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Le Kulturkampf

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Par   •  2 Décembre 2012  •  1 552 Mots (7 Pages)  •  672 Vues

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Le Kulturkampf

« Soyez sans souci, Messieurs ! Nous n'irons pas à Canossa, ni en chair, ni en esprit ! ». C’est en ces termes que Bismarck, dans un discours prononcé le 14 mai 1872, rappelle aux députés du Reichstag sa volonté de ne pas laisser le pape Pie IX et les catholiques allemands menacer la souveraineté nationale, « Canossa » faisant référence à une ville italienne où, jadis, en 1077, l’empereur du Saint Empire romain germanique Henri IV s’était soumis au pape Grégoire VII…

Cette phrase du Chancelier lance ainsi l’Empire allemand nouvellement créé (en janvier 1871, Guillaume Ier est proclamé « empereur des Allemands » à la Galerie des Glaces) dans un nouveau combat interne visant à lutter contre ceux qui mettraient en péril l’unité allemande – en premier lieu les catholiques (un tiers de la population allemande) et le Zentrum. Cette « lutte pour la civilisation », qui a sévi de 1871 à 1877 (voire jusqu’à 1887), a pris communément le nom de « Kulturkampf », concept fondé par un député libéral, Rudolf Virchow.

En 1871, l’unité allemande, malgré la victoire éclatante contre l’ennemi français, reste à consolider. En effet, l’Empire est dominé outrageusement par la Prusse et forme la « petite Allemagne » à majorité protestante. Mais de nombreuses régions affirment encore leur foi catholique, telles la Bavière, le Bade, la minorité polonaise… ce qui pose un problème évident à Bismarck, qui entend faire primer la raison d’Etat face à ces religieux qu’il juge bien trop inféodés au pape.

Quelles sont donc les motivations de Bismarck pour s’acharner à ce point sur l’Eglise catholique ? Ses considérations sont-elles religieuses ou plutôt politiques ? Quelle législation est adoptée dans le cadre du Kulturkampf durant les années les plus radicales ? Pourquoi le Kulturkampf a-t-il finalement échoué ?

I. LE « KULTURKAMPF », UN CONFLIT RELIGIEUX AU SERVICE D’UNE FIN POLITIQUE

Le Kulturkampf s’inscrit dans un contexte où il s’agit d’abord et avant tout de renforcer l’unité allemande. En effet, l’Empire allemand possède une structure fédérale où chaque Etat demeure souverain dans de nombreux domaines (administration, religion, finances…). Ainsi, la priorité de Bismarck est d’unifier le jeune pays autour d’éléments communs, au niveau de l’économie (création du mark), du droit, des mesures, et de la religion. C’est ce dernier point qui va justement cristalliser les tensions dans l’Allemagne des années 1870.

L’unité souhaitée par Bismarck passe forcément par le rejet de ceux qui constituent un obstacle à l’hégémonie prussienne au sein de l’Empire. Dès lors, le Zentrum, qui a réalisé une percée impressionnante aux élections de 1871, devient vite un ennemi à abattre pour Bismarck, ce parti étant majoritairement catholique, anti-prussien, fédéraliste et partisan d’une «Grande Allemagne » qui inclurait l’Autriche. Surtout, c’est un « ennemi du Reich » (Bismarck) car il ligue les minorités catholiques, à savoir l’Alsace-Lorraine, les Bavarois, et surtout les Polonais (pour qui Bismarck nourrit une haine démesurée)… contre l’Empire. En outre, le Zentrum est considéré comme un parti ultramontain, obéissant plus aux directives du pape qu’aux lois du Reich. Dans son combat, Bismarck est alors soutenu par les conservateurs protestants, mais aussi par les libéraux qui, directement influencés par la doctrine des Lumières, voient dans le catholicisme le symbole de l’obscurantisme et de l’anti-modernisme.

Les catholiques, représentés par le Zentrum, doivent donc avoir le moins d’espace politique pour s’exprimer, car en revendiquant l’autorité suprême du pape, ils vont à l’encontre de la souveraineté nationale. En 1867, Bismarck souhaitait d’ailleurs déjà la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Néanmoins, il faut rappeler que Bismarck mène bien une lutte politique, mais qui se manifeste dans le domaine religieux. Il le souligne bien dans ses Mémoires : « Selon moi, l’orientation de notre politique n’était pas déterminée par un objectif confessionnel, mais simplement par la volonté de consolider de manière aussi durable que possible l’unité gagnée sur le champ de bataille ».

C’est finalement une initiative du pape Pie IX, lors du Concile Vatican I de 1870, qui va ouvrir une brèche dans laquelle va immédiatement s’engouffrer Bismarck en vue de son grand dessein. Le pape, d’un conservatisme absolu et dans la lignée de ses précédentes encycliques, va en effet proclamer l’infaillibilité pontificale en matière de définition du dogme, décision qui va diviser les milieux catholiques européens, et notamment allemands. C’est en réalité dans le milieu universitaire que vont se manifester ces clivages. De nombreux théologiens, en tête desquels on trouve le professeur Döllinger, vont en effet refuser de se soumettre au pouvoir absolutiste de Pie IX et se retrouvent dans le groupe des « Vieux Catholiques », en opposition totale avec les évêques conciliaires. Döllinger, excommunié en 1871, demeure le symbole de cette cassure durable créée dans l’Eglise catholique. Bismarck va dès lors profiter de cette situation, selon

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