Analyse de l'oeuvre Ashini

Premiers habitants des terres américaines, les Amérindiens ont vu au cours de l’histoire certains de leurs droits bafoués et ont notamment été expropriés. Face à un tel affront, il apparaît évident que s’installera une certaine frustration chez les victimes, si ce n’est une rébellion.

C’est dans ce cadre que s’inscrit l’œuvre de Yves Thériault, Ashini. Paru en 1960, ce roman s’inscrit dans le courant littéraire réaliste. Il raconte l’histoire d’Ashini, un Montagnais vivant seul après la mort de sa femme et ses fils. Se considérant comme le dernier des siens, il aspire à regagner la liberté de son peuple. Le roman d’Yves Thériault nous présente donc un personnage principal à la conquête des libertés perdues de son peuple. Son combat porte une valeur poétique tout en ayant une valeur épique.

Notre personnage principal éponyme de l’œuvre défend une cause noble. Il revendique pour les siens, et ce, dans un premier temps, de façon poétique. En effet, Ashini accorde une valeur sentimentale à sa quête. Notre héros emploie un discours empreint de lyrisme. Cela peut s’observer notamment à travers un champ lexical de l’émerveillement et de la beauté illustrée par des mots tels que « contempler » (p.19), « admirer » (p.19), « beau » (p.19), « bon » (p.19), mais aussi « saveur » (p.19). L’emploi d’un tel vocabulaire n’est pas anodin, car il montre que la cause que défend notre personnage principal vaut la peine d’être défendue. En effet, Ashini est prêt à batailler pour que le relief si atypique et la végétation si singulière de ses lieux soient préservés et qu’il puisse y demeurer, car il ne veut aller nulle part ailleurs. Ashini est attaché à ses terres, à son pays, « le pays des Montagnais » (P.40). Mais notre protagoniste ne fait pas que magnifier les paysages de ses terres, il célèbre sa langue à travers la comparaison « une langue rythmique, ardente, susurrante comme le vent dans les feuillages » (P.49). Ashini louange tous les aspects de sa culture. Il va jusqu’à magnifier sa langue. De plus, il la compare à un élément de la nature. La langue montagnaise est belle, elle est rythmée et discrète, et par-dessus tout, Ashini l’aime. Si la valeur d’un peuple doit s’apprécier en fonction de sa culture, il apparaît évident que les Montagnais ont une grande culture et il est important de revendiquer la liberté de ce peuple.

Néanmoins, au-delà de ce premier point, l’aspect poétique de la quête de notre héros est démontré à travers un discours empreint de symbolisme. Avant tout, nous remarquerons dans les toutes premières heures de l’histoire le symbolisme autour du nom du personnage. « Ashini, moi, le roc, le granit tenace, la haute pierre des sommets mangée par le vent, polie par les pluies froides. » (P.2) Comme en témoigne ce passage, Ashini signifie le roc en langue montagnaise. Le roc, la pierre, constitue quelque chose de solide, assez solide pour mener bataille et il l’énonce clairement dans ce passage de l’œuvre « Moi, Ashini, dur comme pierre » (P.33). De plus en s’assimilant au roc, Ashini ne fait-il pas référence à la montagne qu’il contemplait plus haut ? Lui et la montagne étant faite de pierre ? En fait, Ashini revendique le droit à sa terre jusqu’à s’assimiler à elle. Mais Ashini n’est pas le seul à se comparer à un élément de la nature. Il compare aussi son ascendance dans la comparaison « fils d'Uapekelo, le Hibou blanc qui sait planer

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