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Les trentes glorieuses ou plutôt les trentes ravageuses.

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Par   •  22 Mars 2018  •  Dissertation  •  2 277 Mots (10 Pages)  •  690 Vues

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En 1975, l'économie française connaît sa première année de récession depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec un PIB inférieur de 1 % à celui de l'année précédente ainsi la crise débute. Et dès 1979, l'économiste Jean Fourastié, très connu pour ses chroniques télévisées, propose dès l'intitulé d'un livre : les Trente Glorieuses, une expression qui connaît un succès fulgurant pour désigner la longue période d'expansion économique entamée après la Seconde Guerre mondiale en 1945 et brutalement conclue en 1975. Cette expression est inspirée des trois glorieuses de 1830, durant lesquelles le peuple parisien contraint le roi Charles X, frère de Louis XVI et symbole de la restauration monarchique, à l'abdication. Les Trente Glorieuses désignent la période de forte croissance économique et d'amélioration des conditions de vie qu’a connue la grande majorité des pays développés, membres pour la plupart de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), entre 1945 et 1973. Les Trente Glorieuses sont une révolution, certes silencieuse, mais porteuse en réalité de changements économiques et sociaux majeurs, qui ont marqué le passage de l'Europe, à la société de consommation (le terme apparaît sous la plume de Jean-Marie Domenach dans Esprit en 1954).  La période des 30 glorieuses fait suite à une période de six ans de conflits mondiaux et donc de destruction de l'industrie, de l'appareil productif agricole et donc plus généralement des pays. A ce moment la priorité est donc dans la reconstruction on voit alors apparaître des nationalisations d'entreprises, une modernisation dans l'économie. Cette période est synonyme d'une forte croissance économique, d'une période de plein emploi, de nombreuses innovations dans les domaines du nucléaire, de l'informatique... Mais qu'y a-t-il donc de glorieux à voir le PIB progresser en moyenne de 5 % par an ? On connaît la gloire des armes et Fourastié invente la gloire de l'économie. Son expression est presque aussitôt reprise par les manuels scolaires. Elle apparaît à l'occasion d'une réforme des programmes d'histoire en 1983, qui la voient s'étendre jusqu'à l'époque contemporaine, puis acquiert des majuscules au début des années 2000. Quand on interroge un collégien ou un lycéen, il nous récitera que « la période des Trente Glorieuses marque sans doute l'apogée des sociétés industrielles ». Le succès spectaculaire de l'expression s'explique en partie par son caractère de « slogan publicitaire ». Le monde universitaire s'en est lui aussi saisi, pas moins de 23 thèses de doctorat, soutenues ou en préparation, y recourent dans leur titre. Et les politiques ne cessent de s'y référer, que ce soit « pour se souvenir des Trente Glorieuses [comme] ce miracle d'un idéal républicain en prise avec les réalités de son temps » cité par Nicolas Sarkozy devant le Parlement, le 22 juin 2009 ou pour inviter à en finir avec « une gauche passéiste […] hantée par le souvenir des Trente Glorieuses » cité par Manuel Valls dans Le Figaro, 22 octobre 2014. Cette diffusion de la société de consommation  ne concerne pas que la France. Après guerre, l'Allemagne eut son Wirtschaftswunder , l'Italie son miracolo economico, avec des taux de croissance économique légèrement inférieurs à ceux de la France. En revanche, si l'on s'en tient à la perception des contemporains, « ce n'est que vers 1962 que la majorité devient optimiste »Certains spécialistes perçoivent les Trente Glorieuses sous un autre angle. En effet, cette période serait synonyme d'inégalités, de changements sociaux importants et de détérioration de l'environnement et de la santé. Ainsi, nous nous demanderont dans quelles mesures cette période ne serait-elle pas si glorieuse ? Nous verrons dans une première partie la remise en cause du bonheur au début des trente glorieuses, nous étudieront ensuite les trente Ravageuses et enfin nous analyserons le babyboom lors des trente glorieuses.

1) Des millieux aquatiques victimes de la « croissance »

En effet, début juillet 1971, la seconde chaîne de télévision française lance une nouvelle émission, La France défigurée, consacrée à dénoncer la dégradation de l'environnement : pollution de l'air, enlaidissement des paysages, urbanisme sauvage, accumulation de déchets, asphyxie des cours d'eau… L'émission, prévue pour ne durer qu'un été, fait un tabac. Elle est reconduite jusqu'en 1977, et immortalisée dans une chanson de Jacques Dutronc. La Seine, sur le bassin duquel vit le cinquième de la population française, en offre l'exemple le plus frappant : dès août 1949, la baignade est interdite en aval du pont de Tolbiac pour raisons sanitaires. Les pêcheurs commencent à s'alarmer de la raréfaction de leurs prises. Au concours fédéral départemental organisé à Melun en juin 1964, les 320 participants ne ramènent en tout et pour tout que deux kilos de poisson ! Les bancs de poissons morts flottant à chaque épisode de chaleur deviennent spectacle courant. En 1963, le Congrès d'hygiène recommande de ne plus parler « d'eau potable » mais « d'eau de canalisation publique » pour désigner ce qui coule du robinet, tant y sont innombrables les pollutions chimiques et microbiennes. Une anecdote frappe les esprits : pour préparer le premier vaccin contre la poliomyélite, Pierre Lépine, de l'institut Pasteur, a utilisé une souche de virus isolée de l'eau distribuée par la ville de Paris. Problème sanitaire, la pollution des eaux est aussi un problème environnemental. L'essor de l'industrialisation autant que la croissance de l'agglomération de Paris en sont responsables. Jusqu'en 1976, la seule station d'épuration d'Achères (Yvelines), inaugurée en 1940, est supposée traiter les eaux usées d'une agglomération qui a entre temps vu son nombre d'habitants tripler… et les rejets augmenter d'autant. Quant aux usines, qui se sont multipliées en aval de Paris, notamment autour de Rouen ou le long de l'Oise, elles rejettent le plus souvent leurs effluents sans aucun traitement. Résultat : au début des années 1970, la Seine (mais aussi le Rhin, la Loire et le Rhône, un peu moins atteints du fait de leurs débits plus importants qui diluent les pollutions) peut être tenue pour un fleuve mort. Le taux d'oxygène, indispensable à la vie, est quasiment nul en aval de Paris, des montagnes de mousse (liées aux phosphates contenus dans les lessives) s'accumulent aux écluses, et les taux de pollution bactérienne du littoral normand font, rétrospectivement, froid dans le dos. On trouvait, en 1968, 420 000 Escherichia coli, une bactérie indicatrice d'une contamination fécale potentiellement pathogène, pour 100 ml d'eau de mer au Havre alors que la norme européenne actuelle interdit la baignade au-delà de 500 bactéries par 100 ml. à l’orée de ces trois decennies de reconstruction puis de croissance, l’équipement d’épuration de la france en stations reste encore rudimentaire et lacunaire. Sur la moselle, Romain Garcier a reconstitué des flux de pollution organique d’origine urbaine et industrielles qui passent de 2,6 millions d’équivalent habitants en 1945 à 3,8 millions en 1970. En 1964 une loi sur l’eau est mise en place afin de mettre fin a la pollution des eaux.

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