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Balzac, la tentation du suicide

Commentaire de texte : Balzac, la tentation du suicide. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Juin 2023  •  Commentaire de texte  •  1 123 Mots (5 Pages)  •  652 Vues

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Séance 5 : explication linéaire, « la tentation du suicide », édition Folio +, pages 35-36 de « Il existe je ne sais quoi » à « mourir »

        Dans la première scène du roman, au tripot, Raphaël de Valentin a joué son dernier napoléon, perdu sa dernière chance. Il est acculé au suicide. Son errance dans paris le conduit insensiblement vers la Seine. Balzac interrompt le cours du récit pour développer une réflexion d’ordre philosophique sur le suicide. Le texte soumis à notre étude est composé de deux parties nettement distinctes : la prise de parole directe de l’auteur qui présente une réflexion sur le suicide et la reprise du fil de la narration. La première partie comporte une particularité forte : la citation d’un emblématique entrefilet de journal qui interrompt la lecture (blancs typographiques, usage de l’italique). Comment définir la nature de cet extrait : étude philosophique ? drame tragique ?

La prise de parole directe de l’auteur, de « Il existe » à « sa femme et ses enfants »

Balzac interrompt la narration de son récit, fait usage du présent de vérité générale et n’hésite pas à signaler sa présence en tant qu’auteur. L’expression idiomatique « je ne sais quoi » exprime la difficulté à cerner une notion. Elle comporte le pronom personnel de première personne qui marque un engagement de l’auteur dans l’analyse. Les adjectifs « grand » et « épouvantable » sont des clés du roman. La grandeur et la terreur caractérisent le genre tragique. La suite du texte insiste sur la hauteur de la chute : il s’agit ici de la chute d’un « grand homme » dont Balzac ne définit pas le type. Par un rythme ternaire avec gradation, il rend compte d’une élévation suprême (« bien haut », « jusqu’aux cieux », « paradis inaccessible »).  La référence au paradis entrevu permet d’élargir à un universel : ce « grand homme » n’est pas un « grand de ce monde », un « surhomme », il est simplement un homme qui a perçu la possibilité de sa grandeur.

L’adjectif « implacables », attribut du sujet « ouragans » est mis en valeur par son étonnante antéposition. Son sens s’avère fort : est implacable ce qu’on ne peut fléchir, ce qu’on ne peut apaiser. Le terme rend compte d’une inéluctable fatalité, univers propre à la tragédie. De plus, l’antithèse, quasiment oxymorique, entre les deux compléments du verbe « demander »(« la paix de l’âme », « la bouche d’un pistolet ») accentue la puissance tragique.

Balzac évoque ensuite les éventuelles causes du suicide. L’adverbe « combien » peut aussi bien être considéré comme un interrogatif (l’auteur ne connaît pas le nombre et ne le précise pas) que comme un exclamatif qui introduit une question rhétorique, à laquelle la réponse est nécessairement « beaucoup ».

Le contraste entre le jeune talent confiné dans sa mansarde et la foule qui s’ennuie met en évidence d’une part ce qui va être considéré comme le mal du siècle (l’ennui) et d’autre part la condamnation d’une société dont la seule valeur est l’or.

Insensiblement, le propos glisse vers une réflexion sur l’artiste maudit dont l’œuvre n’est pas menée à terme. On perçoit ici la part autobiographique du récit. Balzac lui-même a vécu dans une mansarde et s’est astreint à un travail acharné. Il a parfois eu le sentiment que son œuvre avortait et qu’il ne pouvait mener à terme le chef-d’œuvre qu’il imaginait. 

En assimilant « suicide » et « poème », Balzac porte sur la destruction de soi le regard d’un écrivain qui transforme immédiatement la matière de l’existence en matière littéraire. Il procède derechef par antithèse : le radical de poème a pour origine le verbe grec poiein, « faire », « créer ». La destruction de soi devient objet de création. De plus, l’adjectif sublime revêt une certaine puissance évocatrice. En pleine période romantique, le sublime rend compte de la capacité de l’homme à dépasser ses limites.

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