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LA BARRICADE : 1830 - 1848

Dissertation : LA BARRICADE : 1830 - 1848. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Septembre 2016  •  Dissertation  •  5 536 Mots (23 Pages)  •  1 229 Vues

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        Chateaubriand, dans Mémoires d’outre-tombe, dit « les barricades sont des retranchements qui appartiennent au génie parisien : on les retrouve dans tous les troubles, depuis Charles V jusqu’à nos jours ». Ce terme de barricade est définit comme un « retranchement improvisé avec des objets ou des matériaux divers, pour interdire l’accès d’un lieu ou pour se mettre à couvert de l’adversaire dans un combat de l’adversaire dans un combat de rues ». Il s’agit donc d’une forme de contestation, d’un moyen voilent d’expression, dont la rue est le théâtre.

        La barricade est apparue en France pour la première fois au XVIe et si elle à déjà été utilisée au cours de notre histoire, comme durant la Fronde, cette forme est absente sous la révolution française, alors qu’elle apparaît durant notre période comme un objet révolutionnaire. En effet, elle réapparait pour la première fois après une longue absence en 1827, après la loi limitant la liberté de la presse sous le gouvernement Villèle. Cependant, ce fut une expérience brève et limitée à Paris, dont les causes n’étaient pas révolutionnaires. L’événement fait suite, en effet, à une manifestation de joie après la victoire de l’opposition libérale aux élections à la chambre des députés. Il ne s’agit alors pas encore un objet révolutionnaire mais l’événement marque bien le retour de la barricade à Paris.

        Dans cette étude de la barricade nous nous fixerons comme bornes chronologiques 1830 et 1848, qui marquent l’apogée de ce moyen insurrectionnel. En effet l’année 1830 est marquée par l’événement des 3 Glorieuses, ayant lieu le 27, 28, 29 juillet et qui amène à la destitution de Charles X. Paris est alors couverte de barricades pour traduire le mécontentement de la population vis-à-vis des ordonnances passées par Charles X. On agite alors au couronnement d’un nouveau monarque, Louis-Philippe, porté notamment par la bourgeoisie, et non de l’apparition de la république que voulait les classes populaires. En Europe, cette année marque la fin de la crise grecque aboutissant sur l’indépendance du pays. L’année 1848  est également porteuse d’un climat révolutionnaire en France mais également en Europe. Le  « Printemps des Peuples » illustre la diffusion de la révolution de février parisienne dans beaucoup de pays européens, et donc diffusion du modèle de la barricade.

        A chaque fois la barricade a été utilisée à des moments de très fortes tensions, comme un moyen de dernier recours pour le peuple de faire entendre ses revendications. Cependant, en entrant dans ce mouvement, les acteurs sortent de la légalité, entrainant parfois de très fortes répressions par le régime. La barricade, tout au long de cette période a été marquée, et parfois détournée par l’image que renvoie le romantisme, elle apparaît comme un symbole d’union et de fraternité des peuples dans toute l’Europe.

        Nous devons nous pencher, afin de mieux cerner les enjeux du sujet sur l’essence même de cette forme d’insurrection, sur la population concernée, les causes de leur apparition aux différentes périodes et lieux. La question des fins recherchées par l’utilisation de moyen est également à questionner, exprime-t-il des revendications, des contestations? et ainsi comment cette forme évolue-t-elle? Nous devons alors nous interroger sur les moyens de diffusion de ce modèle, très rapide, alors que beaucoup de pays européens n’y avait jamais recouru jusqu’alors.

        Alors que la barricade, objet révolutionnaire, parait être le dernier moyen pour les populations françaises et européennes, d’exprimer leurs revendications de manière universelle et fraternelle entre 1830 et 1848, nous nous demanderons si cette forme n’est-elle pas en réalité révélatrice de divisions qui limitent son succès ?

        Nous étudierons dans un premier temps ce qui caractérise la barricade entre 1830 et 1848, que ce soit dans la forme ou dans les acteurs. Puis nous verrons en quoi la société du XIXè siècle en Europe rend cette forme d’insurrection, le moyen unique et le symbole de la révolution populaire. Et enfin, dans une troisième partie nous traiterons des limites de la barricade, limites de la forme même, mais également limite de ce qu’elle symbolise.

