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Guerre au Soudan

Dissertation : Guerre au Soudan. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Octobre 2023  •  Dissertation  •  3 914 Mots (16 Pages)  •  107 Vues

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Le Soudan, ancienne colonie britannique et égyptienne, se situe dans la charnière entre l’Afrique Noire et le monde arabe, une situation stratégique qui lui offre de nombreux bénéfices à la fois économiques et commerciaux, notamment à travers le marché pétrolier. Sa situation géographique lui procure une diversité ethnique, le Soudan est principalement divisé en deux parties : une partie Sud davantage chrétienne et une partie nord musulmane et arabe. Suite au départ des colons à partir de 1955, la cohabitation entre ses deux peuples devint source de nombreux conflit qui frappe fortement le pays au niveau politique, économique et social. La première guerre civile de 1955 est suivie d’une seconde en 1983. La population connaît une grande période de crise humanitaire, issue d’une crise économique bien plus profonde. En effet, le Soudan est l’un des pays les plus endettés de l’Afrique. En parallèle, le pays traverse une instabilité politique depuis 1955 jusqu’à nos jours, avec la mise en place de gouvernement islamiste, au détriment de la volonté des peuples chrétiens.

Nous nous demanderons comment se sont succédées depuis plus de 70 ans des entraves à la mise en place d’une démocratie au Soudan, faisant de ce pays un espace de conflit intra-étatique.

        Afin de répondre à la problématique posée, il serait intéressant d’étudier tout d’abord les différentes guerres civiles entre 1955 et 2011, puis dans une seconde partie le gouvernement en place de Omar Al-Bechir à partir du conflit au Darfour, et enfin les tensions actuelles du Soudan depuis sa chute.

        De 1955 à 2011, le Soudan est traversé par de multiples guerres civiles qui aboutissent à la séparation en deux de cet État.

En 1955, le Soudan devient indépendant de l’empire colonial britannique et de l’Égypte. Deux peuples distincts occupent le Soudan et se divisent le territoire : au nord du Soudan se trouve une population majoritairement musulmane et au sud une population chrétienne et animiste.  Bénéficiant de la majorité des investissement sociaux et économique après le départ des colons sur les terres soudanaises, le Nord du Soudan s’impose à la tête du pays à partir de 1958, renonçant à la volonté du Sud d’instaurer un État fédéral. Le général Abboud, originaire du Nord du pays, accède au pouvoir par un coup d’État orchestré par les militaires. Un régime totalitaire est alors mis en place. Par conséquent, des insurrections et révoltes des populations chrétiennes éclatent, et revendiquent l’indépendance de leur région. Ces mouvements de démocratisation entraîne paradoxalement un nouvel élément de désordre. L’État rentre dans une crise postcoloniale qui dure 17 ans. Ce conflit intra-étatique, ou guerre civile, prend la forme d’une guérilla, c’est-à-dire une forme de guerre menée par des groupes non conventionnels qui se caractérise par des actions de harcèlement, d’embuscades ou de coups de main. Les racines du conflit sont majoritairement liées à des différences religieuses, raciales et culturelles entre les deux régions. La guerre prend un nouveau tournant à partir de 1960 où les groupes rebelles se rallient pour former l’Anyanya, l’armée de rebelles soudanais dont le nom signifie « veine de serpent ». L’Anyanya s’insurge formellement contre le gouvernement en place et l’insurrection s’étend progressivement vers le Nord. Le gouvernement soudanais est déstabilisé et se voit incapable de mettre un terme à cette rébellion. Finalement en 1972, les accords d’Addis-Abeba mettent un terme à cette guerre civile en instaurant un nouvel État qui accorde davantage d’autonomie pour le Sud et le Nord du Soudan. Le bilan humain de cette guerre civile s’élève à environ un demi-million de mort.

