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Une société d’esclavage : Saint Domingue en 1782

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Par   •  1 Décembre 2023  •  Commentaire de texte  •  3 570 Mots (15 Pages)  •  68 Vues

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TD Histoire Moderne

Une société d’esclavage : Saint Domingue en 1782

« Chaque tasse de café sucré contient quelques gouttes de sang noir ». Cette citation est prononcée par Bernardin de Saint-Pierre, écrivain et botaniste français du 18e siècle, où il déclare clairement son avis sur l’esclavage des population noires d’Afrique. L’esclavage n’est un phénomène nouveau du 18e siècle puisqu’on le retrouve dans toutes les sociétés depuis l’Antiquité. L’esclavage des populations noires débute au 15e siècle par les européens, initié par les Portugais, qui emmènent ses populations africaines colonisées dans les Amériques notamment les Iles Canaries afin d’y cultiver les terres car ils manquent de main d’œuvre. La découverte de l’Amérique en 1492 augmente le phénomène de déportation. Les Français sont présents depuis les années 1620 dans les Amériques, à l’ouest de l’île d’Hispaniola mais des tensions entre les concurrents européens apparaissent. Entre 1667 et 1668, éclate la guerre de Dévolution qui oppose les Français aux Espagnols et Hollandais pour les conquêtes coloniales des îles dans les Caraïbes. Puis entre les années 1685 et 1696, les alliances européennes sont totalement bouleversées et la France se retrouve isolée de des voisins. Malgré cela, le traité de paix de Ryswick le 30 octobre 1697 reconnait la présence française dans la partie ouest de Saint-Domingue en échange de l’arrêt des raids de ses corsaires contre les possessions coloniales des autres puissances notamment espagnoles. Saint-Domingue devient officiellement une possession française.

Après le traité, le développement des plantations de sucre est très rapide et très rentable, rentabilité qui est le résultat de la surexploitation de la main d’œuvre. Saint-Domingue est alors la première colonie exportatrice de sucre puis les colons introduisent le café et le coton au début du 18e siècle. Soixante ans après l’acquisition de Saint-Domingue, un nouveau conflit entre les grandes puissances européennes éclatent, en 1756. A l’issue de cette guerre de Sept Ans, la France essuie une belle défaite et se retrouve affaiblie par ses colonies perdues ainsi que des dettes qui s’accumulent pour le financement de ces guerres. Justin Girod de Chantrans est un militaire, naturaliste et homme politique français né en 1750 (et décédé en 1841). Après ses études chez les jésuites il devient officier du génie c’est-à-dire l’ensemble des techniques d’attaque et de défense militaire ainsi que les infrastructures nécessaires aux armées. En 1802 il est élu député au corps législatif puis se consacre uniquement aux sciences naturelles à partir de 1810. L’auteur est présent aux Antilles en tant que militaire du génie puisque la Guerre d’indépendance américaine entre 1775 et 1783, qui oppose les Treize colonies face à la Grande-Bretagne, nécessite des infrastructures militaires sur l’île dans le cadre du soutint à la Grande-Bretagne. Justin Girod de Chantrans raconte ce voyage dans son œuvre Voyage d’un Suisse dans différentes colonies d’Amérique publié en 1785. Il a vécu dans la partie française de St-Domingue en 1781 et 1782 et s’intéresse réellement à la société coloniale. Il en dresse un bilan négatif et évoque les vices du colonialisme comme la perpétuation d’une société esclavagiste avec les traitements infligés aux populations noires et remarque le caractère économique avant tout des plantations et note une forte dégradation des lieux avec un assèchement du climat dû à la déforestation et l’érosion des sols.

Ainsi, nous pouvons nous demander : Comment Justin Girod de Chantrans montre-t-il ses positions anti-esclavagistes dans son texte ?

Nous étudierons la dénonciation de la traite transatlantique puis la critique des conditions de vie des esclaves et la différenciation entre racisme et traite négrière.

  1. Dénonciation de la traite transatlantique

Pour commencer, l’auteur dénonce dans son texte tout le système de la traite transatlantique.

