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Etre femme communiste dans l'entre-deux-guerres en France

Dissertation : Etre femme communiste dans l'entre-deux-guerres en France. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Décembre 2017  •  Dissertation  •  4 389 Mots (18 Pages)  •  771 Vues

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Etre femme communiste en France dans l’entre-deux-guerres

Introduction :

   L’on peut supposer que tout individu prend la décision de s’investir dans un parti politique et de chercher un espace où exprimer sa parole, à partir du moment où il fait le constat d’une inadéquation entre son rôle social et les mesures politiques prises dans la société à laquelle il appartient et les attentes qu’il projette en cette société.  

   Ainsi, en France, à la sortie de la 1ère GM, les divers partis politiques, proposant chacun une idéologie différente dans laquelle ils placent l’espoir de résoudre la situation économique et politique très fragile du pays, croissent et investissent de manière plus active l’espace public. La multiplication des tracts de rue, des affiches, des réunions formelles et informelles, ainsi que des partis politiques dits « extrémistes », tels que la Section Française de l’Internationale Communiste, créée au lendemain du Congrès de Tours en décembre 1920 et consacrant la scission de la Section Française de l’Internationale Ouvrière, démontrent un désir de modifier le système politique français, celui-là même qui voit sa démographie décroître et son économie s’ébranler. Yannick Ripa parle ainsi de « saignée démographique de la Grande Guerre », la France voyant un excédent des décès sur les naissances en 1919, 1929 et de 1935 à 1939.

   Néanmoins, le paysage politique et économique français n’est pas le seul à se modifier à la sortie de la Grande Guerre. Les rapports sociaux entre hommes et femmes sont ébranlés. En effet, les femmes, lors de la 1ère GM, investissent de plus en plus et par nécessité de participation à l’effort de guerre, des catégories socio-professionnelles qui ne leur étaient pas auparavant accessibles. La classe ouvrière et tertiaire se féminise, l’espace socio-professionnel des femmes en France leur permettant aussi d’alimenter un lien social différent et d’investir l’espace public par la création de syndicats ou l’adhésion croissante à des partis politiques.  Ainsi, les femmes syndiquées passent du nombre de 39 000 en 1900 à 239 000 en 1920.

   Cependant, dans un contexte de politique nataliste propagé par l’Etat français, un Conseil supérieur de la natalité étant créé en 1920 et une loi condamnant l’avortement mise en vigueur la même année, les femmes voient leur rôle social se modifier et la question de leurs droits politiques et sociaux s’immiscer dans l’espace public et médiatique, notamment par rapport au droit de vote ou au droit à l’avortement.

   Dans ce contexte, certaines femmes font le choix d’adhérer et/ou de militer dans les partis politiques communistes, y projetant alors leur espoir d’acquérir un espace plus important pour leur parole politique et leurs revendications sociales. L’idéologie communiste, telle qu’elle est en partie théorisée par Friedrich Engels dans L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’état, publié en 1884, propose une analogie entre les rapports de domination entre le bourgeois et le prolétaire et l’homme et la femme au sein du foyer domestique. L’idéologie communiste, telle qu’elle est communiquée à ces débuts dans les années vingt en France, propose donc de remettre en question les rôles sociaux traditionnels de la femme. Les partis communistes se féminisent aussi partiellement, illustrant une volonté des femmes en France de donner voix à leur revendication, mais un lien parallèle se créé aussi de plus en plus en communisme féminin et féminisme. Ainsi, les figures majeures du communisme féminin, telles que Madeleine Pelletier, Marthe Bigot et Hélène Brion, se sont aussi souvent investies dans des luttes féministes qualifiées de « radicales », ce féminisme étant finalement la cause de leur prise de distance avec le Parti Communiste, lorsque celui-ci, vers les années 30, propage une image à nouveau traditionnelle de la fonction sociale de la femme.

   Cependant, à la veille de la 2nde guerre mondiale, les rôles sociaux traditionnellement attribués à l’homme et à la femme, tels que propagés par des tracts et une propagande médiatique supervisée par l’Etat français, n’ont pas évolué, malgré l’investissement professionnel et politique de plus en plus important de ces femmes à la fois féministes et communistes. Ainsi, selon Françoise Thébaud, auteure d’un article sur les femmes françaises dans l’entre-deux-guerres, cette période voit même plutôt une confirmation de ces rôles sociaux traditionnels, les femmes étant sans cesse rappelées, par les médias, l’Etat et les partis communistes pourtant au début investis par les féministes radicales, à leur rôle conçu comme classique, de mère, de ménagère et de gérante du foyer domestique.

   Nous pouvons alors nous interroger,  en quoi le rôle joué par le communisme féminin et le Parti communiste français peut-il expliquer les difficultés rencontrées par les femmes à modifier en profondeur leur statut social et politique dans la France de l’entre-deux-guerres ? en quoi le rôle des femmes communistes et des partis communistes en France de l’entre-deux-guerres peut-il expliquer le faible changement du rôle social de la femme au sein de l’espace public et politique français à cette période, malgré le soutien préliminaire des partis communistes à une politique d’égalité en droit entre homme et femme ?

   Ainsi, dans un premier temps, nous allons nous demander quel rôle les différents partis communistes français ont joué dans la modification du statut social et politique des femmes dans l’entre-deux-guerres. Ensuite, dans un second temps, nous allons nous interroger sur les possibilités en termes de médiatisation et de parole politique des trois grandes figures du communisme féminin : Hélène Le Brion, Madeleine Pelletier et Marthe Bigot, dans l’espace public et politique français dans l’entre-deux-guerres. Nous verrons aussi, à la lumière de deux extraits d’archive, comment un lien inextricable entre communisme féminin et féministe se dessine à cette période. Enfin, dans un dernier temps, nous allons évaluer les divers facteurs pouvant expliquer l’échec des luttes à la fois communistes et féministes des principales femmes communistes françaises.

 

   Ainsi, dans un premier temps, nous allons voir quel rôle ont joué les principaux partis communistes français dans la modification ou au contraire, dans la confirmation du rôle social traditionnellement associé aux femmes.

   Au début, par l’identification des rapports de domination entre le capital et le prolétariat à ceux entre l’homme et la femme au sein du foyer domestique, les partis communistes soviétiques et français soutiennent l’activité politique et professionnelle des femmes au sein de l’espace public et politique. La façon dont les rapports de force s’organisent au sein du foyer domestique sont perçues comme le miroir de ceux exercés entre le patron et le prolétaire.

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