Ls martyrologe d'Usuard

Les martyrologes sont des livres liturgiques commémorant à l’anniversaire de leur mort les saints que l’Église a coutume de célébrer.

Les premiers calendriers adossés aux martyrologes représentaient les signes du zodiaque. Au cours des siècles, l’évocation de la vie paysanne prit une importance croissante et élimina les signes du zodiaque. A partir du XIIème siècle, le calendrier envahit la décoration des églises. Ils sont sculptés aux façades, peints sur les murs, dessinés dans des mosaïques du pavements et des vitraux.

De tous les martyrologes élaborés au Moyen Âge, celui d'Usuard est l'un des plus répandus. Moine à Saint-Germain-des-Prés, celui-ci achève vers 865 sa rédaction. Son oeuvre comprend tous les noms des saints et des martyrs honorés par l'Église, accompagnés d'éloges historiques. Ce manuscrit propose une version fortement remaniée et abrégée de celles de ses prédécesseurs. Si l'ouvrage comprend un très grand nombre d'éloges des saints, les notices sont nettement plus concises, l’auteur s'efforçant d'en réduire le contenu et de faire du martyrologe un ouvrage pratique à consulter. Il connut un succès durable : il est encore recopié et illustré en 1270 comme en témoigne le document étudié.

Celui-ci est constitué de 12 enluminures décorant un manuscrit du martyrologe d’Usuard, daté de 1270 environ. Chacune renferme une scène à personnage se détachant sur un fond décoré. Le document ici reproduit en noir et blanc, est privé de ses couleurs.

La vocation du calendrier est celle de matérialiser l’écoulement du temps. Il apparaît naturel de l’agrémenter du thème le plus prégnant dans une communauté rurale, la succession des travaux agricoles. Il importe cependant de se demander si le calendrier peut enrichir notre connaissance de la société de son époque.

Dans une première partie, nous verrons que le calendrier dépeint une campagne uniformisée, loin de la réalité. Puis, dans une seconde partie, nous aborderons l’image du travail telle qu’elle est dépeinte dans cette œuvre et sa symbolique.  

I - Une vision des travaux agricoles uniformisée

Ce calendrier montre des scènes de la vie des hommes dans leurs activités agricoles. Huit scènes sur 12 sont consacrées au travail de la terre. Il est nécessaire de faire l’analyse des travaux représentés, des mois auxquels les tâches sont censées être accomplies, les outils et les façons employés et de s'interroger sur leur valeur documentaire.

Deux productions sont à l'honneur dans ce calendrier : les blés et la vigne. Trois mois sont dédiés à la culture des céréales, deux à celle du vin.

La vigne fournit deux sujets : la taille et les vendanges. Le calendrier représente la taille en mars. Or, la date de la taille est variable en France. Elle s’effectue après les dernières gelées afin de ne pas risquer que le froid endommage la plante.

Ainsi, il est évident que cette date de mars correspond à des régions au climat rigoureux, où les gelées tardives sont à craindre. Ce modèle est d'origine septentrionale mais a pu être transposé ailleurs : certains calendriers (Bordeaux par exemple) ont représenté la taille en mars ce qui ne correspond pas à la réalité locale.

La taille s’effectue généralement à l’aide d’une serpe. Ici, le paysan, penché en avant, saisit de sa main gauche le sarment au-dessus de la serpe, qu’il tient de sa main droite.

A contrario, concernant les vendanges, il y a quasiment unanimité des calendriers. Ici, elle est représentée par le foulage. L'uniformité des dates de vendange est plus normale que pour la taille, car dans toute la France les vendanges se déroulent entre septembre et octobre.

Septembre constitue ainsi la période du foulage du raisin. Le raisin, avant d’être mis en jarres, devait être foulé au moins deux fois. La première presse, de meilleure qualité, était réservée aux plus nobles. Le reste était destiné aux classes les moins aisées. Le paysan est enfoncé jusqu’aux genoux dans la cuve contenant les raisins, tandis qu’un second vendangeur récupère le produit issu de ces travaux. La cuve à fouler est constituée de lattes de bois parallèles cerclées d’osier.

En ce qui concerne les blés, ils sont toujours présents, dans tous les calendriers et même plusieurs fois. La culture des céréales représente l’essentiel des activités agricoles. Du IX ème au XII ème siècle l’occident se convertit à une céréaliculture quasi exclusive. Les progrès technologiques (charrue) permettent l’extension continue des terres mises en grains. L’alimentation devient entièrement céréalière.

L’absence du labour peut étonner. Elle peut s’expliquer par la multiplication des temps de labours au cours de l’année.

Les semailles ont lieu en octobre sur une terre labourée, destinée à être ensemencée en céréales d’hiver. Le hersage permet ensuite d’assurer la couverture de la graine et d’aplanir le champ. Il s’effectue à l’aide d’une herse.

En juillet, c’est le temps de la moisson pour le paysan. Il s’aide d’une faucille. Le moissonneur saisit une poignée d’épis de la main gauche et la faucille tranche la tige. Une grande hauteur de paille reste sur le champ.

En août, le battage destiné à séparer le grain de l’épi se fait à l’aide du fléau. Les épis qui ont séché sur le champ sont ordonnés en rangées. Le travail est effectué par deux batteurs, pieds et torse nus qui lèvent et abattent leur fléau.

Il existe une autre technique plus rapide et utilisée dans le Midi, celle du foulage par des animaux mais qui est rarement représentée dans les calendriers. Il convient de signaler que le battage au fléau à l’avantage de laisser la paille intacte.

La culture des céréales exprime le mieux l’idée de travail. Les autres activités apparaissent dans les intervalles où la croissance des céréales laisse du temps au paysan.

Le troisième ensemble des travaux agricoles auquel le calendrier fait référence concerne l’élevage avec trois scènes le représentant.

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