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L'élite Et La Guerre en occident: 1774 - 1939

Étude de cas : L'élite Et La Guerre en occident: 1774 - 1939. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Mars 2013  •  Étude de cas  •  6 784 Mots (28 Pages)  •  581 Vues

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L’ELITE ET LA GUERRE EN OCCIDENT : 1774 -1939

Le chevalier d'Arcq, aristocrate du XVIIIe siècle, soulève dans son ouvrage La Noblesse militaire ou le Patriote français, paru en 1756, la question suivante : "Noblesse militaire : depuis quand ces deux mots ne sont-ils plus synonymes parmi nous ?". L'auteur se questionne alors sur le lien entre la noblesse, élite au XVIIIe siècle, et la guerre ; interrogation nouvelle dans un contexte de remise en cause des différentes valeurs de la société. Ce lien entre élite et guerre, déjà abordé par le chevalier d'Arcq, est sans cesse renouvelé par l'évolution à la fois de cette élite, et du contexte politique. Au sens strict du terme, l'élite représente un groupe social minoritaire se distinguant par un prestige lié à des qualités naturelles (sang) ou acquises (richesse, statut), qui lui confère du pouvoir. L'élite fait une promotion de l'entre soi, entretenant une supériorité grâce à l'argent et au patrimoine, et impose son autorité morale. Dans les faits, la notion d'élite est en constante évolution depuis le siècle des Lumières. Peu à peu se différencient ainsi les élites à statut, telle que la noblesse, dont le prestige est légitimé par des lois, et les élites sans statut, qui évoluent et s'affirment dans des sphères spécifiques, mais dont le pouvoir n'est pas officialisé. Il s'agit par exemple de celles qu'on appelle les élites intellectuelles, dirigeantes, artistiques... Pendant le règne de Louis XVI, la noblesse, et plus particulièrement l'aristocratie, constitue une unique élite, puissante, qui domine dans tous les domaines. Avec la Révolution et la fin de l'Ancien Régime, cette élite est fragilisée par le nouveau contexte politique et social. Jusqu'en 1939, où l'arrivée d'une guerre mondiale bouleverse toute l'organisation de la société et la laisse à reconstruire, l'élite européenne tente de s'adapter aux différents jeux de pouvoirs auxquels la société est confrontée. La guerre, omniprésente dans une période d'instabilité politique, apparait alors comme un lieu clé de ces transformations. Entre prises de pouvoir, volonté d'expansion, et rivalités territoriales, la guerre se définit comme un conflit opposant des nations, des groupes sociaux, des individus. La guerre, rattachée aux institutions politiques et militaires, se révèle comme le prolongement de volontés politiques. Entre 1774 et 1939, les pays européens sont les plus grandes puissances mondiales, et l'Europe est alors le lieu de conflits, autant que celui du rayonnement des élites. Bien que ces pays soient aussi des puissances coloniales, c'est bien sur le continent que prennent place la majorité des évènements.

L'élite est donc indéniablement liée à la guerre. Depuis toujours, cette dernière est le lieu de changements politiques et de prises de pouvoir. Au cours d'une période où la guerre semble omniprésente, quel rôle joue une élite soucieuse de ses intérêts ? Ces guerres influent sur l'équilibre européen, et donc sur la formation des élites. En quoi l'évolution de celles-ci est-elle marquée par la succession des guerres ? Des révolutions à une guerre mondiale, l'Europe est martelée par les guerres, l'élite vit la guerre et en parle. Quels nouveaux regards porte-t-elle peu à peu sur la guerre ?

Tout d’abord, il semble nécessaire de comprendre comment les élites consolident leur pouvoir grâce à la guerre ; puis, il apparaît important de se pencher sur une conséquence de la guerre : celle de renouveler ses élites ; pour enfin avoir l’idée que, puisque les élites changent, il est indispensable d’appréhender les discours portés à la fois par une élite guerrière et par une élite intellectuelle.

I. Une élite à la recherche de pouvoir : la guerre comme enjeu central

La guerre, le militaire, c’est le symbole du pouvoir. Ainsi, de Louis XVI à Napoléon III, les dirigeants de la France ont des portraits en uniforme : c’est la confortation d’une tradition militaire, l’illustration du lien étroit entre puissance militaire et pouvoir politique. La guerre apparaît dès lors comme le lieu d’une affirmation, voire d’une prise de pouvoir : la guerre est vue par l’élite européenne comme un enjeu de pouvoir. Ceci se traduit tout d’abord par la place qu’occupe cette élite dans le milieu militaire, avec la noblesse militaire. Puis on peut voir que dans des périodes de fragilité et d’incertitude, la guerre est un moyen utilisé par l’élite pour tenter de retrouver ou de conforter son pouvoir.

1. La Noblesse militaire : l’élite s’affirme et monopolise le pouvoir

En 1774, le système de l'Ancien Régime est toujours en place, divisant la société en trois ordres : le clergé, la noblesse, et le tiers-état. C'est alors la noblesse, et surtout l’aristocratie qui, en Europe, constitue l'élite. Une des catégories de cet ordre est la noblesse militaire : héritée de la tradition chevaleresque, c'est la noblesse acquise par la profession des armes. Assimilée à la noblesse d’épée, elle se constitue de la noblesse de France la plus ancienne, et représente l’élite traditionnelle fondée sur la guerre. La noblesse militaire est créée en 1750 par l'Edit de Novembre : le roi attache par cet édit une noblesse de l'armée à certains grades et à une ancienneté de service . Dès lors, les hauts grades de l'armée, comme celui d'officier général, confèrent de droit la noblesse légitime. En Hongrie, l’impératrice reine met en place une ordonnance similaire au mois de février 1957 : elle accorde la noblesse à tout officier, national ou étranger, qui aura servi dans ses armées pendant trente ans. La création même de cette noblesse militaire marque la connivence entre guerre et pouvoir. L’armée devient un moyen d’entrer dans la noblesse, d’entrer dans l’élite, et donc de gagner du pouvoir. Parallèlement, l’élite utilise cette place privilégiée dans le milieu militaire pour assurer son pouvoir. En effet, les hauts gradés ont non seulement une autorité incontestée au sein de l’armée ou de la marine, grâce à leurs titres nobiliaires, mais aussi à leur âge avancé, leur expérience, et leur formation, mais ils jouissent aussi d’un certain pouvoir civil local. Ainsi, le comte et le marquis de Langeron, famille présente au port militaire de Brest de 1776 à 1788, ne se contentent pas d’être des dirigeants militaires, mais ont aussi été des acteurs importants de la vie et de la société brestoise . En effet,

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