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La Peur, Maupassant (1882)

Commentaire de texte : La Peur, Maupassant (1882). Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Avril 2017  •  Commentaire de texte  •  4 124 Mots (17 Pages)  •  16 730 Vues

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Commentaire composé sur La Peur (1882), Maupassant

La Peur est l’une des nombreuses nouvelles de Guy de Maupassant que l’on retrouve dans le recueil Les Contes de la Bécasse publié en 1883 après une première parution dans le journal littéraire Le Gaulois de 1882. Ecrivain prolifique, Maupassant réussit stylistiquement le mélange d’un cadre réaliste à celui d’éléments fantastiques. La nouvelle nous présente un enchevêtrement d’histoires : tout d’abord celle d’un premier narrateur qui présente le cadre initial. A cette présentation intervient le commandant du navire qui raconte la frayeur à laquelle il a été exposé suite à une mésaventure en mer. C’est alors qu’apparait « un grand homme à figure brûlée » qui exposa vision du mot « peur » et l’argumente en avançant ses propres aventures. Après avoir narré son expédition dans le désert du Sahara, qui fut assez troublante puisque son compagnon y trouva la mort, il revient sur une nuit d’hiver où il fut accueilli par un étrange garde forestier et les éléments succincts feront naître, chez le protagoniste, la véritable peur.                                                                                                            Dès lors, dans quelles mesures Maupassant parvient-il à glisser progressivement vers un récit fantastique ?                                                                                                                               Dans un premier temps, nous analyserons, le cadre et le déroulement de la narration du récit qui sont propices au surgissement du fantastique. Dans un second temps, nous verrons  comment le fantastique l’emporte sur le réel et comment Maupassant fait naître le doute chez le personnage et le lecteur. Enfin, dans une dernière partie, l’écrivain analyse le sentiment irraisonné qui s’empare parfois de l’âme anxieuse, autrement dit la peur.

  1. Un cadre et une narration qui participent à l’apparition du fantastique

La nouvelle commence « in médias res ». En effet, dans ce récit, le lecteur est placé au milieu des choses, c’est-à-dire au cœur de l’action «  On remonta sur le pont après dîner ». De plus, cette idée est également renforcée par l’usage du pronom indéfini « on ». Dès lors, on ne sait pas qui parle. Le narrateur n’est pas présenté. Le lecteur est donc placé dans un cadre confus. Au niveau de la narration, ce récit contient deux narrateurs-personnages et il est composé d'un récit-cadre et d'un récit encadré. En effet, d’une part nous avons le narrateur du début « nous » qui n’est pas clairement défini, instaurant le cadre de la nouvelle et rapportant l’histoire principale et qui suit la chronologie. Puis en second lieu on retrouve le personnage à la figure « brûlée », qui lui va rapporter une autre histoire à l’intérieur de la première sous la forme d’un retour en arrière, à savoir une analepse. Ainsi, Maupassant met souvent en scène, dans un bref prologue, des causeurs brillants et spirituels, qui ne tardent guère à se changer en narrateur; leurs récits, sollicités par un auditoire attentif, sont ainsi mis en valeur.     Par ailleurs, on peut remarquer que dans les deux récits la narration est interne. En effet, le récit-cadre utilise la première personne du pluriel « devant nous, la Méditerranée… nous étions là, six ou huit… » et le récit encadrant met en avant à la fois la première personne du singulier et du pluriel «  je traversais les grandes dunes…nous étions deux amis… ». Ainsi, L’effet du pronom « nous » , nous donne l’impression d’être un personnage dans l’histoire. En outre le pronom « je » nous montre le ressentiment du personnage principal. De plus, le pronom « il » «  il semblait sombre comme hanté d’un souvenir » nous procure la sensation de voir le personnage dont parle le narrateur et le pronom « notre » permet au lecteur de mieux s’identifier à cette angoisse. Enfin, tout le récit se structure par un rythme alterné et décousu. Ce rythme est créé à partir d’une alternance de la temporalité du récit à savoir entre, la plus part du temps, l’imparfait et le passé simple. L’imparfait est utilisé dans les descriptions « nous étions deux amis suivis de deux saphis » mais il s’emploie aussi pour des actions se répétant « je traversais les grandes dunes au sud de Ouargla ». Le passé simple quant à lui est utilisé pour marquer une action soudaine qui rompt ainsi avec la monotonie du récit « Soudain un de ces hommes poussa un cri, tous s’arrêtèrent et nous demeurâmes immobiles ». De plus, l’emploie des connecteurs logique tel que «  soudain », « tout à coup », «  alors », « aussitôt » participent à la dynamique du récit. Ainsi, l’alternance entre l’imparfait et le passé simple et l’utilisation des connecteurs de logiques marquent un effet de surprise et créent dès lors un rythme effréné. La narration est dès lors tendue ce qui plonge le lecteur dans un climat tumultueux et ce qui permet ainsi de laisser place au fantastique.                                                                                        D’autre part, la cadre ou la description de certain lieu sont également propice au registre fantastique.  Nous allons voir que le cadre initial décrit par l’énonciateur  nous plonge déjà dans une atmosphère angoissante. En effet, dès le début, le récit nous indique que l’histoire se déroule sur un bateau, naviguant au cœur de la nuit. «  Devant nous, la Méditerranée n'avait pas un frisson sur toute sa surface qu'une grande lune calme moirait. Le vaste bateau glissait, jetant sur le ciel, qui semblait ensemencé d'étoiles, un gros serpent de fumée noire ; et, derrière nous, l'eau toute blanche, agitée par le passage rapide du lourd bâtiment, battue par l'hélice, moussait, semblait se tordre, remuait tant de clartés qu'on eût dit de la lumière de lune bouillonnant. » L’eau joue un rôle important. Insaisissable tout en étant visible, elle est la représentation de l’être fantastique. De plus, le navire navigue sur des eaux calmes au cœur de la nuit ce qui est propice histoires effrayantes. La métaphore «  un gros serpent de fumée noire » vient renforcer la part de mystère et sert de ressort à la tension dramatique. D’autre on peut distinguer tout un halo de mystère autour du voyageur à la « figure brûlée, à l’aspect grave,  un de ces hommes qu'on sent avoir traversé de longs pays inconnus, au milieu de dangers incessants, et dont l'œil tranquille semble garder, dans sa profondeur, quelque chose des paysages étranges qu'il a vus ». Ce personnage, surgissant pour ainsi dire de l’ombre, crée donc un effet du suspens et laisse planer autour de lui un réseau de mystère, qu’on découvrira par la suite.

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