  1. Le commerce négrier

Dès les L6 à L7, l’auteur écrit « la traite des nègres est bien la chose la plus monstrueuse que nous présentent les annales du monde ». Ici, il montre bien ses positions quant à la traite des Noirs ne s’en démonte pas tout au long de ce texte. Le commerce négrier s’inscrit dans le système économique en place au 18e siècle, on peut même dire qu’il y a une place importante. C’est la demande croissance de produits nouveaux comme le sucre, le café ou même des tissus comme la soie ou du colorant comme l’indigo qui vont accentuer ce commerce triangulaire. Saint-Domingue est surnommée dès les années 1740, « la Perle des Antilles » car c’est le principal producteur de sucre dans le monde. Le marché du sucre est alors un marché rentable et prisé puisque la consommation en France ou en Europe ne cesse d’augmenter. La production de ce sucre nécessite une main d’œuvre conséquente que les Européens vont aller trouver dans les pays d’Afrique de l’Ouest notamment. C’est alors que s’organise le commerce triangulaire. Les européens commercent alors avec les nations africaines comme nous le raconte l’auteur dès les premières lignes du texte : L1 à L5. Les européens achètent les Noirs avec de la pacotille, l’auteur nous en donne quelques exemples L9 à L10 « L’on arme des navires chargés d’eau-de-vie, de quincaillerie, d’armes à feu et d’étoffes. ». Les européens négocient alors cargaison par cargaison ou lorsqu’ils remarquent un esclave de « bonne qualité », ils peuvent aussi négocier tête par tête. On comprend dans le texte que le commerce négrier prend de plus en plus d’ampleur notamment au 18e siècle quand l’auteur raconte L14 à L16 « Depuis le temps que l’Europe arrache à l’Afrique un si grand nombre d’hommes, est-il surprenant qu’il faille aujourd’hui s’enfoncer à 60 et 80 lieues dans les terres pour trouver quelques habitants. ».

  1. Le voyage des marchandises

Ce commerce négrier entre l’Europe et l’Afrique puis entre les Européens et l’Amérique déploie des moyens colossaux pour y parvenir ; il faut faire voyager la marchandise. De la L1 à L5 quand l’auteur écrit « Une multitude de nations africaines avides des superfluités […] se font une guerre sans relâche pour pouvoir les acquérir par le moyen des prisonniers que nous leur demandons en échange » L’auteur nous précise ici que les esclaves donnés par les nations africaines aux Européens sont souvent des prisonniers de guerre. En effet, les européens profitent des tensions locales entre ethnies pour pouvoir acheter plus facilement les esclaves. Aussi, les Noirs achetés par les Européens sont esclaves de naissance ou se sont réduit en esclavage pour cause d’endettement. Puis commence la traversée de l’Atlantique dans de terribles conditions. On compte en moyenne 300 esclaves par bateau avec 1m3 pour chacun d’eux. Les risques lors de la traversée sont nombreux pour les esclaves comme pour les marins qui sont à peu près 40 par négriers. On peut lire L21 à L22 « nombre tous ceux qui se détruisent eux-mêmes ou qui meurent de maladie dans les traversées… ». Justin Girod de Chantrans décrit ici les principaux risques lors des traversées qui sont l’épidémie ou le risque de blessures volontaires voire le suicide collectif. On estime alors le taux de mortalité lors des traversées à 15% pour les esclaves comme pour les marins qui malgré leur statut supérieur font face aux mêmes risques que les Noirs, à savoir épidémie ou même naufrage. Lors de l’arrivée aux Antilles, les esclaves sont visités par un chirurgien puis se reposent entre 10 et 15 jours pour reprendre des forces pour la vente. Lors de cette vente, certains profils sont plus recherchés que d’autres comme les Pièces d’Indes qui correspondent à des jeunes hommes d’une vingtaine d’années considérés comme fort et en forme pour travailler dans les colonies. L’auteur l’évoque L22 lorsqu’il écrit « on choisit pour esclaves la fleur de la jeunesse ».

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