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Fiche de lecture - Histoire du scoutisme catholique du Père Combeau

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Par   •  3 Octobre 2016  •  Fiche de lecture  •  13 275 Mots (54 Pages)  •  1 036 Vues

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Nouvelle histoire du scoutisme catholique en France
Yves Combeau – 2010 – éditions Monceau

        Introduction

Création des Scouts de France en 1920 : naissance du scoutisme catholique en France (divisé depuis 1965) : la moitié de son histoire est une histoire de division.

« Depuis ses tout premiers pas, le scoutisme catholique français portait en germe des débats irrésolus et probablement insolubles, débats qui se sont faits jour avant même que les SdF fussent fondés, qui ont resurgi après leur fondation, ont agité les décennies suivantes, ont finalement engendré une explosion pendant les années 1960. »

« C’est la société et la nation française, leur histoire, leur évolution ; c’est l’Eglise, son histoire en France et son évolution ; c’est un siècle bientôt accompli de fractures, d’idéologies, de guerres [qui a allumé la mèche]. »     → trois frères dans le même berceau, le génie français naturellement porté à la division a fait le reste.

  • Comment est-on arrivé à plusieurs raisons à propos du scoutisme ? celui-ci est affaire de foi et de passion.

        Première partie : Eléments de l’histoire des Scouts de France

  1. Premiers pas

Naissance en 1909 du scoutisme en France : présenté par un article d’André Chéradame en 1908.
D’abord accueilli comme une préparation militaire, entre 1910 et 1920 le « boy-scout » apparaît comme un petit soldat.

Instabilité institutionnelle de l’Eglise : pousse à inventer de nouvelles formes d’action dans la société.
On fait attention à la psychologie, au corps, à la jeunesse…

Mais le jeu scout est original : le camp, la nature et le jeu sont nouveaux, mais la France y est-elle prête ? (→ hésitations des premiers temps)

  • Naissance d’une association catholique. Les premiers essais de scoutisme ne sont pas tous cathos. La première troupe protestante (pasteur Galienne) comporte ¾ de cathos. Le scoutisme se développe d’abord avec les patronages (les deux premières troupes parisiennes sont créées avec un patronage : abbés de Grangeneuve et Caillet). L’abbé Cornette en fonde une en 1916-1917 à St Honoré d’Heylau. EdF : seule association non confessionnelle (fondée en 1911). Cornette rencontre Sevin, qui connaît très bien Baden Powell : scoutisme devient instrument d’évangélisation et d’éducation : nécessité d’une association catho  SdF créés le 25 juillet 1920 à Paris. Fondateurs : chanoine Cornette, abbé de Grangeneuve, Lucien Goualle, père Sevin, Xavier Sarazin, abbé Caillet, Henri Gasnier (essentiellement des troupes parisiennes). Querelles entre abbés.
  • Pourquoi pas une unique fédération. Contexte bouillonnant mais confus, pas de structure du scoutisme mondial (jusqu’en 1922, conférence de Paris, Baden Powell devient leader mondial). Question d’une fédération unique séparée en entités confessionnelles en France  volonté d’unité. D’autres veulent ouvrir les unités à tous, au nom du scoutisme populaire (apôtres des milieux populaires, liés au Sillon, veulent un mouvement non exclusivement catho). Risques : fragmenter le scoutisme français, le livrer à la direction ecclésiale, repousser les milieux populaires. Mais le scoutisme ne peut être que catho de toute façon (85% de baptisés début XX° siècle). 1922 : Sevin crée un centre de formation exclusivement SdF : l’idée de fédération est oubliée. Eloignement du scoutisme mondial (le scoutisme catho est une idée française), malgré les discours d’unité de BP en 1936.
  • Les SdF, pas assez catholiques ? qui a autorité religieuse ? Tous les évêques n’autorisent pas les SdF. (concurrence aux autres œuvres, patronage, …  ex : Mgr Rambert-Faure y voit un danger). Problème de la place de l’aumônier : le directeur est un jeune chef, laïc. Reconnaissance pontificale : voyage à Rome en 1925 par Sevin, approbation de Pie XI. Scoutisme écarté par des communautés (comme St Vincent de Paul). Pris entre deux feux : SdF = soit trop libéraux, soit pas assez. Question : pour tous les cathos, ou pas ?  père de Boissieu : « voyait dans le scoutisme la chevalerie exclusivement » (idée d’élite catholique). Sevin = homme providentiel, car l’idée du scoutisme catho était la condition de son acceptation par la hiérarchie (sinon, on l’aurait vu comme une importation des USA et d’Angleterre). Bases d’une immense association. Scoutisme fidèle à BP : la méthode n’est pas amputée, Sevin et Michel Blanchon peuvent délivrer le même diplôme que le Gilwell Park (grade de deputy champ chief, DCC) : camp de Chamarande. Scoutisme à la fois divisé et SdF stables (croissance exceptionnelle).
  • Scoutisme et guerre. Le scoutisme se sépare de l’ambiance militaire, dès 1923 sous l’influence de BP (pacifiste).
  • Questions. Lien avec le Sillon, de Marc Sangnier : renouveau des initiatives catholiques au tournant du XX° siècle, … Conflits récurrents entre diocèses et scouts.

