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Introduction à l’inconscient chez Freud par les Aventures de Tintin

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Par   •  19 Novembre 2023  •  Cours  •  4 288 Mots (18 Pages)  •  76 Vues

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Introduction à l’inconscient chez Freud par les Aventures de Tintin.

Introduction à l’inconscient chez Freud par les Aventures de Tintin.

        Nous nous appuierons sur l’interprétation que propose Serge Tisseron dans deux livres : Tintin chez le psychanalyste (Aubier, 1985) [noté I] et Tintin et les secrets de famille (Aubier, 1992) [noté II].

        Il s’agit ici d’introduire et de présenter la notion d’inconscient telle qu’elle a été élaborée par Freud au tournant du XXe siècle. Quelques remarques sont nécessaires pour comprendre de quoi il est question. Freud était un neurologue (un médecin) et non un philosophe. C’est donc dans une perspective thérapeutique que la découverte de l’inconscient s’est faite. Face aux symptômes de certains patients, qui ne présentaient pas de lésions ou de pathologies « organiques », il a été amené à faire l’hypothèse que ces symptômes devaient être compris comme l’expression d’un processus psychique qui était insu du sujet lui-même. Ainsi est née l’idée de l’inconscient et, c’est dans son ouvrage sur l’interprétation des rêves qu’il explicite toute une théorie pour rendre compte de sa découverte. Le point que nous voulons souligner est que l’inconscient est d’abord une pensée (aussi paradoxal que cela paraisse de prime abord) qui se déchiffre, c'est-à-dire qu’il se laisse atteindre par l’interprétation de ce par quoi il se fait entendre.

        L’interprétation psychanalytique suppose que ce qui soit pris en compte, ce qui est entendu, ne soit pas ce qui se donne à entendre le plus clairement. Ce qui s’exprime au titre de l’inconscient ne s’exprime que dans la déformation, dans le « mi-dire » pour reprendre une expression de Lacan. Ce qui se dit se dit de manière cachée, mais en se disant. L’interprétation vise à reconstruire la pensée à partir de ses fragments. De ce fait une certaine impression d’arbitraire entoure l’interprétation. Mais, et ce point doit être souligné, l’interprétation, si elle est une parole du psychanalyste, elle ne trouve son sens que dans la réponse de l’analysant. La psychanalyse est une pratique de l’analyse qui a d’abord son lieu dans l’analyse effectuée par quelqu’un avec quelqu’un d’autre. Dans ce que nous allons voir maintenant, la psychanalyse est appliquée comme méthode de lecture, comme technique herméneutique (interprétation des signes) à une œuvre en l’absence de son auteur.

        Venons en à l’interprétation d’une œuvre, celle d’Hergé (limitée aux Aventures de Tintin), qui sera ici prise comme lieu d’expression d’une pensée inconsciente. Ce lieu étant une création graphique de fiction, il permet bien des analogies avec le rêve, ce que nous reprendrons après l’exposition de l’interprétation.

I. L’interprétation des Aventures : étude de cas.

        Il s’agit de lire l’œuvre comme un tout qui se suffit à lui-même et non de supposer qu’il faille attendre d’éléments extérieurs (biographiques notamment) des compléments de sens sans lesquels elle n’en aurait pas. Ce qui signifie donc qu’il ne s’agit pas ici de « psychanalyser » Hergé, mais de montrer en quoi son œuvre est le lieu d’une manifestation d’une problématique inconsciente – d’abord au sens où elle n’est pas présentée dans l’œuvre comme telle, elle n’appartient pas au récit explicite. Nous gagnerons à reprendre la distinction que fait Freud à propos des rêves en séparant le contenu manifeste du rêve, ce que nous rêvons, le récit que nous pouvons en faire, du contenu latent (ou pensée du rêve) qui en est la détermination inconsciente. C’est le contenu latent de l’œuvre qui nous intéresse ici.

        Le thème central que Tisseron repère dans l’œuvre est celui de la séparation. Il y est sensible en tant que psychanalyste puisque ce thème est une problématique commune qui structure l’inconscient de chacun. L’œuvre est le lieu d’une élaboration nouvelle pour Hergé de cette problématique, ce qui suppose qu’elle n’a pas été résolue en son temps d’une manière satisfaisante. Ce temps est celui de l’enfance, des premières années de notre vie, celle qui précède le refoulement qui a lieu autour de la cinquième année. Nous y reviendrons. Mais notons déjà que l’inconscient est une réalité pour chacun de nous. Ce qui peut varier c’est sa manifestation, selon que le refoulement est plus ou moins réussi. La notion de réussite doit être prise avec précaution puisqu’elle ne peut signifier une perfection. D’ailleurs un refoulement parfait serait l’absence pure et simple de désir pour le sujet – ce qui est impossible, sauf cas particuliers.

        Ce thème de la séparation subit une élaboration dans l’œuvre. Tisseron en marque quelques étapes jusqu’à ce qui en sera la première grande élaboration spécifique comme question de la filiation, et d’abord du côté du père, avec le « cycle Haddock » qui comprend Le secret de la licorne, Le trésor de Rackham le rouge, Les sept boules de cristal et Le temple du soleil.

Tintin au Congo : position de l’inséparabilité de Tintin et Milou. Intervention du tiers (un père blanc). Cet incroyable départ sans paroles de la part de Tintin et la souffrance des noirs, les enfants. Tintin part sans pensées pour ceux qu’il laisse, et Hergé a cependant représenté le « drame » que cette disparition a été pour eux puisqu’il les montre ayant fait un totem de Tintin. Cf. I, p. 26.

Tintin en Amérique : position de la réciprocité entre Tintin et Milou. Lorsqu’il est emprisonné, Tintin pense à la douleur de Milou, celle de n’être pas avec lui, d’avoir perdu Tintin. Une scène, p. 47 nous indique aussi la relation entre Milou et Tintin, puisque ce dernier croit reconnaître Milou alors qu’il s’agit d’un enfant qui pleur. De plus cet enfant est énorme et semble bien embarrasser sa mère. Tintin remarque d’ailleurs qu’« il faut qu’on le torture pour qu’il pleure comme ça », juste avant de monter le chercher. C’est dire la difficulté que représente pour l’auteur l’abord de la relation maternelle (I, p. 29).

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