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Flaubert, L'Education sentimentale, p.527-529

Commentaire de texte : Flaubert, L'Education sentimentale, p.527-529. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Mars 2023  •  Commentaire de texte  •  4 517 Mots (19 Pages)  •  132 Vues

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Explication Flaubert p.527-529

Introduction:

L’Education sentimentale de Gustave Flaubert est paru en 1869, ce roman d’apprentissage a été le sujet de nombreuses critiques notamment à cause de son agencement et de ses schémas narratifs particuliers. Flaubert choisit ici de charpenter l’histoire d’amour d’un jeune diplomé pour une femme mariée sur une toile de fond politique et historique offrant à ses contemporain un miroir de leur génération.

        Le passage que nous allons étudier est situé à la fin du roman, à la troisième partie. Après que Mme Arnoux ait fait défaut au rendez-vous convenu avec Frédéric (à la page 412, Partie 2, Chapitre 6) pour une raison que celui-ci ignore encore, leur relation est devenue plus froide. Cette scène se déroule quelque temps après les faits. En prétextant de chercher son mari, Frédéric tombe sur Mme Arnoux. Cet extrait se déroule sous forme de dialogue entre les deux personnages amants. Ces paroles font ainsi acte de leurs véritables retrouvailles et de l’aveux de leur amour.

En quoi cette scène de retrouvailles constitue-t-elle un premier avertissement de la fin tragique de ce roman ?

[ Expliquer les découpages ]

        Pour répondre, nous étudierons la première vague qui constitue une scène de rencontre ambivalente pour nos deux amants. Dans un second temps nous verrons en quoi la figure de Mme Arnoux est singulière et l’aveux des amants. Enfin, nous aborderons l’annonce tragique et l’écho avec la fin du roman que nous annonce ce passage.

  1. Une scène de retrouvailles ambivalente

        

        Pour commencer, nous pouvons noter que cette scène de retrouvailles est ambivalente et qu’elle ne se présente pas comme on s’y attendrait.

  1. Froideur des personnages et monotonie de leur relation

        Déjà, les personnages, qui ne se sont pas vus depuis leur dernier rendez-vous qui avait échoué, se montrent froids l’un envers l’autre.

→ En le voyant entrer, on constate que Mme Arnoux est “pâle” et elle tremble. Elle apparaît avec un teint maladif qui rend compte de sa surprise à la vue de l’homme qui a été son amant. Cette pâleur contraste avec la première vision que nous avons d’elle dans le roman (on parle de sa “peau brune” p47), mais s’en rapproche aussi puisqu’elle est vue comme une “apparition”, et donc on peut imaginer avec un aspect spectral. On peut aussi penser à la maladie qui a gravement touché son fils, et qui est à l’origine de l’échec de leur dernier rendez-vous. Cette pâleur de Mme Arnoux va être représentative de la froideur de leur échange dans cette scène. Cette pâleur fait donc échos à de nombreux passages du roman.

        → Les personnages n’échangent que des banalités, comme s’ils étaient des étrangers alors qu’ils ont été amants. L’atmosphère est pesante, on sent que Mme Arnoux ne comprend pas ce qu’il fait là à la brièveté de ses réponses. Elle est sèche, et se montre même sur la défensive par rapport à son mari : “Pourquoi pas”; l’amertume transparaît dans leur échange, même s’il n’est pas encore clairement exprimé, chacun en veut à l’autre.

        → Frédéric enchaîne avec des discussions décousues pour passer le temps, il pose des questions auxquelles elle répond rapidement : C’est toujours le même schéma, qui traduit la monotonie de leur relation, qui fait du sur-place.

        → Cette froideur se relâche un peu du côté de Mme Arnoux lorsqu’elle est contrainte d’évoquer sa fille, partie en pension, car elle est émue et malheureuse. On peut y voir une possibilité pour Frédéric de faire ses preuves auprès de Mme Arnoux, mais ce dernier ne tente pas de la consoler car il lui en veut de ne pas être venue à leur dernier rendez-vous, et il reste passif, à l’image du reste du roman. Le temps semble s’étirer à ce moment de l’extrait, avec l’emploi de l’imparfait, ce qui renforce l’atmosphère pesante qui règne entre eux.

→ Notons qu’elle est en train de coudre ou de broder quelque chose pour sa fille à ce moment-là, ce qui fait écho à leur première scène de rencontre sur le bateau; Mme Arnoux était justement en train de broder. Cette récurrence des évènements montre l’aspect cyclique de la construction de l'œuvre, leur relation est vouée à tourner en rond, les évènements se répètent sans jamais évoluer.

        → Ce dont on a eu l’impression à la lecture, c’était que leur dialogue était vide et sonnait faux dès le départ, puisque Frédéric venait initialement pour voir M.Arnoux. Dans Mme Bovary, on avait reproché à Flaubert ses descriptions cliniques et neutres. C’est justement cette neutralité dans la façon de parler de Frédéric qui ressort ici. Ils échangent sans que cela ne les mène nulle part, donc on peut parler de quotidianisation, car ce dialogue est en fait le reflet de leur amour platonique qui rend dérisoires les idéaux romantiques auxquels aspire Frédéric. (De plus, cet échange renvoie à la passivité de cette génération.)

        → Dès que Frédéric n’a plus d’idée de conversation, ils retombent “dans leur silence”. Néanmoins on remarque que ce silence semble exprimer davantage d’émotion que tout ce qu’ils ont pu se dire pour cacher leur malaise.

  1. Faux enthousiasme de Frédéric, une certaine hypocrisie

Mais cette scène va même au-delà de la froideur, puisqu’on constate que les personnages font preuve d’une certaine hypocrisie, notamment quand Frédéric joue sur plusieurs tableaux, avec Rosanette (p491) quand il lui dit qu’il n’a jamais pensé à Mme Arnoux.

        → Cette hypocrisie est présente dès l’arrivée de Frédéric, qui ne venait pas pour voir Mme Arnoux mais pour voir son mari, même s’il savait qu’il risquait de se retrouver face à elle. Elle est troublée, ce qu’on voit avec les points de suspension. Frédéric est mal à l’aise puisqu’il répond précipitamment : “Rien ! Le plaisir de voir d’anciens amis !” ce qui n’est pas tout-à-fait honnête. On a l’impression qu’il cherche à se justifier de sa présence, pour lui montrer que ce n’est surtout pas pour elle qui est venu. Le “Rien !” montre qu’il veut s’effacer, et en même temps il enchaîne sur un mensonge, ce qui le décrédibilise, comme un enfant pris en train de faire une bêtise, ce qui illustre la maladresse du personnage.

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