  1. 1923-1934 : l’âge mythique des SdF
  • Un « âge mythique » ? référence et reconstruction imaginaire, années de Sevin et Paul Coze (départs forcés en 1933 et 1934). Premiers essais fragiles, innovations (camps écoles, groupe, route, …) adoptées, reconnaissance d’utilité publique 27 avril 1927. Route : tournant en 1932 (congrès de Lyon) avec Edouard de Macédo et le Père Doncoeur.
  • Le Père Sevin et l’originalité du scoutisme catholique français. Construction d’une « spiritualité du scoutisme », évangélisme profond : traduit toutes les nouveautés de BP et les met en forme, la forme est une manifestation de ce que l’acte est dans le plan de Dieu  cérémonial de la promesse scoute (premier pas du garçon dans la réalisation de son être au sein du plan de Dieu, sainteté) : promesse = sacramentel. Scoutisme français incompréhensible pour les responsables scouts d’autres pays. Concaténation du jeu à la forme opérée par Sevin : tout fait sens, tout est révélation de l’appel de Dieu : contient les germes des futures querelles, car changer la forme ou le jeu sera ainsi changer l’être chrétien du garçon, « il ne peut y avoir d’évolution dans le scoutisme catholique français sans révolution. »
  • Un mouvement universel ? Sevin tente d’échapper à la sociologie. Quatre types sociaux : populaire (pauvres, gamins de la rue, c’est là que commence BP en 1907, même s’il a probablement mixé ses racailles avec des élites, c’est là que commence le scoutisme catholique français), grand bourgeois (ex : troupe Cornette, milieu d’élite, aisé et libéral, sa rencontre avec le scoutisme est providentielle), catholique traditionnel (registre chevaleresque, patriotique, missionnaire, restauration de l’ordre chrétien, opposé au libéralisme, FNC de Castelnau, …) et catholique-social (difficile à définir, méfiant envers les bourgeois et dérivé des cathos tradis, inspiré des théologies nouvelles, …). SdF = variés, bases en apparence instables, irréconciliables (contrairement au scoutisme de « middle class » britannique). Mais le scoutisme se construit au-delà des catégories.
  • Le départ du Père Sevin. 15 mars 1933 : quitte la direction des SdF. Personnalité trop rayonnante, envahissante (agace Guyot de Salins et Cornette), volonté d’un « ordre scout », religieux laïc ou clérical scout : holisme, idée qu’on peut être entièrement scout 24h/24 (ex : tentative de création de collèges scouts, comme la Manécanterie des petits chanteurs où ils étaient en patrouilles et venaient en uniforme en cours). Qu’est-ce qu’être scout dans sa vie ? Autres raisons : mysticisme, confusion sur la place du prêtre dans une association laïque, débat sur la nature du mouvement, conflits de personnalités, et offensive de Sevin contre Cornette en 1931. « Alors que l’histoire concrète des scouts et de leurs chefs est une histoire d’amitié et de fidélité, l’histoire des mouvements est une histoire de conflits » (car SdF fondés sur un consensus difficile, et que seules les crises jalonnent l’histoire d’une institution quelle qu’elle soit : pas de crise, pas d’histoire).  L’éviction de Sevin ne remet pas en cause le scoutisme catholique mais l’existence d’une spiritualité scoute, différente d’une spiritualité du scoutisme, débat repris par les pères Forestier et Manaranche. Le scoutisme révèle la vocation : c’est un appel. Peut-il être aussi réponse ? Sevin s’écarte avec silence et obéissance.
  • Le départ de Paul Coze. Ecarté en 1934, c’était un pionnier du scoutisme avec Cornette. Indianisme : à l’origine pour éviter le militarisme, mais risque de paganisme. Paul Coze était presque un héros, il était opposé à d’autres membres du QG. Lettre de démission (5 mai 1934) : « le scoutisme ne doit pas être une œuvre, mais un mouvement » : dénonce un scoutisme de bureau et de chapelle.
  • Une crise politique ? Edouard de Macédo (constructeur du mouvement et de la branche rouge) quitte la France en 1935, même si ce n’est pas directement à cause de son royalisme.  clivage entre les apolitiques (Sevin, Cornette) et les partisans s’un scoutisme sociopolitique, qu’ils soient sillonnistes, chrétiens-démocrates ou monarchistes. Question politique ignorée au QG (beaucoup de courants différents y sont) : interdite en 1925 (les SdF membres de l’Action Française ne sont pas embêtés, malgré la dénonciation qu’opère le père Dieuzyade en 1926). Figure du chef = anti-démocratique. Contraste : SdF = tantôt apparaissent comme soucieux d’ordre et d’autorité, tantôt libéraux. Retrait du père Doncoeur : aurait voulu un scoutisme intégré à une dimension totale (idéaliste), mais on lui préfère l’abbé Joly. 1936 : mort de Cornette et Guyot de Salins : nouvel âge, aussi court que brillant, 1935-1940.
  • Questions : fraternité ? prise en charge du milieu populaire par les catholiques sociaux (plus naturellement portés à écrire) ?
  1. 1935-1940, premier âge classique des SdF

Nouvelle génération : père Forestier, commissaires fondateurs (Blanchon, Gérin, Desluc, Dary…). Forestier succède à Cornette comme aumônier, devient CNR en 1925, relance le Scout de France avec Coze en 1926, est proche de Doncoeur. La pédagogie est plus confiée aux chefs qu’à l’ENE, les routiers connaissent une phase d’expérimentation. Soutien de l’épiscopat, de personnalités médiatiques, politiques, de militaires… Même si une circulaire de 1937 interdit l’accès des lycées aux autres scouts que les EdF, la presse est favorable.

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