        Tout d’abord la Barricade apparaît comme un moyen d’expression et d’action d’un mouvement qui est  à la fois spontané, ponctuel, urbain et hétérogène. Cette spontanéité du développement de la barricade comme moyen d’insurrection se traduit avant tout dans sa construction et dans son cadre de développement urbain. L’hétérogénéité de ce mode d’expression se traduit quant à lui dans sa composition.

        L’édification des barricades à Paris prend le plus souvent place en une nuit. Il s’agit d’un mouvement qui s’organise dans l’usage d’une situation, et cela se traduit dans la forme que prennent ces barricades. En effet, lors de l’élévation des barricades, les insurgés utilisent divers matériaux pour les construire. Il s’agit d’éléments présents soit directement dans la ville, soit des objets utilisés quotidiennement, en somme tout ce qui  peut être utilisé pour construire ces sortes de barrages, l’est. Ainsi les utilisation de pavées, de charrettes, ou encore de tonneaux sont très fréquentes. Ce sont bien des objets, des matériaux trouvé sur place, dans les rues, qui traduisent donc de la hâte de construire avec toutes les ressources disponibles le plus facilement. Leurs compositions varient selon les lieux où elles sont construites, nous pouvons par exemple voir qu’en 1848 les barricades sont construites avec des plus grands pavés que ceux de 1830, les barricades peuvent être aussi plus ou moins chargées, plus ou moins hautes, en fonction de l’utilisation. Néanmoins, la solidité est toujours le but recherché de la construction. Malgré leurs compositions parfois différentes, leur construction « à la va-vite », l’intérêt de ces édifices est avant tout de pouvoir résister aux attaques des projectiles de la police qui répriment les insurgés. De plus, on peut à partir de là distinguer deux autres types de barricades supplémentaires. Il y a premièrement la demi-barricade, derrière laquelle le peuple peut se retrancher, se cacher mais qui est insuffisante pour la protection des insurgés qui affrontent réellement les soldats. Le second types est la barricade à l’envers où l’on peut attaquer les soldats depuis les immeubles par exemple, mais il faut noter que cette sorte de barricade n’est pas présente en 1848. Bien qu’elles soient construites toujours rapidement, les barricades supposent cependant un savoir faire méthodique pour garantir une certaine efficacité. En 1830 par exemple, la barricade est plutôt désorganisée, les insurgés vont même piller les armureries afin d’obtenir des armes, tandis qu’en 1848, on voit apparaitre un savoir, une organisation, un encadrement notamment par des étudiants ou  professeurs, chefs de barricade tels que Auguste Blanqi, Victor Schoelcher ou encore Jules Bastide, ce qui permet une construction d’autant plus rapide et efficace. Par exemple, lors des barricades de Juin 1848, dans la rue Saint-Jacques à Paris on peut dénombrer 38 barricades tous les 20 mètres. Ce développement par des « professeurs de la barricade » illustre aussi le plus grand encadrement en 1848 qu’en 1830, ainsi la barricade se renforce, se perfectionne. En Europe, la barricade est un peu plus désorganisée qu’à Paris, où l’expérience apporte perfectionnement. A Prague en 1848 par exemple, les insurgés utilisent des armes improvisées, comme des barres de fer, il y a moins de moyens, moins d’organisation qu’en France. Enfin, ce qui permet également la spontanéité, cette rapidité de la formation de la barricade en 1830 et 1848 qui a souvent lieu durant, est le rôle du voisinage. En effet les barricades prennent le plus souvent place dans des rues étroites, ce qui suppose la complicité des voisins pour pouvoir tirer depuis les fenêtres par exemple, mais aussi demander du matériel comme des chaises, des matelas. Cette solidarité de proximité permet alors d’augmenter l’efficacité du mouvement. Ainsi sans forcément combattre, chacun soutient le mouvement.

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