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Les régimes totalitaires dans l'entre-deux guerres: genèse, points communs et spécificités

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Par   •  27 Octobre 2019  •  Dissertation  •  2 022 Mots (9 Pages)  •  655 Vues

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Les régimes totalitaires de l’entre-deux guerre : genèse, points communs et spécificités

« Les mouvements totalitaires sont des organisations massives d’individus atomisés et isolés, écrit Hannah Arendt en 1951 dans Les origines du totalitarisme. Créé en 1923 par l’opposant au fascisme Giovanni Amendola, le mot totalitaire est à l’origine un adjectif définissant uniquement le régime fasciste italien. De nos jours, sa définition s’est largement enrichie. On qualifie de totalitaires les régimes dans lesquels l’État cherche à encadrer et contrôler l’ensemble de la population, y compris la vie intime et privée, par la propagande et la terreur. L’Italie fasciste de Mussolini (1922-1945), l’URSS de Staline (1928-1953) et l’Allemagne nazie d’Hitler (1933-1945) se sont développés dans l’entre-deux guerre. Il faut cependant attendre Hannah Arendt et son ouvrage Les origines du totalitarisme, publié après la seconde guerre mondiale en 1951, pour voir ces trois régimes regroupés sous un même nom : les totalitarismes. Si ces trois régimes présentent des caractéristiques communes comme une idéologie nouvelle, un parti unique de masse, un chef charismatique, de la propagande ou encore un projet « d’Homme nouveau », ne présentent-ils pas tout de même des spécificités ?

Après avoir étudié la genèse de ces trois régimes, nous nous intéresserons à leur fonctionnement, puis, nous analyserons leurs idéologies respectives.

        

En premier lieu, nous pouvons constater que ces trois régimes se sont développés dans un contexte de crise, après la première guerre mondiale. En Russie, le régime tsariste est affaibli, l’Ouest du pays est envahi par les Allemands et les pertes humaines sont importantes. L’économie s’effondre ce qui crée des pénuries. Une première révolution contraint le tsar Nicolas II à abdiquer en février 1917. En Italie, le roi Victor-Emmanuel III a des pouvoirs limités. Le pays sort affaibli économiquement et moralement de la guerre. De nombreux nationalistes sont mécontents du traité de St-Germain car ils n’ont pas récupéré la Dalamatie, et notamment, le port de Fiume sur l’Adriatique. Ils reprochent la « victoire mutilée » aux dirigeants italiens. Une vague de grèves et d’agitations ouvrières secouent également le pays. Enfin, en Allemagne, la situation est particulièrement difficile. L’économie peine à se reconvertir après la guerre et il y a une hyperinflation. Les Allemands se sentent humiliés par ce qu’ils appellent le « diktat » de Versailles. Ils sont endettés, ont perdu une partie de leur territoire et doivent payer d’immenses réparation aux Alliés. La crise de 1929 touche particulièrement le pays et engendre près de six millions de chômeurs en 1932. Ainsi, ces trois pays sont particulièrement touchés et marqués par la guerre, qui joue un rôle très important dans le développement des régimes totalitaires. L’historien Georges Mosse parle de « brutalisation » des peuples. Le contexte d’épanouissement de ces trois régimes est donc assez semblable.

Cependant, les modalités d’accès au pouvoir sont différentes dans les trois pays. En Russie, les Bolcheviks, dirigés par Lénine et Trotski organisent une révolution le 24 octobre 1917. Ils prennent d’assaut le palais d’hiver de Moscou et renversent le gouvernement. En 1918, une guerre civile éclate entre les « Rouges » (communistes) et les « Blancs » (partisans du tsarisme). Les Bolcheviks l’emportent en 1921 et fondent l’URSS en 1922. Puis, à la mort de Lénine en 1924, le secrétaire général du parti communiste qui se fait appeler Staline, écarte progressivement ses concurrents. Il finit par obtenir tous les pouvoirs en 1928 et devient alors le seul maître de l’URSS. En Italie, Benito Mussolini profite de l’agitation nationaliste pour créer son parti « les faisceaux de combat » en 1919. Il organise des actions violentes, exécutées par les « chemises noires » contre les membres du gouvernement. Le 28 octobre 1922, il effectue la « marche sur Rome » et le roi Victor-Emmanuel III le nomme président du conseil. Entre 1922 et 1924, Mussolini dirige un gouvernement de coalition mais continue d’organiser des violences politiques, pour instaurer une dictature. Il assassine par exemple le socialiste Matteoti. Puis, entre 1925 et 1926, il fait passer des lois dites « fascistissimes » qui lui donnent les pleins-pouvoirs et qui suppriment de nombreuses libertés et principes démocratiques. Enfin, en Allemagne, Hitler crée le parti NSDAP en 1920. En 1923, il tente un putsch qui échoue. Il publie Mein Kampf en 1925, un ouvrage sur son idéologie qui devient un véritable succès littéraire. Le parti NSDAP augmente ses chiffres aux élections ; il passe de 2,6% des voix en 1928 à 33% des voix en 1932. Le 30 janvier 1933, Hitler est nommé chancelier par le président Hindenburg. Le 23 mars de la même année, il obtient les pleins-pouvoir alors qu’il n’a pas obtenu la majorité aux élections législatives (44% des voix). Hitler supprime ensuite progressivement les autres partis, jusqu’à ce que le NSDAP devienne parti unique le 14 juillet 1933. Ainsi, en seulement six mois, la dictature est pleine et entière en Allemagne. Les trois dirigeants ont donc accédé de différentes manières au pouvoir, dans un contexte de crise. Toutefois, les régimes qu’ils ont instaurés présentent certaines similitudes de fonctionnement.

Tout d’abord, on observe que la population est fortement encadrée, dans ces trois régimes. Cela commence dès la jeunesse avec les « Hitlerjugend » en Allemagne, les « Balilas » en Italie et les pionniers en URSS. Ces organisations dispensent un entraînement sportif et militaire, et endoctrinent les jeunes. Le but est de créer un homme nouveau, totalement formaté. C’est pourquoi Hannah Arendt écrit en 1951 dans son ouvrage Les origines du totalitarisme : « Le but de l’éducation totalitaire n’a jamais été d’inculquer des convictions, mais de détruire la faculté d’en former aucune ». Aussi, la propagande est très développée dans ses trois régimes. Elle se présente sous forme d’affiches, de films, de photos ou même de bâtiments. Le but est de faire croire à la population qu’il n’existe qu’un seul parti. Hitler cherche surtout à convaincre le prolétariat, plus nombreux. Il hypnotise les foules lors de ces discours, par une gestuelle très recherchée. Dans Mein Kampf, paru en 1925, il écrit : « Si vous désirez la sympathie des masses, vous devez leur dire les choses les plus stupides et les plus crues ». Ainsi, le contrôle de la population est commun aux trois régimes totalitaires, même si Mussolini contrôlait moins l’art et les médias, que Hitler et Staline.

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