde alentour) Il n’y a pas grand-monde mais à part à l’infirmerie ou à la fosse commune, on ne peut pas dire qu’il y ait foule, d’habitude. Bon. Alors, qu’est-ce que je vois… (il lit sa première feuille) Rien d’original ici, une liste de morts : Ernest LE GARS, Guy LE GARS, Robert LE GARS, Jean-Édouard LE GARS, Frédéric LE GARS… Je vous épargne la fin. (il lève les yeux de sa feuille et les regarde) Toute une fratrie décimée comme ça, d’un coup, en un seul jour. C’est triste. (les autres haussent les épaules et se regardent, presque indifférents) Ensuite nous avons… (il continue de feuilleter) des

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