A partir de 1980, la découverte de pétrole dans le Sud du Soudan ravive les tensions entre le Sud et le Nord. Cette découverte nourrit à nouveau les désirs d’indépendance du Sud qui y voit une opportunité de richesse économique. En parallèle, en 1983, le président Nimeiry à la tête du pays depuis 1969 lance une politique de radicalisation islamiste avec l’adoption de la Charria, ce qui relance les hostilités entre musulmans et chrétiens. Ces derniers y voient en effet un frein à leur désir d’indépendance et une menace envers la pratique de leur religion. C’est alors le début d’une seconde guerre civile qui oppose les forces de Khartoum, la capitale occupée par les habitants du Nord, et la Sudanese People’s Liberation Army (SPLA) fondée à partir de l’alliance des groupes rebelles de la précédente guerre civile, menée par John Garang. La SPLA se bat contre le gouvernement central dictatorial et défend l’idée d’une installation d’un État laïque et socialiste. La seconde guerre civile connaît un bouleversement politique en 1989 avec l’arrivée au pouvoir par un coup d’État d’Omar Al-Bechir, soutenu par le Front national islamique. Ce deuxième épisode de guerre civile est l’un des conflits les plus meurtriers que le continent africain n’ait jamais connu, entraînant plus de deux millions de morts et des millions de réfugiés. Le conflit prend fin en 2005 avec un accord de paix et Jonh Garang devient premier ministre du gouvernement en alliance avec le gouvernement islamiste. Finalement, le Sud du soudan obtient son indépendance en 2011 avec un accord qui détermine la partition définitive entre l’actuel Soudan et le Soudan du Sud, nouveau pays officiel. Cependant, cette séparation entraîne des désavantages pour l’actuel Soudan qui s’est amputé de 70% de ses réserves pétrolières, piliers fondamentaux de l’économie soudanaise qui exporte ses ressources vers les pays du Golf, principalement aux Émirats Arabes Unis et en Arabie Saoudite. Le Soudan continue de jouer un rôle important en raison des pipelines venus du sud qui traversent le territoire. Le pétrole reste raffiné au nord et est exporté via les installations portuaires du Port-Soudan.

En définitive, ces deux conflits naissent d’une divergence d’idéologies entre deux acteurs. Le Nord, bénéficiant d’un point géostratégique avec l’occupation de la capitale, est avantagé et arrive à instaurer à la tête du pays des membres de son parti. Ceux-ci deviennent alors des acteurs conventionnels en commandant une armée pro-islamiste qui s’engage dans une guerre contre des parti rebelles du Soudan du Sud, plus généralement en difficulté stratégique. En raison de l’absence d’une reconnaissance à l’échelle internationale, ces acteurs rebelles sont non-conventionnels et forment une coalition dans le but de déjouer le pouvoir politique en place. Ces guerres sont dites intra-étatique car elles se situent à l’intérieur même du Soudan. L’incapacité des deux religions à coexister conduit à un conflit à motivation culturelle et religieuse, dont le seul but pour chacune des parties est d’imposer sa religion à l’adversaire. La répression et l’utilisation de la violence laisse penser qu’il s’agit d’une forme de prosélytisme armé, où le Nord tente d’imposer de manière violente ses idées aux populations du Sud afin de mettre en place une religion d’État. Ces deux conflits aboutissent à des négociations, dont la plus importante est la partition entre le Soudan et le Soudan du Sud en 2011 et prennent fin grâce à un accord de paix entre les belligérants de chaque partie. Cette séparation n’a pas assuré la paix et la prospérité dans les deux nouveaux pays. Au contraire, les crises économiques et sociales, qui heurtaient déjà les populations avant la séparation, ont eu des répercussions encore plus fortes, notamment dans le Soudan du Sud, qui plonge dans une descente aux enfers avec un grave chaos économique. Une guerre civile s’en suit entre 2013 et 2018 au Soudan du Sud. Au Soudan, les populations entrent en guerre civile à partir de 2003 dans un nouveau conflit au Darfour qui dure 17 ans. Des deux côtés, les pays sont touchés par une crise humanitaire qui touche plus de 7 millions de personnes au total.

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